Homélie - Trinité — Abbaye de Tamié

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Homélie - Trinité

Par Frère Antoine
croix - arcabas
Homélie pour la fête
de la très sainte Trinité

Simple schéma

Nous n’avons pas été baptisés dans un article de foi. Nous avons été baptisés, c'est-à-dire plongés dans la vie de Dieu et marqués définitivement, éternellement « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Croire au mystère de la Sainte Trinité c’est vivre notre histoire d’homme à la manière dont Jésus a divinement vécu son humanité. Méditons ce mystère à partir du signe de la croix. Quelques remarques :

 

Le signe de la croix est une prière gestuée.

a) Le geste trace sur nous, les coordonnées de notre identité. Le geste qui part du front pour aller à la poitrine peut nous rappeler que nous sommes aimés du Père qui nous adopte en son Fils. C’est Lui d’abord qui nous aime et nous ne pouvons l’aimer qu’en aimant nos frères dans l’Esprit c'est-à-dire comme Jésus nous a révélé son amour. Cela s’exprime par le geste qui traverse la ligne verticale en allant d’une épaule à l’autre.

b) Ce geste a été fait par un autre sur nous le jour de notre baptême. Nous ne nous baptisons pas nous-mêmes, nous recevons ce signe d’appartenance  par un autre qui représente l’Église. Et à notre mort, d’autres nous confierons à Dieu en renouvelant ce geste qui  est une sorte de  tatouage, un tampon indiquant notre appartenance.

c) Les chrétiens d’Orient font ce signe de la croix en réunissant le pouce, l’index et le majeur pour signifier l’unité dans la diversité

d) Faire le signe de croix sur nous ne signifie pas seulement que nous voulons suivre Jésus en prenant notre croix chaque jour,mais aussi affirmer la gloire de la croix c'est-à-dire la foi et l’espérance que l’Amour est plus fort que le Mal , plus fort que la mort

 

Le signe de la croix est accompagné de paroles :

a)    Une formule qui n’est pas vraiment une phrase car elle n’a ni sujet ni verbe ni complément

b)    « Au nom » Le nom, dans la Bible, c’est la personne. Ce n’est pas juridique comme dans l’expression «  au nom de la loi… » mais  relationnel Je suis relié à…

c)    « du Père » Un mot que Jésus a risqué de nous révélé malgré ses ambiguïtés. Remarquons que les musulmans qui ont 99 noms pour désigner Dieu n’emploient jamais celui de « Père ». Et dans l’Ancien Testament ce mot n’est employé que quatre fois pour désigner Dieu. Alors que, dans le Nouveau Testament il est utilisé 258 fois. Pour savoir ce que Jésus met sous ce » nom de Père , il faut bien voir comment il vit sa vie de Fils

d)    « du Fils » C’est en connaissant le Fils que nous connaissons le Père. «  Qui me voit voit le Père » (Jn 14,9). Et aussi : « En ce jour-là (le jour sans déclin qui commence le matin de Pâques) vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous » (Jn 14,20). La première grâce de la Résurrection c’est la présence de Jésus en nous

e)    «  du Saint Esprit » - « C’est votre intérêt que je parte car si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas en vous » (Jn 16,7). « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26). Sans l’Esprit Saint, Jésus ne serait qu’un homme du passé.

 

Il s’agit d’un mystère. Saint Irénée premier évêque de Lyon, employait une image pour parler de la Trinité : le Fils et l’Esprit sont les deux mains du Père. C’est à travers ses actions que Dieu se laisse saisir. Une analogie : un enfant demande à un électricien : qu’est ce que l’électricité ? L’ouvrier répond : » je n’en sais rien mais je sais comment faire pour que tu voie, quand il fait nuit, pour que tu aies chaud quand il fait froid etc. Ainsi, c’est en faisant confiance à Jésus que nous découvrons, comme un bébé découvre sa famille petit à petit, que nous sommes des fils dans le Fils et comment vivre chaque jour cette identité.

 

Que faut-il faire pour être chrétien ? Ste Bernadette répondait : « il faut bien faire son signe de croix ».

Une autre manière de dire qu’être chrétien c’est vivre notre humanité de tous les jours à la manière de Jésus « Au nom  du  Père, du Fils et du Saint Esprit ».