Homélie - Carême 4 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - Carême 4

Par Frère Jean
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Homélie
pour le 4ème dimanche de carême

Guérison de l'Aveugle-né - Jean 9

Tout baptême est un don de Dieu à chaque nouveau baptisé, mais il est également un don de Dieu et un appel à progresser dans la Foi pour tous les chrétiens de cette communauté qui l'accueille. Ils deviennent en effet responsables de la persévérance dans la Foi de ce nouveau membre de l'Église, Corps du Christ.

Après l'évangile de « la soif de Dieu » de dimanche dernier (Jésus et la Samaritaine) l'évangile d'aujourd'hui nous dévoile le chemin d'un homme, illuminé par la Foi en Jésus Christ Lumière des hommes.

Contrairement à la mentalité environnante et à ce que pensent les disciples, le fait que cet homme soit né aveugle, cela n'est dû, ni à son péché ni à celui de ses parents, mais dit Jésus : « L'action de Dieu devait se manifester en lui ». Par la guérison de cet homme, Jésus accomplit en lui l'oeuvre créatrice du Père. C'est aussi, en forme de parabole en acte, le récit du chemin suivi par un incroyant dans sa recherche de la lumière de la Foi ; il atteint ainsi la pleine stature de fils de Dieu à l'image et ressemblance du Christ. En faisant un peu de boue pour l'appliquer sur les yeux de l'aveugle Jésus rappelle le récit de la création, selon l'Écriture. Jésus est «l'Envoyé» du Père qui vient achever la Création.


Par les réflexions et les questions des gens qu'il rencontre l'homme, né aveugle et guéri par Jésus, est conduit à grandir dans sa Foi et à en témoigner. D'abord devant ses voisins : il est bien celui qu'ils connaissent « qui se tenait là pour mendier» et à leurs questions il répond : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a frotté les yeux » et comme Jésus lui avait dit, il s'est lavé à la piscine de Siloé, et il voit, mais il ne peut rien dire de plus sur Jésus.

L'homme est alors conduit devant les pharisiens qui lui demandent : «Comment se fait-il que tu voies ? » L'homme se contente de répéter les choses comme elles se sont passées et « maintenant je vois ». Or c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. Ses interlocuteurs pharisiens se trouvent divisés entre eux : les uns, dans une interprétation étroite de la Loi, estiment que Jésus a fait un travail le jour du sabbat en faisant cette boue et ils en déduisent que Jésus ne vient pas de Dieu ; les autres répliquent : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir un tel signe ? »

 Alors ils s'adressent de nouveau à l'homme : « Et toi que dis-tu de lui ? » Cela amène l'homme à prendre conscience de l'importance de ce signe de Dieu qu'il a reçu, cela le conduit à découvrir et à dire que ce Jésus qui l'a guéri est « un prophète» et donc en lien avec Dieu.

Les pharisiens, divisés entre eux devant ce signe, interrogent les parents de l'homme. Mais ceux-ci, par peur des responsables religieux du peuple, confirment simplement qu'il est bien leur fils et qu'il était né aveugle. Ils ne veulent pas se compromettre. L'homme se retrouve seul devant l'incroyance des pharisiens et cela le provoque à discerner encore mieux la valeur du signe qu'il a reçu de Dieu par cette guérison et il acquiert une certaine assurance.

Les pharisiens lui demandent : « D'où vient-il ? » à propos de Jésus, et l'homme alors leur répond : « Voilà bien ce qui est étonnant, vous, vous ne savez pas d'où il est et pourtant il m'a ouvert les yeux ! » et à ces hommes qui croient tout savoir, il ajoute : « Comme chacun sait, Dieu n'exauce pas les pécheurs, mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce. Jamais encore on n'avait entendu dire qu'un homme ait ouvert les yeux d'un aveugle de naissance. Si cet homme là ne venait pas de Dieu il ne pourrait rien faire ».
          Les pharisiens ne s'y trompent pas, c'est une véritable leçon que l'homme animé par la Foi, vient de leur donner. Emmurés dans leur suffisance, les pharisiens, non seulement refusent de croire, mais ils l'injurient et le jettent dehors. L'homme, par sa persévérance quoi qu'il en coûte, illustre cette parole de Jésus en saint Jean (Jn 3, 21) : « Celui qui fait la Vérité vient à la lumière ». Et c'est à cet homme qui vient d'être rejeté et expulsé à cause de sa Foi, que Jésus lui-même se présente et lui demande
- « Crois-tu au Fils de l'homme ? »
- « Et qui est-il Seigneur, pour que je croie en lui ? »
-  Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle ».
- « Je crois Seigneur ! » et il se prosterne devant Jésus.

En ce temps de carême nous nous préparons à renouveler nos promesses baptismales dans la nuit de Pâques. Les nouveaux baptisés, adultes et jeunes en âge scolaire, vont-ils être pour nous et nos communautés des signes de Dieu ? Des signes qui nous appellent à faire un pas de plus dans la Foi en Jésus Christ lumière des Hommes ?