Homélie TO 23 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie TO 23

Frère Antoine

Christ enseignant

(Atelier St Jean l'évangéliste)

23ème dimanche du Temps Ordinaire

Première lecture (Ez 33, 7-9)
La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. »

Psaume 94 (95)

R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! (

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

Deuxième lecture (Rm 13, 8-10)
« Celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi »
Frères, Sœurs n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. La Loi dit : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras pas. Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour.

Évangile « S’il t’écoute, tu as gagné ton frère »
Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia.
Évangile (Mt 18, 15-20)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

© AELF - Paris 2013

Homélie

 

Le passage d’évangile que nous venons d’entendre est extrait du chapitre  18 de St Matthieu consacré aux problèmes de la vie communautaire (Qui est le plus grand ? - Combien de fois dois-je pardonner ?...).

 

«Si ton frère… » - « Qui est mon frère ? » demande Jésus à ses disciples ? Réponse : « Celui qui fait la volonté de mon père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère » (Mt 12,50), ou encore : «Celui qui m’aime, qu’est-ce qu’il fait ? Il écoute ma parole et la met en pratique ».(Jean 14/23) Aimer et écouter sont interchangeables. Ecouter son frère c’est l’aimer. Ne pas l’écouter c’est être en état de péché envers lui. Caïn, fils du premier Adam, ne se considérait pas responsable d’Abel son frère. Jésus, nouvel Adam, vient créer une nouvelle famille en appelant tous les hommes à être des frères, fils du même Père qui est aux cieux. La fraternité dont il est question est celle à laquelle il faut renaitre en devenant les disciples de Jésus.

« …vient à pécher » Dans ce passage, il ne s’agit pas de demander pardon à un frère que j’aurais offensé mais d’un frère (ou d’une sœur) qui ne se comporte plus comme frère ou sœur envers moi, envers nous, disciples de Jésus. Il est frappant de voir dans le texte l’absence de détails concernant la nature et la gravité du péché qui est en cause. Ce qui est souligné c’est l’insistance sur l’écoute ou la non- écoute. C’est le critère décisif pour s’assurer de la relation fraternelle dans une communauté, y compris dans les couples, les familles, les communautés religieuses mais aussi les paroisses. Un frère qui ne se comporte plus comme un frère commet un péché mortel, pas seulement parce qu’il s’exclut de la communauté (aspect individuel) mais sa façon d’agir est mortelle pour la communauté ecclésiale (aspect collectif de tout péché). Si tout le monde agit comme lui, il n’y a plus de communauté chrétienne, plus d’Eglise.

« …s’il écoute », le pécheur n’est plus le même, « …s’il n’écoute pas » on ne peut rien sinon d’avoir avec lui un autre type de relation, « …considère-le comme un païen et un publicain ». Non pas un rapport d’exclusion ou de violence (Jésus fréquentait les pécheurs et les publicains, il se compromettait avec eux. Trahi, il continue de parler à Judas qui, lui, mange mais ne parle pas, il se tait, ne communique pas , s’exclut en s’isolant).Il n’est donc pas question d’exclusion mais de discernement, de vérité : ne pas tenir pour frère celui qui ne veut pas de notre fraternité. C’est l’écouter, c’est prendre au sérieux ce qu’il nous dit en respectant sa liberté à l’exemple de Jésus lui-même donc de Dieu qui respecte notre liberté. Personne ne peut nous obliger à nous comporter en frères, pas même Dieu !

En résumé, pour reprendre le schéma que le pape François propose aux prédicateurs :
* 1) une idée : Ce qui menace l’unité de la vie communautaire c’est de ne pas s’écouter, c’est l’absence de communication entre nous (refrain du pape François).

* 2) une image : celle de St Benoît qui tend l’oreille. Aimer (Dieu, son frère sa sœur, sa mère) c’est d’abord écouter.

* 3) un sentiment : de responsabilité et de respect de leur liberté à l’égard de nos frères et sœurs.

Nous avons toute notre vie terrestre pour nous y entrainer !