Homélie - 23ème dimanche — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - 23ème dimanche

Fr. Antoine

23ème dimanche du temps ordinaire - B
Is 35, 4-7 - Jc 2, 1-5 - Mc 7, 31-37

Jésus guérit un sourd-bègue


« Parlez-nous de l'amour de Dieu ! » ou « Pourquoi croyiez-vous que Jésus est Dieu ? » Que répondrions-nous ? Généralement, nous ne savons pas bien répondre. L'évangile de ce jour nous dit que pour guérir ce genre d'aphasie ou de bégaiement, il faut soigner les oreilles. C'est ce que fait Jésus avec le sourd bègue.

      1) Le miracle : Tout miracle est une sorte de parabole en acte. Ils n'ont pas été écrits seulement pour nous étonner mais bien plus pour nous faire signe. C'est au moins l'avis de St Jean qui n'emploie jamais le mot « miracle » mais toujours « signe ». Ces « signes » nous parlent aujourd'hui encore de nous, individuellement ou collectivement, et bien sûr de Jésus.
      Ils nous parlent de nous. Et le miracle d'aujourd'hui nous dit deux choses, au moins, sur nous-mêmes :
a) nous avons tous besoin d'être guéris (Cf. le péché originel) ;
b) que Jésus nous guérit avec notre participation.
      Chaque fois que nous allons communier , nous disons : "Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri !» Nous avons besoin d'être guéris de notre surdité naturelle très gênante pour la communication. Nous naissons renfermés sur nous-mêmes . Toute éducation consiste à apprendre à s'ouvrir aux autres, à entrer en relation. Cela commence par le langage. On apprend à parler parce qu'on nous parle. Il faut du temps. C'est vrai individuellement et collectivement (ex. Le Concile a appris aux catholiques à écouter « les autres »).
      L'évangile de ce jour nous dit donc que nous sommes handicapés, sourds, Jésus est Celui qui vient nous guérir. Ainsi pour répondre à Jean Baptiste, Marc utilise le passage d'Isaïe lu en première lecture : « Les sourds entendent..."

      2) « Effata »= Ouvre-toi !. Non pas : «Je te rends l'ouïe ou la parole» mais «Ouvre-toi !» C'est un acte de confiance et un appel à la confiance (Cf. « Ta foi t'a guéri ! ») "ll y a en toi une immense force" dit Grégoire de Nysse. Cette force c'est l'Esprit, parcelle divine en nous. Nous ne sommes pas des huitres ! Il y a à la fois une immense force intérieure en chacun de nous et le besoin d'une sollicitation extérieure d'un appel de Jésus, le Verbe de Dieu c'est-à-dire la Parole de Dieu qui doit être proclamée et entendue (Origène). Jésus désire que sa parole transforme nos vies et nous ouvre à notre propre identité, aux autres, à l'échange trinitaire.

      Dans ce passage de l'évangile il y a au moins six notations où Jésus met en oeuvre son corps : «Il s'éloigne... il met les doigts dans les oreilles... il crache... il touche la langue... il lève les yeux au ciel... il soupire... » Cela fait penser qu'aujourd'hui Jésus touche notre corps par les sacrements qui sont toujours des gestes accompagnés de paroles (Cf. le baptême et le rite de l'effata). Saint Ambroise en parle déjà comme « mysterium apertionis » (De myst. C.1 a 3) c'est-à-dire un mystère d'ouverture, une sortie de soi VERS Dieu, vers les autres.
De même l'eucharistie, le pain qui nous est donné pour la communion est un pain «béni, rompu, partagé» de sorte qu'en avalant le Corps du Seigneur, nous avalons aussi tous nos frères et sœurs, mêmes ceux qui sont difficile à digérer ! Le Corps du Seigneur, c'est le Corps ecclésial du Ressuscité. ! Il n'y a pas d'eucharistie individualiste, il faut s'ouvrir !

Notre vie nous est donnée pour apprendre à aimer i.e. pour apprendre à nous ouvrir et à entrer en relation avec nous-mêmes, avec les autres, avec Dieu.
"C'est sur l'amour que nous serons jugés." (Saint Jean de la Croix)