Homélie TO 12 — Abbaye de Tamié

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Homélie TO 12

Par Frère Antoine

1ère lecture : « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37) (Za 12, 10-11a ; 13, 1)
Lecture du livre du prophète Zacharie
Ainsi parle le Seigneur : Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé, ils feront une lamentation sur lui comme on se lamente sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement comme on pleure sur un premier-né. Ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.

 Ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure.

Psaume 62 (63)

R/ Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu.

Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi,
ta main droite me soutient.

2ème lecture : « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 26-29)Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères, Soeurs,
Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse.

Evangile : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu. – Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup » (Lc 9, 18-24)

Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, elles me connaissent et elles me suivent. Alléluia

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? » Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. » Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne, et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »

 Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »
AELF – Paris 2013

 

Homélie

Dans les chapitres 5 à 19 de son évangile, Luc nous montre la vie publique de Jésus. On peut distinguer une première formation des disciples qu’on peut appeler « humaine » (chapitres 5 à9) Jésus fait défiler sous les yeux de ses disciples 14 miracles. Les disciples voient combien le monde renferme de malheurs. Ils sont ainsi formés à l’attention aux autres et à la bonté contagieuse de Jésus.. Puis, des chapitres 9 à 18 il s’agit de la formation non seulement humaine mais de la formation chrétienne, c’est-à-dire de la foi, avec trois thèmes : 1) celui du détachement par rapport aux richesses, aux honneurs pour devenir de plus en plus libres 2) celui de la confiance au Père en prenant l’habitude de s’abandonner à son Père et notre Père 3) celui de l’acquisition du sens de la croix. Trois annonces de la Passion ponctuent ces chapitres.Notons que cette formation n’est pas idéologique mais à partir de la vie courante, des événements qui se présentent. Jésus agit, réagit et enseigne en même temps.

 « Qui suis-je ? » Jésus a-t-il besoin, comme nous, de passer par le regard des autres pour savoir qui Il est ? La question de notre identité est importante pour chacun. (« Connais-toi toi-même » était la devise de Socrate). Pour répondre à la question, il faut avoir déjà fréquenté un peu Jésus, l’avoir rencontré personnellement sinon nous répétons ce que d’autres ont dit, comme les foules. Leurs réponses indiquent toutes un autre que Jésus : Jean-Baptiste, Élie… Il ne s’agit pas d’identité mais d’identification à du connu, à du passé ou à une fonction. Notre identité n’est pas que biologique (fils de…) ni sociale (médecin, enseignant…) Le seul qui ait bien répondu à la question de Jésus, c’est Pierre dan le passage parallèle de l’évangile de Matthieu chapitre 16 : Jésus félicite Pierre en disant qu’il n’a pas trouvé tout seul la bonne réponse, il a été inspiré. Ce qui est vrai de Pierre est vrai de nous !« Personne ne peut dire que Jésus est Seigneur sans être inspiré par l’Esprit Saint » 

 « Le Fils de l’homme doit souffrir » Pour savoir qui est Jésus. Il faut aussi que notre confiance en lui ait été un peu éprouvée et même parfois beaucoup. Jésus ne remplace pas Dieu, Il le révèle et révèle en même temps qui est l’homme. Or le Dieu qu’Il révèle est totalement inconcevable pour la raison humaine : c’est lui-même, un Dieu fait homme, souffrant, qu’on va tuer mais qui ressuscite. Notre identité profonde nous est révélée comme nous est révélé qui est Dieu. Ce sont les autres et, dans la foi, l’Esprit Saint agissant dans l’Eglise qui nous disent qui nous sommes : des hommes et des femmes appelés à devenir des frères et des sœurs en Jésus. Jésus vient nous révéler notre vocation de Fils de Dieu. Une identité en devenir. C’est pourquoi personne ne peut se baptiser lui-même en se déclarant chrétien. C’est l’Eglise qui nous baptise en nous reconnaissant membres de la famille de Dieu, animés par l’Esprit de Jésus qui nous tourne vers le Père.

Notre identité profonde, comme celle de Jésus, nous est révélée et se révèle dans notre manière personnelle de donner notre vie par amour, à notre manière personnelle de risquer notre vie, non pas idéologiquement mais dans les faits, à partir de la vie courante, des événements bons ou mauvais car le disciple n’est pas au dessus de son Maître. Notre identité n’est pas dans le passé, elle est devant nous, elle est encore en devenir.