Jour des défunts — Abbaye de Tamié

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Jour des défunts

Par Père Victor
crucifix
Homélie pour le jour de la commémoration
des fidèles défunts
2 novembre

Homélie

 Hier, dominaient l’action de grâce et la joie d’un jour de fête. Aujourd’hui, dominent  la supplication et l’intercession d’un jour férial, ordinaire. Mais, hier et aujourd’hui, notre prière est soutenue par la même espérance : espérance d’être  associés à nos amis les saints, espérance de salut pour nos défunts, dans cette communion des saints qu’est le Corps du Christ. Par ces célébrations notre foi est mise à l’épreuve mais elle est aussi renouvelée.

Pouvons-nous dire, en effet, avec saint Paul, je ne vis plus pour moi-même mais pour le Seigneur ; si je meurs, je ne meurs pas pour moi-même mais pour le Seigneur ? Nous avons donné notre vie au Seigneur le jour de notre profession monastique mais déjà par notre baptême ; nous renouvelons ce don à chaque Vigile pascale. Tous, nous appartenons au Seigneur, et le Père nous a donnés à son Fils. Nous sommes ainsi devenus pour le Père des fils dans le Bien-aimé. Jésus ressuscité peut nous appeler ses frères : allez dire à mes frères, je monte vers mon père et votre Père ! Il nous attire vers le Père : ce soir tu seras avec moi dans le Paradis. Ce bon larron qui reçoit cette promesse est un vrai bandit.  A l’heure même, il devient frère du Christ. Tout comme Marie, la femme aux sept démons, devient l’épouse bien-aimée du Cantique au jardin de la résurrection. Tous ceux que me donne le Père viendront à moi. On ne peut imaginer qu’il existe des humains que le Père n’aurait pas donnés à son Fis. Or la volonté du Père est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés. Demeure le mystère de ceux qui, librement, refuseraient cet amour du Père par le péché contre l’Esprit, contre la lumière de la vérité et contre l’amour ; ceux-là iraient vers la mort. Mais tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtient la vie éternelle.

Pleine assurance et mystérieuse incertitude à la fois, qui font le drame de notre existence mais c’est pour nous ouvrir à l’infini de la confiance. Ce drame constitue aussi la grandeur et la difficulté de nos relations interpersonnelles basées sur la confiance et sur l’amour, dans la vie commune comme dans le mariage. Des premières communautés chrétiennes il est dit : ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, ils mettaient tout en commun. Bauduin de Ford, moine cistercien du 12e s. nous dit : ils vivaient dans l’amour de la communion et dans la communion de l’amour. Et pourtant, l’auteur des Actes nous montre Ananie et Saphire vivant pour eux-mêmes, fermés à l’amour et à la vérité et dont le chemin les conduit vers la mort.

C’est la volonté du Père que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. Ces paroles pleines d’espérance, saint Jean les situe dans le grand discours sur le pain de vie. C’est précisément au cours de l’Eucharistie que nous les recevons ce matin. L’Eucharistie donne à notre vie une dimension qui la dépasse et qui nous ouvre vers l’infini du don et de l’amour. Entrer dans ce mouvement pascal, communier à ce don que Dieu nous fait, c’est déjà ne plus vivre pour soi mais pour le Seigneur et pour l’Eglise qui est son Corps. En mourant à nous-mêmes et en vivant pour Dieu, nous venons mystérieusement en aide à nos défunts ; avec eux nous découvrons le vrai visage de l’amour et nous nous laissons purifier par cet Amour du Père révélé par Jésus et qui nous est communiqué dans le don de l’Esprit.

Avec le psaume 62, chanté entre les lectures, nous pouvons dire à Dieu au nom de tous les défunts et avec eux : mon âme a soif de toi, Seigneur ; je te cherche dès l’aube. Ton amour vaut mieux que la vie ; toute ma vie je vais te bénir. Par cette Eucharistie, comme par un festin, je serai rassasié. La joie sur les lèvres, je dirai ta louange.