Homélie - 22ème dimanche — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - 22ème dimanche

Par Père Claude

Homélie pour le 22ème dimanche
du temps ordinaire - Année B

Dt 4, 1...6 - Jc 1, 17...27 - Mc 7, 1...23

L'évangile du jour nous présente un fait pris sur le vif. Pendant que le Seigneur multiplie les guérisons ses disciples prennent leur repas sans se laver les mains, comme le prescrit la tradition des Anciens. Cette infraction n'échappe pas aux scribes et aux pharisiens, car chez eux les rubriques et les prescriptions rituelles ont pris une grande place et même toute la place. Mais la réponse que leur fait le Seigneur est aussi vive que leur démarche, car pour lui, la vraie pureté, c'est la pureté du cœur, non pas du coeur au sens de simple sentiment, mais au sens de la sincérité profonde.
Jésus les renvoie au texte cinglant du prophète Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ».
Et voici bien le mal, le vrai mal : au lieu d’entrer dans le projet de Dieu, dans son grand dessein de salut, les scribes ont édifié un légalisme qui est vide d’amour. Dieu ne veut pas que l’homme l’honore à travers des prescriptions superficielles, mais que son cœur soit près de lui, un cœur unifié et pur.
Les pharisiens n’ouvrent pas le peuple à la mission universelle que Dieu lui a confié. Cette fermeture est lourde à porter pour le Seigneur. Déjà, en une autre occasion, lorsque les Apôtres pour calmer leur faim avaient froissé quelques épis en bordure du chemin, il avait affirmé la primauté de la faim sur l’interdit. En une phrase tranchante, il indique où se trouve la vérité : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et pénètre en lui ne peut le rendre impure, mais ce qui sort du cœur de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur ». Oui, le christianisme est vraiment la religion du cœur. Ce qui émane d’un cœur pur est pur, même si les apparences sont misérables.
Un morceau de pain donné par des mains rugueuses d’un homme humble et bon est ennobli. Au contraire, un pain qui passe par les mains parfumées d’un homme égoïste et refermé sur lui est avili.
Nous avons cet immense et redoutable pouvoir de grandir ou d’abaisser ce qui passe par nos mains, par notre esprit, par notre cœur. C’est un lieu commun de dire que la science, la technique produit le meilleur ou le pire, selon la manière dont l’homme l’utilise et selon les buts qu’il choisit. C’est par des décisions sorties du cœur de l’homme que la science construit des merveilles ou provoque des désastres.
L’évangile de ce dimanche nous ramène à l’intériorité qui est le seul lieu où l’homme peut se construire en vérité, le lieu de son cœur.
Il me semble qu’aujourd’hui plus que jamais, nos avons besoin de l’éclairage de cette page d’évangile car Dieu peut-il nous demander quelque chose de meilleur que de tourner notre cœur vers lui et de l’ouvrir à son projet d’amour et de salut universel ?