Homélie TO 32 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie TO 32

Par Frère Patrice

 

Tout commence bien, presque comme  dans un conte de fées ! Une noce, et qui plus est « de nuit » ce qui n’est pas très fréquent. Et puis un beau cortège qui est prévu pour aller à la rencontre des époux et les conduire à la salle des noces ; pensez-donc 12 jeunes filles. Et tout d’un coup les choses tournent mal : du retard (ca arrive), tout le monde s’endort (comme les apôtres à Gethsémani  alors que Jésus était avec eux !) mais surtout plus d’huile dans les lampes pour un certain nombre d’entre elles (ca peut aussi arriver). Et là l’époux se fâche « je ne vous connais pas ».

Ca vaut le coup de s’arrêter sur ces paroles brèves  « je ne vous connais pas ».

Et si l’époux c’était Jésus, et si les jeunes filles qui attendaient sa venue c’était nous, quelle parole cruelle que de s’entendre dire je ne vous connais pas alors que nous le côtoyons, que nous le prions, que nous parlons avec lui ! Il n ‘y a pas de parole plus blessante que celle-là ! Et pourtant Jésus va la prononcer plusieurs fois au cours de sa vie.

Alors il faut se poser la question : que s’est-il passé pour en arriver là ?

On est dans les derniers chapitres de l’évangile de Matthieu. Et là Jésus commence à aborder le thème de la fin des temps, du jugement dernier. Il y aura ceux qui auront nourri les affamés, accueilli les étrangers, abreuvés les assoiffés…et ceux qui seront restés impassibles face à toutes ces misères.

Et bien les jeunes filles insouciantes sont celles qui symbolisent les derniers qui sont restés impassibles face aux jeunes filles prévoyantes qui symbolisent celles qui exercent la charité.

Jésus nous  le dit clairement : c’est sur l’amour que nous serons jugés !

Il y a un Père de l‘Eglise, St Jean Chrysostome (il faut souvent aller voir comment ils ont lu l’évangile) qui a ces paroles cinglantes :

« La virginité, même traînant à sa suite toutes les autres vertus, quand elle n’y joint pas la beauté de l’aumône, est traitée à l’égal de la fornication ».

Et cette autre « allez à ceux qui en vendent et achetez-en ; mais qui sont les vendeurs: ce sont les pauvres ; et où donc : sur la terre et dans le temps présent ».

Mais alors si la pointe de cet évangile c’est la charité, on peut se demander pourquoi les jeunes filles prévoyantes ne donnent pas de leur huile aux imprévoyantes. Elles qui sont censées symboliser la charité…et qui ne la mettent pas en pratique !

Elles ont toutes reçu le même don de Dieu : une lampe ; et elles ont toutes la même obligation : faire en sorte qu’elle reste allumée pour accueillir l’époux. Mais pour qu’elle reste allumée il lui faut se resourcer, et comment ? La source de la charité, elle ne se trouve que dans la parole de Dieu assimilée au fil des jours. Et cela c’est quelque chose de tellement personnel que ca ne peut se transmettre …en tout cas en un instant. Et nous n’en sommes pas propriétaires : comme les jeunes filles prévoyantes, nous ne pouvons qu’en nommer la source !

Alors, que dire ?

Je vous propose de vous rappeler cette parabole du riche et du pauvre Lazare (Luc 16 :19 sq). « Je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père pour qu’il leur fasse la leçon ; de peur qu’ils ne viennent eux aussi dans ce lieu de tourments ». Et Abraham de leur répondre « du moment qu’ils n’écoutent ni Moïse ni les Prophètes, c’est-à-dire du moment qu’ils ne recherchent pas la Sagesse de Dieu, ils seront aveugles : leur lampe est sans huile ».

Voilà. Jésus veut nous mettre en face d e nos responsabilités d’hommes et de femmes. Prenez en main vos vies, car un jour viendra où on vous en demandera compte et que l’on risque de vous dire je ne vous connais pas !

Mais c’est là aussi toute notre espérance : nous sommes tous invités aux Noces, c’est-à-dire à une communion entre nous et Dieu. Alors, persévérons sur le chemin de la charité, à la rencontre de Celui qui est Amour éternel et qui nous attend !