Homélie TO 6 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie TO 6

Par Frère Marco

6ème dimanche du temps ordinaire

 

Première lecture
« Il n’a commandé à personne d’être impie » (Si 15, 15-20)
Lecture du livre de Ben Sira le Sage
Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher.

Psaume 118 (119)

R/ Heureux ceux qui marchent suivant la loi du Seigneur !

Heureux les hommes intègres dans leurs voies
qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux ceux qui gardent ses exigences,
ils le cherchent de tout cœur !

Toi, tu promulgues des préceptes
à observer entièrement.
Puissent mes voies s’affermir
à observer tes commandements !

Sois bon pour ton serviteur, et je vivrai,
j’observerai ta parole.
Ouvre mes yeux,
que je contemple les merveilles de ta loi.

Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ;
à les garder, j’aurai ma récompense.
Montre-moi comment garder ta loi,
que je l’observe de tout cœur.

 

Deuxième lecture
« La sagesse que Dieu avait prévue dès avant les siècles pour nous donner la gloire » (1 Co 2, 6-10)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, c’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dirigent ce monde et qui vont à leur destruction. Au contraire, ce dont nous parlons, c’est de la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, établie par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire. Aucun de ceux qui dirigent ce monde ne l’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en a fait la révélation. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu.

 

Évangile « Il a été dit aux Anciens.... Eh bien ! moi, je vous dis... »

Alléluia. Alléluia. Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.

 Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou.

 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne. Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère.

 Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi. Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

© AELF - Paris 2013

Homélie

Depuis quelques semaines, l'évangile du dimanche nous fait entendre le bien connu Sermon de Jésus sur la montagne.

Jésus avait commencé son discours par les Béatitudes ...un appel au Bonheur... Heureux, vous les humbles, ...Heureux vous les doux… Heureux..., Puis dimanche dernier il nous invitait à être sel de la terre et lumière du monde...

Aujourd'hui Jésus nous invite à un dépassement ... « On vous a dit...Eh bien moi je vous dis... Oui, aujourd'hui le Seigneur il nous pousse à aller plus en profondeur, dans nos relations avec les autres...La loi te dit... « Tu ne tueras pas...Et bien moi je te dis... « tout homme qui se met en colère contre son semblable devra passer en jugement...

Notre première réaction, en entendant les paroles de Jésus, c'est de se dire : « C'est excessif ...déjà vivre ce que demande la Loi n'est pas si simple, et voilà que Jésus en rajoute une couche... ! »

Mais qu'est-ce que le Seigneur veut nous dire ...Qu'est-ce qu'il veut dire à son Église à nos communautés chrétiennes...à chacun de nous personnellement... ?

Jésus ne nous offre pas simplement des règles. Il nous invite à un dépassement, il nous met en garde contre une observance formelle de la Loi, observance formelle qui n'implique pas le coeur... Car il s'agit bien du coeur...Ailleurs le Seigneur nous avait dit que c'est du dedans du coeur que naissent les pensées mauvaises, l'envie de prendre la femme ou l'homme de l'autre... C'est du dedans du coeur que naissent les pensées mauvaises de voler les biens d'autrui, c'est encore dans le coeur de l'homme que naissent jalousies, envies, disputes...

Le Seigneur, nous met en garde, si la loi n'est pas enracinée dans le coeur, dans le coeur purifié de toutes souillures alors la loi devient un carcan intolérable.

C'est ce coeur malade que Jésus est venu purifier, guérir de toute dureté, réalisant ainsi l'ancienne prophétie... « Je mettrai ma loi à l'intérieur d'eux, je l'écrirai dans leur coeur, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. (Jérémie 31:33) Je vous donnerai un coeur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Je retirerai de votre corps le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair, (Ezéchiel 36:26) un coeur capable d'aimer...comme J'aime. »

« Ainsi refuser le meurtre et choisir la vie passe par le rejet de toute violence y compris le rejet de la pauvreté et de l'injustice.

Ainsi choisir la fidélité n'est pas étouffer son désir mais l'enraciner dans le temps. Ainsi, refuser le mensonge c'est mettre en cohérence nos paroles et nos actes.

Aimer est toujours une sortie de soi, un renoncement et donc un combat. Aimer ne peut éviter la croix. Aimer, c'est refuser le superficiel pour l'éternel.

Aimer, c'est consentir à nous laisser configurer à l'image de l'Amour qu'est Dieu ».

(P.A. Veilleux)

« C'est Toi, le Dieu qui nous as faits, Ton amour nous a façonnés, Tu as mis en nous ton Esprit : « Tout homme est une histoire sacré, l'homme est à l'image de Dieu »

Si être bon consistait simplement à ne pas commettre d'adultère, à ne pas tuer... nous pourrions facilement nous sentir capables d'y arriver.

Mais si être fidèles à l'appel de Jésus consiste dans la pureté d'intention jusqu'à l'amour de l'ennemi ; si cela consiste à donner toujours plus qu'on nous demande ; à réparer la relation avec nos frères et soeurs lorsqu'elle est brisée - alors nous sentons bien que cela est impossible à nos seules forces, à notre seule bonne volonté, nous avons besoin de l'amour du Père, nous avons besoin de Jésus, pour qu'il nous enseigne, lui le Chemin, la Vérité et la Vie , nous avons besoin de l'Esprit Saint pour changer notre coeur qui ne sait pas aimer en un coeur qui aime , qui aime comme Dieu nous aime.

Car comme nous le rappelle saint Paul : « Le plein accomplissement de la Loi, c'est l'Amour » (Romain 13,8-10)

« Seigneur Jésus, toi qui révèles la plénitude de la loi à travers la justice nouvelle fondée sur l'amour, fais en sorte que le peuple chrétien, rassemblé pour t'offrir le sacrifice parfait, soit cohérent avec les exigences de l'Évangile et devienne pour tout homme signe de réconciliation et de paix » (Collecte, VIème dimanche de l'année A).