Homélie - Trinité — Abbaye de Tamié

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Homélie - Trinité

Par Frère Jean
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Homélie pour la fête
de la sainte Trinité

Introduction

En cette fête de la Sainte Trinité, commençons cette célébration par ces paroles et ce geste qui résument notre Foi chrétienne.
En effet, nous sommes appelés et réunis : Au NOM du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Le signe de la Croix rappelle cet Amour infini du Père manifesté par son Fils, pour que le monde soit sauvé et recréé par l’Esprit-Saint. Et « que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’Amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous tous. »

Homélie

            Le signe de croix du début de cette messe, et la prière d’ouverture, nous ont rappelé le Mystère de Dieu. Un mystère pour la foi chrétienne n’est pas quelque chose qu’il ne faut pas chercher à comprendre, mais au contraire, un mystère chrétien est une réalité que nous n’aurons jamais fini de découvrir. Ainsi notre foi au Dieu unique, nous ouvre à cet Amour Qui est Dieu. Un amour tel, qu’il unit 3 personnes au point de ne faire qu’un être unique : Tri-unité, Trinité. Ce Dieu Trinité qui nous appelle à entrer dans l’intimité de son Amour.

            Mais regardons comment ce Dieu Unique en qui nous croyons, s’est peu à peu révélé à travers l’histoire humaine. Dieu apparut à Abraham, en Mésopotamie (l’Iran actuel) et lui dit « Quitte ton pays, ta parenté, et va dans le pays que je te montrerai », il quitta alors le pays des chaldéens et Dieu le conduisit vers la Palestine. Tous les peuples qu’il rencontrait adoraient une multitude de dieux. Dieu propose à Abraham de faire Alliance avec lui, le Dieu unique: « Je ferai de toi un grand peuple et je te bénirai ». Abraham resta fidèle à cette Alliance avec Dieu, ainsi qu’Isaac et Jacob. Quatre siècles plus tard le peuple d’Israël est esclave en Égypte, il se mit à crier vers Dieu. Dieu entendit leurs gémissements et se souvint de son Alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu se manifesta à Moïse et lui dit : « JE SUIS le Dieu de tes Pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. J’ai vu la misère de mon Peuple… Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens. » Et Dieu donna à Moïse la mission de conduire son Peuple, pour le faire sortir d’Égypte.

            À la sortie d’Égypte, le peuple de Dieu va faire l’expérience de la proximité de Dieu durant sa vie au désert. Malgré les murmures, les révoltes et les infidélités de son peuple, Dieu, Lui, reste fidèle à son Alliance, Il va dire à Moïse : « Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude, tu n’auras pas d’autres dieux devant moi » (Exode 20, 1-3). Et plus encore comme la première lecture de ce jour nous l’a rappelé : « Je suis le Seigneur, Dieu de tendresse et miséricordieux, lent à la colère et plein d’Amour et de fidélité » (Exode 34, 6). Et ainsi se poursuivit la vie de ce peuple de Dieu. Mais sa fidélité en « dents de scie » à son Alliance avec Dieu conduisit Dieu à révéler d’autant mieux son infinie miséricorde pour son peuple à la « nuque raide »comme il le désigna à plusieurs reprises (Dt 9, 6,13 ; 31, 27). Par ses révoltes et murmures répétés le Peuple de Dieu souligna d’autant plus la patience et la fidélité de son Dieu, qui ne se lassa pas de lui envoyer des prophètes pour le relever.

            C’est ainsi encore que 7 siècles après Moïse, par le Prophète Jérémie, le Dieu de l’Alliance va manifester sa foi en son peuple en renouvelant ses promesses : « Voici l’alliance que je conclurai avec la Maison d’Israël. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur » (Jr 31,33).

            Quand cette foi au Dieu unique a été enracinée dans le cœur d’un petit « Reste » de ce peuple, et particulièrement dans le cœur des « petits » et des humbles, Dieu a envoyé son Fils Jésus. Celui-ci a peu à peu révélé, à ses apôtres, que ce Dieu de l’Alliance est Tout-Amour, un Amour tel qu’il unit 3 personnes au point de former un seul être, un seul et unique Dieu. C’est ce que Jésus nous manifeste dans cette action de grâce :

 « Je te bénis Père, Seigneur du Ciel et de la Terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père car tel a été ton bon plaisir. Tout m’a été remis par mon Père et nul ne connait le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connait le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler ! » (Mt 11, 25-27).

            Voici comment l’évangile selon st Jean nous révèle la nature des relations entre le Père et le Fils, comme Jésus les a décrites à ses apôtres :
« Qui me voit, voit le Père » « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14, 9-11).
« Moi et le Père nous sommes UN » (Jn 10,30). « Je suis le chemin, la vérité, et la Vie, personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn l4,6)
« C’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne viens pas de moi-même ; mais Lui m’a envoyé » (Jn 8,42).
« La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé » (Jn 14,24).

            Pour ce qui concerne la place de l’Esprit Saint dans cette annonce de la bonne Nouvelle Jésus la précise à ses apôtres à la veille de sa mort :

« Maintenant je m’en vais vers celui qui m’a envoyé… je vous dis la vérité : c’est votre intérêt que je parte. » (Jn 16, 5-7) « Si je pars, je vous enverrai le Paraclet, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26). Et encore : « L’Esprit de vérité qui procède du Père, rendra lui-même témoignage de moi ; et à votre tour, vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement » (Jn 15 26-27).

            Au jour de la Pentecôte, après le discours de Pierre à la foule, tel que nous le rapporte le livre « Des Actes des Apôtres »les auditeurs demandent : « Frères, que devons-nous faire ? » Pierre leur répondit : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 2, 37-38).

Les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile selon St Matthieu (Mt, 28, 18-19) nous donnent l’aboutissement de cette lente révélation de l’Être du Dieu Unique : « Allez donc : de toutes les nations faîtes des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 19-20).

Sommes-nous comme une balle de ping-pong ou comme un morceau de pain ?

            Chaque fois que l’on plonge une balle de ping-pong dans un bol de lait, dès qu’on la lâche elle saute hors du lait et reste à la surface. Le morceau de pain, au contraire après avoir été plongé 2 ou 3 fois, il s’imprègne de plus en plus au point même de se confondre avec le lait dans lequel il a été plongé.

Sommes-nous comme une balle de ping-pong ou morceau de pain ?

            Nous aussi, nous avons été plongés et replongés depuis notre baptême dans l’Amour dont Dieu nous aime. Baptiser, veut dire plonger. Nous avons été plongés dans l’Amour qui unit le Père, le Fils et le Saint Esprit au jour de notre baptême, mais également chaque fois que Dieu nous a redit son amour par sa Parole et ces signes visibles que sont les sacrements.

            Mais comme le lait avec la balle de ping-pong ou avec le pain, cet amour dont Dieu nous aime ne nous pénétrera ou nous imprégnera que si nous sommes prêts à l’accueillir !