Homélie pour l'entrée en carême — Abbaye de Tamié

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Homélie pour l'entrée en carême

Par dom Victor

Homélie pour le mercredi des Cendres
Entrée en carême 2007

       Les disciples de Jésus, aujourd’hui, c’est nous. Nous voici rassemblés sur la montagne autour de Jésus. Et Jésus nous dit ce matin : Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Il énumère ensuite les trois attitudes fondamentales de toute vie spirituelle authentique :
- l’aumône qui est ouverture à l’autre, don de soi dans le partage ;
- la prière qui nous met en relation avec Dieu ;
- le jeûne comme maîtrise de soi et signe de   liberté.

       Jésus ne condamne aucun de ces gestes mais il nous met en garde sur la façon de les pratiquer : quand tu fais l’aumône… quand vous priez… quand vous jeûnez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle !

      Vécues de la sorte, ces pratiques, au lieu d’être ouverture à l’autre, relation à Dieu et chemin de liberté,  nous rendent prisonniers de nous-mêmes et de l’opinion des autres. Aussi Jésus nous demande de les réorienter : Mais toi, quand tu fais l’aumône… mais toi, quand tu pries… mais toi, quand tu jeûnes, fais cela dans le secret, ton Père qui voit dans le secret te le revaudra.

       Avoir comme unique préoccupation le regard du Père, c’est agir comme un fils ; vouloir n’être vu que du Père, c’est avoir compris que Dieu est amour et vivre face à cet amour. N’est-ce pas déjà ce que voulait nous dire le prophète Joël quand il invite le jeune époux et la jeune mariée à sortir, à oublier un instant leur propre amour humain pour découvrir que l’Amour de Dieu est source de leur amour ? Comme le dit magnifiquement Benoît XVI dans son message pour le Carême : Eros et Agape, loin de s’opposer, s’illuminent mutuellement…Seul l’amour dans lequel s’unissent le don désintéressé de soi (qui est l’agape) et le désir passionné de réciprocité (qu’est l’Eros) donne une ivresse qui rend légers les sacrifices les plus lourds.

       Jésus a vécu cela magnifiquement et en toute liberté. Son amour pour nous l’a poussé à s’identifier à nous jusque dans notre condition de pécheurs afin de nous montrer combien le Père nous aime et pour nous donner sa propre justice de fils bien-aimé du Père. Saint Paul nous le rappelait dans la seconde lecture.

       Comme dit le pape, le Carême est pour chaque chrétien, une expérience renouvelée de l’amour de Dieu qui se donne à nous dans le Christ, amour que chaque jour nous devons à notre tour redonner au prochain, surtout à ceux qui souffrent le plus et sont dans le besoin.

       Je rappellerai en terminant 3 couplets de l’hymne que nous chantons aux Laudes ; ils éclairent si bien le sens de notre jeûne, de notre aumône et de notre prière :
- Mendiant sans force, mains tendues vers Dieu, sais-tu qu’il aime au plus creux de toi la faiblesse ?
- Voleur de grâce, affamé de Dieu, sais-tu qu’il met au plus fou de toi le partage ?
- Joueur de flûte, amoureux de Dieu, sais-tu qu’il est au plus sien de toi la prière ?

            Nous allons maintenant recevoir ces cendres en signe de pénitence et d’humilité. Que la bénédiction de Dieu accompagne notre démarche pour que ce geste prépare nos cœurs à se laisser envahir et transformer par la grâce.