Homélie - Sainte Famille — Abbaye de Tamié

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Homélie - Sainte Famille

Par Frère Marco
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Homélie pour la fête
de la sainte Famille de Nazareth
Jésus, Marie, Joseph

Si 3, 2-6, 12-14 - Col 3, 12-31 - Mt 2, 13-15, 19-23


 

Dans la seconde lecture tirée de la lettre de saint Paul aux Colossiens nous venons d'entendre ces mots de l'Apôtre :

"Vous les femmes, soyez soumises à votre mari, dans le Seigneur,  c'est cela qui convient. Et vous les hommes aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle .Vous les enfants en toute choses écoutez vos parents, dans le Seigneur, c'est cela qui est beau. Et vous les parents, n'exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager."

Dans ce texte nous sont présentés les deux rapports fondamentaux qui constituent la famille à savoir le rapport femme-mari, et le rapport parents-enfants.

De ces deux rapports, le plus fondamentale, est le premier, c'est-à-dire le rapport qui concerne le couple, car c'est de lui qui dépend en grande partie le deuxième, celui concernant les enfants.

Il faut reconnaître que aujourd'hui ces paroles de Paul nous font difficulté, elles créent un malaise.

Saint Paul recommande au mari d'aimer sa propre femme, à cela rien à redire, mais ensuite il recommande à la femme d'être soumise à son mari... et c'est là que le bat blesse..., car aujourd'hui nous avons pris conscience de la parité égalité des sexes, et le discours de Paul nous semble inacceptable. Sur ce point il faut reconnaître que Paul est redevable à la culture et à la mentalité de son temps.

 Cela dit comment pouvons nous comprendre le sens profond de la Parole de Dieu. Je crois que la solution n'est pas d'éliminer ce mot de soumission dans le rapport entre mari et femme, mais de le rendre réciproque, comme réciproque doit être aussi l'amour.

Autrement dit, ce n'est pas seulement le mari qui doit aimer sa femme, mais la femme aussi doit aimer son mari, il n'y a pas seulement la femme qui doit être soumise à son mari mais le mari aussi doit être soumis à sa femme...

Dans ce cas la soumission devient un aspect de l'amour, une exigence de l'amour et dans la vie communautaire, autre famille, nous avons à vivre mutuellement cet amour de soumission.

Autrement dit, il ne revient pas uniquement au mari d'aimer sa femme,  mais aussi à la femme d'aimer son mari, il ne revient pas seulement à la femme d'être soumise à son mari mais aussi le mari à sa femme....

La soumission dans ce cas devient un aspect, une exigence de l'amour...

Se soumettre, cela signifie tenir compte de la volonté du conjoint, de sa sensibilité... Se soumettre signifie alors, dialoguer, ne pas décider tout seul, ne pas décider pour l'autre... Cela signifie parfois renoncer à son propre point de vue. Envisagée en ce sens la soumission réciproque rappelle aux époux qu'ils sont devenus par le mariage des "conjoints "Conjoints" littéralement « être liés  au même joug », librement choisi accueilli.

La Bible établi un rapport étroit entre l'être crée "à l'image de Dieu" et le fait d'être "homme et femme". Dieu créa l'homme à son image à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. (Gn 1, 27) La ressemblance réside en ceci.

Dieu est unique, mais il n'est pas solitaire. L'amour exige la communion, l'échange interpersonnel ; l'amour demande un "je" et un "tu". C'est pour cela que pour nous chrétiens, Dieu est un et trine.

En Dieu coexistent unité et distinction : unité de nature, de vouloir, d'intention  et distension des personnes.

Le couple humain homme/femme est image de Dieu, reflet de la Trinité.

Mari et femme sont en effet une seule chair, un seul coeur, une seule âme, dans la diversité de leur sexe et de personnalité.

Les époux se tiennent en face l'un de l'autre comme un "je " et un "tu". Ils se tiennent devant les autres et en particulier les enfants comme un "nous" presque comme s'il s'agissait d'une même personne, une personne "plurielle".

Bien évidemment, ceci c'est l'idéal, vers lequel il faut tendre, et nous savons que la réalité est parfois bien différente, plus humble, plus complexe, voir plus tragique. Cela dit il est important d'indiquer l'idéal vers lequel un couple la famille et au fond toute communauté doit tendre, car l'idéal est une force, un dynamisme qui nous pousse, en avant.

Je conclus par ces mots de Charles Singer...

 

La famille sainte existe

quand est recherché le respect de chacun,

quand personne n'est moulé à l'avance dans une forme prévue,

quand la parole partagée engendre la confiance,

quand la joie apportée par chacun devient le pain quotidien sur la table,

quand la certitude est présente pour chacun d'être accompagné et soutenu

même à travers les passages les plus sombres,

quand les conflits ne créent pas l'exclusion mais une nouvelle façon d'avancer ensemble,

quand la tendresse est le premier commandement;

puisqu'alors le bien de l'autre est cherché d'abord,

puisqu'alors le regard se charge de compréhension

et dépasse les apparences,

puisqu'alors les mots et les gestes font naître chacun

à ce qu'il y a de plus grand en lui,

puisqu'alors disparaît la tentation de dominer.

 

La famille sainte se construit le long des jours.

Il n'y est pas question de bienséance ou préséance ou de convention.

La famille sainte n'est pas une affaire de convention collective ni de sévérité ni de soumission.

La famille sainte est une histoire d'amour : c'est dans l'amour qu'elle trouve sa sainteté puisque c'est en aimant qu'elle révèle le Saint, le Dieu de tous les vivants !