Homélie TO 30 — Abbaye de Tamié

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Homélie TO 30

Par Frère Antoine

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30ème dimanche du temps ordinaire
Dimanche de prière pour les misisons

 

1ère lecture : « La prière du pauvre traverse les nuées » (Si 35, 15b-17.20-22a)
Lecture du livre de Ben Sira le Sage
Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice.

Psaume : Ps 33 (34)
R/ Un pauvre crie ; le Seigneur entend.

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
de toutes leurs angoisses, il les délivre.

Il est proche du cœur brisé,
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

 

2ème lecture : « Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice » (2 Tm 4, 6-8.16-18)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

 

Evangile : « Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien » (Lc 18, 9-14)

Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

© AELF - Paris 2013

Homélie

« Dimanche » : nous connaissons : jour du Seigneur, jour de sa résurrection, les baptisés sont invités à se rassembler.« Mission » : quelle idée en avons-nous ? Quelle image nous vient-elle à l'esprit ? Quel sentiment fait naître en nous ce mot ou celui de « missionnaire » ?

Quelle idée ? Eh bien justement, ce n'est pas une idée mais une vie à transmettre, une trans­mission non pas d'idées mais de vie. Le mot mission signifie « envoi ». II a la même étymologie que le mot « messe », qui est aussi un envoi en mission. En régime chrétien, la signification du mot mission exige la foi. Le premier missionnaire étant Jésus lui-même , « envoyé par le Père » ( avec le Saint Esprit) et qui envoie ses disciples « comme des brebis au milieu des loups » en leur disant : « celui qui vous reçoit me reçoit et celui qui me reçoit reçoit aussi Celui qui m'a envoyé ». Envoyé pourquoi ? pour apporter la vie divine que les hommes ne peuvent se donner. La conséquence : en Eglise, nous nous donnons pas nous-mêmes des missions , nous les recevons des responsables ( exemple : les lettres de mission des évêques). Le pape François, recevant des personnes du quart monde, souvent victimes d'injustices sociales, leur a dit : « je vous donne une mission, une mission/ que vous seuls, dans votre pauvreté, serez capables d'accomplir :: prier pour ceux qui vous ont fait / du mal, pour les responsables de votre pauvreté, pour qu'ils se convertissent »;'La mission est une r vie nouvelle, un don du Saint Esprit qui nous fait participer à la mission de Jésus lui-même, il s'agit bien de transmission non d'idées mais de Vie.     

Dans le journal « Le Monde » du 4 octobre 2016 page 9, toute une page est consacrée à la vie de l'Eglise catholique en France avec un gros titre : « Le réveil missionnaires des catholiques français. L'essor de l'Islam les interpelle. ».Ce journal, qui n'est pas spécialement catholique, nous donne une image intéressante du comment est perçu, actuellement, en France, l'aspect missionnaire de l'Eglise. En résumé : « l'enfouissement, c'est terminé ! il faut évangéliser dans la rue, sur les plages, sur Internet et ne pas laisser l'Islam occuper tout le terrain. »Si la mission n'était qu'une idéologie, il y aurait effectivement conflit. Mais, parmi les missionnaires, nous avons le choix entre de belles figures après le Christ : entre St Paul, St François Xavier et Thérèse de Lisieux , patronne des missions sans être sortie de son couvent, les moines de Thibirine, amis des musulmans et pourtant missionnaires « enfouis ». Le pape François utilise une belle image pour parler de la mission des disciples de Jésus: « Les baptisés sont des arbres de vie qui absorbent les pollutions de l'indifférence et restituent l'oxygène de l'amour ».Il y a aussi des « baptisés dans l'Esprit », des disciples de Jésus en dehors de l'Eglise ! Et par rapport à une image de concurrence avec l'islam : « Nos traditions religieuses ( chrétienne et musulmane) sont diverses. Mais la différence n'est pas, pour nous , un motif de conflits » (pape François).

Saint Bernard écrivait au pape Eugène III : « souviens-toi que tu n'es pas le successeur de Constantin mais le successeur de Pierre ». Au cours de l'histoire, la mission de l'Eglise n'a pas été toujours évangélique , mais parfois, colonialiste et conquérante. Pourtant, Jésus qui envoyait ses disciples comme des brebis au milieu des loups leur recommandait la pauvreté et l'humilité. L'Eglise demande aussi pardon pour ses péchés. Sans nous laisser évangéliser nous- mêmes, nous convertir à l'évangile, chaque jour, pouvons-nous être missionnaires ? Ne soyons pas que des baptisés sociologiques mais reconnaissons l'action de l'Esprit en nous et dans le monde. La « messe » a la même étymologie que la « mission » elle signifie « envoi ». La messe du dimanche est toujours une « messe des missions », elle nous fait participer à la vie même de Jésus, la vie divine que nous ne pouvons que recevoir pour la trans - mission.