Homélie - 19ème TO — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - 19ème TO

Par Père Jean
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Homélie pour le 19ème dimanche ordinaire - C


Sg 18, 6-9 - He 11, 1-2, 8-19 - Luc 12, 32-48

Introduction : A travers les siècles, le Peuple de Dieu a fait peu à peu l’expérience de la présence de Dieu dans sa vie et dans son histoire. Depuis Abraham Dieu se révèle comme Celui-là seul qui, par sa fidélité à son Alliance, peut donner la véritable Paix au sein même des difficultés de la vie. Confions-nous à sa miséricorde.

Homélie :

            Dans l’évangile de Dimanche dernier, Jésus nous a rapporté l’histoire de cet homme qui avait voulu organiser la sécurité de sa vie dans une accumulation de biens matériels. Cet homme était fou, nous dit Jésus, car la nuit même il quittait cette vie terrestre ! Sans emporter aucune de ses richesses.

            Aujourd’hui, Jésus nous appelle à une attitude plus fondamentale. Il nous invite à mettre notre Foi en Celui-là seul qui peut donner la sécurité Véritable : le Père. Souvenons nous des premiers mots de l’évangile de ce jour ?

            « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (c’est-à-dire nous donner la possibilité d’entrer dans l’intimité de son Amour).

            Le « Sois sans crainte » s’enracine dans la foi en ce Dieu qui veut nous communiquer sa Vie, et cela d’une façon totalement gratuite. Cette Foi qui nous fait posséder dès maintenant ce que nous espérons Ainsi nous espérons être enveloppés par cette Paix, par cet Amour dont Dieu nous aime, et notre foi nous fait accueillir ce don de Dieu, dès maintenant, comme la deuxième lecture de ce jour nous l’a rappelé.

            Le « petit troupeau »  est une image familière que les prophètes ont utilisée pour désigner le Peuple de Dieu. En la reprenant  Jésus ne nous invite pas à avoir la passivité d’un troupeau  bêlant, mais il souligne l’attention, l’affection de Dieu pour son Peuple, comme un bon berger  prend soin de ses brebis.

            Ces paroles, Jésus les adresse au petit groupe des disciples qui le suivent sur le chemin de Jérusalem. Leur sécurité matérielle est loin d’être assurée, l’hostilité croissante des scribes et des pharisiens à l’égard de Jésus confirme ce qu’il leur avait annoncé plusieurs fois :  « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes » (Luc 9, 44). Mais les disciples n’avaient pas compris ces paroles de Jésus, parce qu’elles ne correspondaient pas du tout à ce qu’ils imaginaient. Aussi Jésus les appelle-t-ils à grandir dans la Foi, pour qu’ils soient capables d’accueillir son message de mort et de résurrection.  Aujourd’hui, par les deux premières lectures de ce dimanche, l’Église nous invite, nous aussi, à progresser dans la Foi en nous appuyant sur l’expérience du Peuple de Dieu.

« Grâce à la Foi Abraham obéit à l’appel de Dieu…
Grâce à la Foi il vient séjourner dans la Terre Promise
Grâce à la Foi Sara, malgré son âge, met au monde l’enfant de la Promesse ».

            A leur suite, le Peuple de Dieu va persévérer dans la Foi jusqu’au temps de la libération d’Egypte. La Foi en la Promesse les a gardés dans l’Espérance. C’est sur ce chemin que la Parole de Dieu nous appelle aujourd’hui.

            La tiédeur de notre Foi ne vient-elle pas de ce que nous voulons avoir tout «  tout de suite » ? Nous oublions que, seul, le temps de l’Attente fait mûrir notre Foi pour nous rendre capable d’accueillir le don de Dieu. Jésus vient de nous inviter à cette vigilance dans l’attente :  « Restez en tenue de service, soyez comme des gens qui attendent leur maître ». Mais cela s’accompagne d’un certain dépouillement de tout ce que nous pensions indispensable et qui en fait était accessoire dans nos vies.  « Vendez ce que vous avez, donnez-le en aumône. Faîtes-vous un trésor impérissable dans les Cieux », c’est-à-dire dans le cœur de Dieu qui nous précède dans les pauvres de notre monde.

            Ainsi par sa Parole Jésus nous appelle à chercher ce qui est à la racine de nos choix et de nos actes : « Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ». Le véritable Trésor qui ne déçoit jamais  n’est-il pas dans cet Amour de Celui qui est toujours fidèle ? Où en sommes-nous de notre attachement à Jésus-Christ ? Et de notre foi en son Amour ?

            Devant les exigences de l’attente et devant l’appel au dépouillement libérateur, nous rencontrons la tentation du  « Oui, mais... » raisonneur qui nous interpelle :
       - N’est-il pas déraisonnable cet Abraham qui partit sur une Parole, sans savoir où cela le conduirait ?
       - N’est-il pas déraisonnable ce Dieu qui a envoyé son Fils pour nous dire son Amour au risque de le voir crucifier par nous ?

            Mais pourtant c’estcCe Dieu qui nous redit aujourd’hui : « Soyez sans crainte » et « Tenez-vous prêts car c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra ».

            Oui, où en sommes-nous de notre attachement à Jésus Christ ?