Homélie Sainte Famille — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Sainte Famille

Par Frère Antoine

 

Fête de la sainte Famille de Nazareth
Jésus Marie Joseph

 

Homélie

La fête de la sainte Famille célèbre un aspect de Noël. Elle est l’icône de l’humanité qui accueille Dieu. Jésus n’est pas devenu Dieu, il l’est de toute éternité, mais tout homme a pour vocation de devenir comme Jésus un fils, adoptif certes mais enfant de Dieu. Autrement dit, Jésus ne remplace pas Dieu, il vient le révéler et en révélant qui est Dieu, (son Père et notre Père) il révèle aussi qui est l’homme (une créature qui a la vocation de participer à la même vie divine que Jésus, fils du Père.) .

De quelle famille s’agit-il ? De la famille humaine tout entière : Jésus est le sauveur du monde ! C’est, dans toute la Bible, le thème de l’Alliance entre le ciel et la terre, entre Dieu et l’humanité. De la Genèse à l’Apocalypse, Dieu se révèle comme un Père qui veut élargir sa famille trinitaire à l’humanité tout entière d’où l’Incarnation de Jésus. Par son incarnation, Jésus choisit l’humanité entière comme famille. Depuis le début de l’histoire humaine, l’homme n’a pas envie d’avoir un Père au Ciel ni d’accueillir des étrangers comme des frères. Cela se vérifie aujourd’hui comme hier. C’est le péché originel ! La mondialisation  qui caractérise notre temps n’est pas synonyme de fraternité universelle. Ainsi les migrants paraissent des dangers alors que ce sont eux qui sont en danger. Finalement, ce n’est pas nous qui invitons Dieu à prendre place dans nos familles  humaines, mais c’est Dieu qui, le premier, a l’initiative de nous inviter à entrer dans sa famille divine.

De quelle sainteté s’agit-il ? En quoi la « sainte famille » (Jésus, Marie, Joseph) peut-elle être une référence, un modèle pour les familles de notre temps ? Non pas au sens habituel d’une perfection morale des personnes. La sainteté ainsi conçue ne peut pas se manifester en Jésus qui n’est encore qu’un bébé. Mais  sa seule présence fait que, dès sa naissance, la famille où il vient de naître est sainte. Dieu seul est saint ! Mais il prend chair et sanctifie ceux qui l’accueillent par la foi dans leur vie. La sainte Famille n’est pas non plus un modèle sociologique (un couple qui n’a qu’un enfant et qui vit comme frère et sœur). En revanche, si on prend à tour de rôle chacune des trois personnes, toutes les trois ont en commun d’avoir mis en premier l’amour de Dieu avant leurs relations affectives  réciproques. En faisant passer l’amour de Dieu en premier, leurs amours humaines cessent d’être possessives. Marie n’appartient pas à  Joseph ni Joseph à Marie, ni Jésus à ses parents humains. Tout se passe dans la confiance en l’autre sans pour autant exclure les incompréhensions que l’Évangile ne cache pas.

 Le mystère de l’Incarnation que nous méditons pendant le temps liturgique de Noël nous révèle Jésus, Fils de Dieu, comme l’aîné d’une multitude de frères. La sainte Famille que forment Jésus, Marie et Joseph, devient l’icône de l’humanité qui accueille Dieu. Cette grande famille n’est pas sainte d’emblée, elle a à le devenir. Il nous faut renaître par la foi : « Qui est mon frère, ma sœur, ma mère ? Quiconque fait la volonté de Dieu voilà mon frère, ma sœur, ma mère ». Ouvrons nos yeux , notre cœur, nous verrons que dans nos propres vies, dans nos familles, dans notre entourage, c’est toujours vrai.