Homélie - 4ème Avent — Abbaye de Tamié

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Homélie - 4ème Avent

Par Frère Didier
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Homélie pour le 4ème dimanche
de l'Avent - Année A - 2007

Mt 1, 18-24

Ouverture

Ces trois semaines de l’AVENT, que nous venons de vivre, nous ont mis en ATTENTE, l’attente d’un évènement, d’un heureux évènement… et aujourd’hui, l’Evangile de ce 4ème dimanche nous invite à faire ATTENTION, une douce attention… parce que l’évènement est tout proche…, parce que l’enfant va naître bientôt… et que nous allons pouvoir l’ADMIRER... admirer ce don de l’Amour,… l’AMOUR MEME !
Préparons-nous humblement, amoureusement, à l’accueillir…

Homélie

Frères et sœurs, depuis trois semaines, nous attendons,…
Et voici que notre attente se précise… Un enfant est attendu
Et il me semble que l’Evangile d’aujourd’hui nous invite à transformer notre attente en attention,…

Oui, une très douce attention,… cette attention même que Joseph a pour cette femme… qui porte cet enfant…
Pour lui comme pour elle, quelle émotion !... Une double émotion…
Émotion d’abord à cause de cette situation tellement embarrassante dans laquelle ils se trouvent soudain tous les deux !...
Et puis cette émotion vertigineuse devant l’évènement incroyable, tellement bouleversant, qui est annoncé : cet enfant qui vient de Dieu !...
Dieu…, vous vous rendez compte,… DIEU !... Dieu embryon dans le ventre d’une femme !...

En vérité, à cause de cette double émotion,
il fallait bien que l’ange du Seigneur dise à Joseph : « Joseph, ne crains pas… ! » comme il avait dit à Marie : « Ne crains pas, Marie… ! »
L’ange, appelle chacun par son nom : « Marie… », « Joseph… », car il s’agit d’une relation absolument personnelle de chacun avec Dieu, et d’une mission de confiance qui attend un entier consentement, une consécration…
Et ce qu’il dit à Marie, il va le dire à Joseph… La même chose, le même message…
Et heureusement il va bien leur expliquer les choses…

Ces deux récits d’annonciation, l’un chez saint Matthieu, l’autre en saint Luc, sont à lire ensemble

Comme Marie et Joseph sont appelés à vivre ensemble, et à accomplir ensemble leur mission, c’est ensemble qu’il faut lire ces deux récits, un œil sur l’un et, en même temps, l’autre œil sur l’autre… pour bien voir que c’est le même message…et pour eux deux une même vocation…

Dans les deux textes, il est dit que Marie « avait été accordée en mariage à Joseph » et, c’est clair, ils n’ont pas encore vécu ensemble… « Avant qu’ils aient habité ensemble » écrit saint Matthieu, et en saint Luc, Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? »… Et puis, c’est la grande révélation, dans les deux annonciations, de l’œuvre de l’Esprit Saint : « L’Esprit Saint viendra sur toi… » dit l’ange à Marie… Et il dit à Joseph : « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »… Et cet enfant, il faut lui donné le nom de Jésus : « Tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus »… Et dans l’Evangile d’aujourd’hui : « Elle mettra au monde un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. »… Joseph est choisi parce qu’il est « fils de David » afin que Jésus soit aussi fils de David : « Dieu lui donnera le trône de David, son père,… et son règne sera sans fin », précise l’ange à MarieEt il ajoute : « Il sera saint, il sera appelé Fils de Dieu »… tandis qu’il annonce à Joseph : « C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés »… C’est la révélation que cet enfant, cet Enfant Sauveur, c’est Dieu avec nous, Dieu lui-même parmi nous !...

Et remarquez, frères et sœurs, que ces deux Annonciations sont des épiphanies trinitaires, révélation de Dieu-Trinité… puisque l’ange , qui est le messager de Dieu le Père, nous révèle le Saint-Esprit à l’oeuvre et la naissance du Fils de Dieu…

Maintenant, nous pouvons penser à Marie et Joseph se retrouvant et partageant leur secret… Marie et Joseph qui se racontent leur Annonciation, chacun la sienne, mais, nous l’avons vu, c’est la même annonce… L’un et l’autre, ils ont donné leur réponse de foi, ils ont choisi le choix du Seigneur :« Qu’il me soit fait selon ta parole » dit Marie, et l’on voit Joseph qui « fait ce que l’ange du Seigneur lui a prescrit ». 

Ils peuvent conforter leur foi, ils peuvent se confirmer mutuellement dans leur vocation, dans leur mission, et, saisis par l’évidence du Don de Dieu, ils peuvent attendre la naissance, ils peuvent attendre Noël avec une douce attention, toujours plus grande,… une douce attention à l’Enfant qui va naître… Et les voilà qui vont grandir en admiration…Je pourrais dire : en émerveillement, mais je choisis admiration…à cause de la très belle antienne que nous chantons ces temps-ci : « Quel admirable échange ! Le Créateur du monde, en prenant chair de la Vierge Marie, nous donne part à sa divinité ! »… Et parce que notre année liturgique s’appelle l’Année AA comme attente, A comme attention, A comme admiration… En effet, ils ne peuvent que grandir en admiration en découvrant -et nous avec eux- que Dieu prend la route de l’homme… Dieu embryon, Dieu si petit, Dieu si fragile, Dieu si vulnérable, Dieu si dépendant des hommes !... Nous avions peur de Dieu… Hé bien, nous ne pouvons plus avoir peur de Dieu !... car c’est un petit enfant dans le ventre d’une maman,… un petit enfant que nous allons bientôt pouvoir prendre dans nos bras, que nous allons pouvoir embrasser,… un petit enfant qui voudra bientôt nous couvrir de baisers,… et nous dire dès qu’il saura parler : « Si tu savais comme je t’aime ! »

C’est une très belle icône : Joseph et Marie embrassés, Marie portant l’Enfant en elle… Dans l’attente de la naissance, et dans une très douce attention mutuelle, et dans l’admiration de l’œuvre de Dieu, dans la découverte émerveillée, toute admirative, que Dieu…, que Dieu… n’est qu’AMOUR…
Ils sont là tous les trois, et Marie et Joseph commencent à fredonner une chanson… C’est peut-être une manière de parler à l’Enfant encore caché… C’est surtout l’expression irrésistible d’un Bonheur… C’est une chanson où l’on entend revenir sans cesse - et c’est comme un refrain- : « Nous trois,… nous trois… »…
Mais voici que ce chant se fait silence… Un silence où on laisse résonner -dans ce silence- le Bonheur de Dieu… Peut-être le chant silencieux de Dieu lui-même : « Nous Trois,… Nous Trois… » !...
Dieu est là !... Le Ciel est en nous !... L’AMOUR est en nous !... Silence d’AMOUR… et d’adoration !...

Frères et sœurs, à nous de jouer maintenant avec nos A de l’année A : attente, attention, admiration, adoration !... Car cet Enfant,… il est en nous !
Comme le dit Christian de Chergé : « Il y a toujours en nous un enfant à mettre au monde. »

Un enfant dont on attend la naissance, car nous n’avons jamais fini de naître à plus de Bonté, à plus de beauté dans nos relations, à plus de Communion… avec Dieu et avec nos frères… Laisser toujours plus Jésus en nous AIMER pleinement son Père, nous faire aimer pleinement Dieu notre Père, et de même avec nos frères.
Et cela demande une douce attention… à Dieu qui est en nous,… et à Dieu qui est en nos frères…
Il faut veiller sur l’Enfant qui est en nous, il faut communier à sa présence… En un mot, il faut prier…

Que Noël ne soit pas seulement pour nous les plaisirs de la Fête, mais cet immense plaisir de la prière, de l’attention à l’Enfant qui repose dans nos bras, à la Vie de Dieu qui nous envahit… Comme le dit mère Teresa : « Aimez à prier… La prière dilate le cœur jusqu’à ce qu’il soit capable de contenir le Don que Dieu nous fait de lui-même ! »… Et la prière nous prépare aussi à recevoir le Don de Dieu que sont chacun de nos frères…

Et cela nous met en grande admiration, et c’est cela la vie contemplative : Reconnaître avec admiration

la présence de Dieu en nous, et la présence de Dieu en nos frères…Avec admiration, parce que nous comprenons, au moins un peu, quelque chose du Don de Dieu, quelque chose de l’immense cadeau qu’il nous fait de lui-même, de sa générosité infinie, et de l’immense cadeau qu’il nous fait de nos frères… Nos cadeaux de Noël, c’est beau, c’est bon…mais qu’ils soient vraiment les reflets, les signes, de l’immense, de l’infini, de l’Unique Cadeau : Dieu lui-même qui se donne à nous…et qui nous visite par chaque personne qui nous fait un cadeau : c’est la personne qui est le cadeau, et Dieu qui est en elle… 

Voilà de quoi remercier, rendre grâce… Voilà de quoi adorer !... Que notre cœur, que nos familles, que nos communautés, que nos monastères, soient toujours, et de plus en plus, des crèches où l’on adore…, où se multiplie cette tendre attention, et cette admiration qui va jusqu’à l’adoration… et qui nous envoie porter au monde le Don de Dieu…Le rayonner par la joie de notre foi, le manifester par nos entraides quotidiennes, le faire reconnaître par notre vie de prière ou nos missions lointaines, l’offrir par le don des sacrements…ou le simple don d’un sourire… qui n’a peut-être l’air de rien…mais qui peut être chargé de tant d’abnégation, de tant de pardons donnés… et de tant d’espoir !

Sainte Marie et saint Joseph,
avec vous et comme vous, mais chacun de nous à notre manière,
 nous voulons accueillir l’Enfant,… veiller sur lui… et le porter au monde.
Merci d’être avec nous pour faire EUCHARISTIE
maintenant
et dans les siècles des siècles ! Amen !