Avent 4 — Abbaye de Tamié

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Avent 4

Homélie par Frère Raffaele
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4ème dimanche de l'Avent

1ère lecture : « De toi sortira celui qui doit gouverner Israël » (Mi 5, 1-4a)
Lecture du livre du prophète Michée
Ainsi parle le Seigneur : Toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois.
Mais Dieu livrera son peuple jusqu’au jour où enfantera... celle qui doit enfanter et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre et lui-même, il sera la paix !

Psaume : Ps 79 (80)

R/ Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés !

Berger d’Israël, écoute,
resplendis au-dessus des Kéroubim !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

2ème lecture : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, Soeurs en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second. Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

« D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-45)
Alléluia ! Alléluia  Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. Alléluia !

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

© AELF - Paris 2013

 Homélie

- Frères et soeurs, le 8 décembre, solennité de l'Immaculée Conception, l'évangile de la messe nous a fait le récit d'une rencontre qui a eu lieu à Nazareth, dans la maison de Marie. Lors de cette rencontre, l'ange Gabriel, en saluant Marie, lui a aussi révélé sa vocation : « Réjouis-toi ! », lui a-t-il dit. Oui, Marie a été appelée à la joie, à donner la joie. Après cette rencontre, Marie, qui porte en son sein le Verbe, la Parole faite chair, se met aussitôt en route vers la maison d'Élisabeth. L'évangéliste Luc ajoute cette précision : « Avec empressement ». C'est la sollicitude provoquée par la disponibilité de Marie à accomplir la volonté de Dieu, niais provoquée aussi par la joie. Celle qui porte en son sein le Christ, comment pourrait-elle ne pas être joyeuse ? Celui qui a rencontré le Christ ne peut pas retenir sa joie. Et il ne peut pas ne pas la communiquer.

Habituellement, nous considérons la joie comme un événement extraordinaire de la vie, lié à des circonstances heureuses. La joie nous est souvent présentée, surtout par les médias, comme la conséquence d'une forme physique parfaite, de la beauté, de la jeunesse, de la richesse, de vacances de rêve. Et nous en concluons que la joie est une chose rare, réservée à une petite élite ; joie éphémère, comme sont éphémères la jeunesse et la beauté. Eh bien, je crois que nous nous trompons. La joie est, me semble-t-il, le sentiment d'une plénitude de sa propre vie, la découverte que la vie est quelque chose de grand et de beau, qui ne dépend pas de situations éphémères.

Pour nous, chrétiens, la joie est enracinée dans notre foi en un Dieu qui est amour. Cette foi nous permet de vivre dans l'intimité de Dieu, qui s'est révélé à nous dans le visage infiniment aimable de Jésus, le fils de Marie. En Jésus, Dieu s'est fait tel qu'on puisse l'aimer, a écrit notre père saint Bernard de Clairvaux. La joie enracinée dans la foi est capable aussi d'endurer la contradiction et la souffrance. Même Marie, appelée à la joie par l'ange, a eu l'âme transpercée par une épée, aux pieds de la croix. La Vierge qui chante sa joie à la Visitation est aussi Notre-Dame des douleurs.

Mais la foi atteste qu'il n'y pas de Vendredi saint sans le dimanche de Pâques, et que la mort elle-même n'est qu'un passage. Grâce au Christ, la vie l'emporte sur la mort, la vie garde une plénitude, une force que même la douleur ne saurait détruire.

Certes, cela ne veut pas dire que la foi met les croyants à l'abri des souffrances, qui sont le lot commun à toute l'humanité. La douleur ne fait pas de différence entre les croyants au Christ et les non-croyants, ou les croyants des autres religions. Ce que la foi en Jésus nous donne est ce fond de sérénité et de paix inébranlables qui demeure, comme un cantus firmus, même dans la tribulation ; fermeté dans l'espérance du salut donné par Dieu ; confiance qui nous vient de l'abandon à Dieu. Élisabeth salue Marie en l'appelant « heureuse », car elle « a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Oui, pour que la joie soit enracinée dans la foi, elle doit se nourrir de la Parole de Dieu, la Parole qui a pris chair en Marie et qui nous parvient aujourd'hui dans les Saintes Écritures transmises par l'Église. Marie accueille la Parole ; la garde dans son sein ; la porte à Élisabeth et à nous tous.

Dans la maison d'Élisabeth, lorsque Marie entre, la joie éclate : Jean-Baptiste tressaille d'allégresse dans le sein de sa mère ; Élisabeth, remplie d'Esprit Saint, s'écrie d'une voix forte ; Marie magnifie le Seigneur. C'est la jubilation, parce que les promesses que Dieu a faites à son peuple sont en train de s'accomplir. Et Dieu est fidèle à ses promesses : béni soit son Nom.
Amen !

 


 

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