Homélie - Carême 2 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - Carême 2

Par Frère Marco
crucifix
2ème dimanche de carême
La transfiguration


Le sacrifice d'Isaac (Gn, 22, 1-19)
Dieu mit Abraham à l'épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l'offriras en sacrifice sur la montagne que je t'indiquerai. »
Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois pour le sacrifice, et se mit en route vers l'endroit que Dieu lui avait indiqué.
Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit l'endroit de loin. Abraham dit à ses serviteurs : « Restez ici avec l'âne. Moi et l'enfant nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous. »
Abraham prit le bois pour le sacrifice et le chargea sur son fils Isaac ; il prit le feu et le couteau, et tous deux s'en allèrent ensemble.Isaac interrogea son père Abraham : « Mon père ! - Eh bien, mon fils ? » Isaac reprit : « Voilà le feu et le bois, mais où est l'agneau pour l'holocauste ? » Abraham répondit : « Dieu saura bien trouver l'agneau pour l'holocauste, mon fils », et ils s'en allaient tous les deux ensemble.
Ils arrivèrent à l'endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y éleva l'autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l'autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l'ange du Seigneur l'appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L'ange lui dit : « Ne porte pas la main sur l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique. »
13 Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s'était pris les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils.
À ce lieu Abraham donna le nom de "Dieu pourvoit".
 Du ciel l'ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham : « Je le jure par moi-même, déclare le Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique, 
je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance tiendra les places fortes de ses ennemis. 
Puisque tu m'as obéi, toutes les nations de la terre s'adresseront l'une à l'autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »
Alors Abraham retourna auprès de ses serviteurs et ensemble ils se mirent en route pour Bershéba ; et Abraham y habita.

Psaume : Ps 115, 10.15, 16ac-17, 18-19

R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants

Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !

Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, 
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple, 
à l'entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem !

2ème lecture : Le sacrifice du Fils (Rm 8, 31-34)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n'a pas refusé son propre Fils, il l'a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ?   Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? puisque c'est Dieu qui justifie.   Qui pourra condamner ? puisque Jésus Christ est mort ; plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous.

Évangile : La Transfiguration (Mc 9, 2-10)
Acclamation :
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père à retenti : « Voici mon Fils, mon bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et ils s'entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d'entre les morts ».

 

Homélie


Chers frères et soeurs, depuis le mercredi des cendres nous avons entamé le parcours spirituel de préparation à la grande fête de Pâques. Pendant ces 40 jours, nous sommes invités à cheminer avec Jésus, à nous mettre à son école, en revivant les événements du Salut, non pas une simple commémoration du passé, mais une actualisation de ces événements dans notre vie d'aujourd'hui.
Cet itinéraire de 40 jours est marqué par 6 étapes, 6 dimanches. La première étape nous l'avons vécue dimanche dernier quand, avec Jésus, nous avons fait halte au désert de la tentation. Aujourd'hui, nous franchissons la deuxième étape de notre parcours et avec Jésus nous sommes parvenus jusqu'à la montagne de la Transfiguration.
Ces deux premières étapes ont une importance particulière. Elles sont comme les deux piliers sur lesquels repose toute vie chrétienne, vie chrétienne animée par le double dynamisme pascal, « de la mort à la vie, des larmes à la joie. »
Si la lutte de Jésus avec le Tentateur est annonce du combat final de la Passion et rappel que le combat spirituel est au coeur de toute vie animée par l’Esprit, la lumière éblouissante de son Corps transfiguré est anticipation de la gloire de la résurrection et rappel que déjà, dans nos ténèbres brille la lueur de Pâques.
Frères et soeurs laissons l'évangile de la Transfiguration nous illuminer, nous transfigurer. Mais de quelle lumière, de quelle transfiguration parlons-nous? La Transfiguration de Jésus ne doit pas se comprendre comme un phénomène merveilleux et magique, Jésus n'est pas un illusionniste, il ne se donne pas en spectacle. Ne nous trompons pas, « la Transfiguration n'est pas une éclipse hors du destin commun. Elle est révélation du destin commun au creux de ceux qui nous fait buter, douter de l'homme, de Dieu, de soi (Père Joseph Wresinski fondateur de A-T-D Quart-monde). Il me semble qu'en effet « Jésus est pour nous celui qui nous ouvre un chemin de lumière là-même où tout semble bouché » (fr. Christophe de T.).
Oui, le récit de la Transfiguration, loin de nous détourner de la réalité de tous les jours, nous invite à renouveler notre Foi/Croire « Croire que Pâques est en train de s'accomplir, victoire de la lumière sur les ténèbres »( fr. Christophe de T.).

Au coeur du récit évangélique, il y a la parole du Père qui témoigne : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, Écoutez-le ! » Nous passons d'une scène visuelle à une scène d'audition. Il s'agit d'écouter, d'écouter Jésus, Jésus présent dans les Écritures. Pour avoir part à la vie éternelle, c'est-à-dire dans la plénitude de la vie, il faut écouter Jésus, car Jésus prend ici la place de la Loi.
Désormais l'unique nécessaire devient écouter le Verbe fait chair car comme le disait saint Jean de la Croix : « Dès lors qu'Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n'a pas d'autre parole à nous donner. Il nous a tout dit en cette seule Parole et il n'a rien de plus à nous dire. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l'interroger ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ (Montée du Carmel 2, 22, 3-5) ».
Chers frères et soeurs, sur la montagne de la Transfiguration, apprenons à contempler le visage lumineux de Jésus, mettons-nous à son écoute afin de pouvoir poursuivre avec foi, dans la grisaille et les épreuves du quotidien ce chemin pascal que Jésus nous a tracé. « Il conduira nos pas jusqu'en Terre Promise. Croyons au jour, Dieu est lumière. ! »
Bonne route de Carême !