Homélie - 4ème dimanche de Carême — Abbaye de Tamié

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Homélie - 4ème dimanche de Carême

Par Père François de Sales
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Homélie pour le 4ème dimanche de carême

  
Jos 5, 10-12 - 2Co 5, 17-21 - Luc 15, 1-32


En ce dimanche où nous avons entendu le texte si beau du père prodigue face à son enfant prodigue, me revient à l'esprit ce chant de la liturgie où nous plaignons Dieu d'avoir affaire à "cet enfant difficile qu'est le monde des humains".
C'est une autre manière qu'emploie le prophète Jérémie pour constater : "Le coeur de l'homme est compliqué et malade ! Qui peut le connaître ? Le Seigneur répond : "Moi le Seigneur qui pénètre les coeurs."
Car cet enfant difficile c'est aussi un enfant bien-aimé et comme dans la parabole de l'enfant prodigue, Dieu guette le retour de son fils. "Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut touché de compassion."
S'il respecte la liberté de ce fils turbulent en le laissant partir (c'est de nous tous qu'il s'agit), Dieu fait tout pour lui venir en aide.
Il envoie des hommes choisis pour le tirer d'affaire, il y eu dans la Bible Abraham, Moïse, les prophètes ; aujourd'hui il y a l'Église qui nous réunit aujourd'hui et tant de frères et soeurs que nous rencontrons et qui comprenant notre détresse nous accompagnent de leur attention.
Mais le Seigneur peut nous dire à nous aussi ce qu'il leur disait par le prophète Jérémie : "Je vous ai envoyé inlassablement mes prophètes, mais vous n'avez pas écouté, vous n'avez pas prêté l'oreille, vous avec raidi votre cou."

Mais il arrive aussi que Dieu se taise pour montrer à ce fils difficile ce qui lui arrive quand il veut se débrouiller seul. Si le fils en difficulté revient vers son père pour lui dire : "J'ai péché contre toi" l'amour de Dieu père aura fait un prodige.

Mais si le fils s'entortille dans son discours, Dieu use de moyens très aptes à gagner le coeur humain : il se fait petit enfant, ce qui réjouit les pauvres comme les bergers, les chercheurs comme les mages, les coeurs sensibles comme beaucoup lorsqu'ils approchent la crèche.

Puis cet enfant grandissant va parler pour essayer de convaincre ses auditeurs qui diront bien : "Personne n'a parlé comme cet homme !" Il va faire des miracles : guérissant les malades, ressuscitant les morts. "On n'a jamais vu de choses pareilles! " s'écrient-ils.

L'enfant terrible peut être impressionné mais il ne change pas. Dieu dit alors : "Il n'y a pas plus grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Pour te montrer que je t'aime, enfant terrible, je prends sur moi tes fautes, je donne ma vie pour toi. J'expie pour toi." Comprendrons-nous qu'il nous aime ? "Comprendras-tu que tu as du prix à mes yeux ?"

L'enfant prodigue de la parabole n'a pas eu besoin de tant de discours, il se souvient de l'amour de son père et se retourne vers lui. Mais on trouve aussi tant d'enfants terribles qui ne se laissent émouvoir par rien. S'ils pouvaient saisir que Dieu ne désespère pas d'eux ! Il travaille le coeur de chacun dans le secret pour demander : "Qu'aurais-je dû faire pour toi que je n'ai pas fait ? Réponds-moi !"

Nous ne pourrons jamais saisir ce qui se passe dans le coeur de l'homme. N'y aura-t-il dans le secret du coeur une petite velléité d'écoute, une fissure dans l'entêtement ? Par cette ouverture la miséricorde de Dieu peut s'infiltrer et provoquer le cri désespéré : "Prends pitié de moi ! "

Mais sans nous arrêter plus qu'il ne faut sur ces cas extrêmes, revenons à nous, assemblés pour célébrer la mort et la résurrection du Christ, venu pour nous sauver et que nous appellerons désormais le Sauveur. Dieu veut en respectant notre liberté nous proposer une alliance, l'alliance nouvelle qui relit deux personnes qui s'engagent mutuellement l'une envers l'autre, comme dans un mariage, comme dans un contrat. Et pour montrer que c'est sérieux pour Dieu, il n'y a pas d'alliance s'il n'y a pas de sang versé. Autrefois il fallait verser le sang d'animaux, animaux qui étaient les suppléants de notre propre sang. Aujourd'hui, Dieu en son Fils a voulu verser son sang pour nous montrer le sérieux de son amour. Il a versé son sang en notre nom. A nous il demande seulement de verser le sang de notre coeur qui se donne et qui revient à lui. Mais aussi de communier au corps et au sang de son Fils mort pour nous, dans le sacrement de l'Eucharistie pour ne faire qu'un avec lui.

Mais l'alliance exige aussi un engagement mutuel et nous recevons son commandement : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Celui qui dit qu'il aime Dieu et qu'il n'aime pas son frères ou sa soeur est un menteur." Il n'a pas observé l'alliance de Dieu. Il n'est pas revenu à Dieu.

Et pour vérifier la sincérité de cet amour des frères, il doit y avoir repas en commun. C'est le repas que le père prodigue organise pour le retour du fils prodigue. Mais là encore Dieu dépasse toutes les mesures humaines. Il manifeste son amour fou pour l'enfant terrible, il se donne lui-même en nourriture. Nous avons apporté pain et vin, l'hostie et le vin. Il en fait son corps et son sang. Ce pain et ce vin du repas de Dieu n'est pas comme nos nourritures terrestres que nous transformons en nous-mêmes, ici c'est une nourriture qui nous transforme en lui. Dieu se donne en plénitude. Nous ne faisons plus qu'un en Dieu. Voilà comment Dieu traite les pécheurs repentants que nous sommes et il nous dit à nous aussi : "Tout ce qui est à moi est à toi".