Homélies de Pâques — Abbaye de Tamié

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Homélies de Pâques

Par dom Ginepro
le tombeau est vide
                                                   Le tombeau est vide -    Terre cuite de Frère Antoine Gélineau

Vigiles pascale

Les femmes vont au tombeau et rencontrent le Ressuscité (Mt 28,1-10) Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Après le sabbat, à l'heure où commençait le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l'autre Marie vinrent faire leur visite au tombeau de Jésus. Et voilà qu'il y eut un grand tremblement de terre ; l'ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus. Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme la neige. Les gardes, dans la crainte qu'ils éprouvèrent, furent bouleversés, et devinrent comme morts. Or l'ange, s'adressant aux femmes, leur dit : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : 'Il est ressuscité d'entre les morts ; il vous précède en Galilée : là, vous le verrez !' Voilà ce que j'avais à vous dire. »

Vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s'approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. »

Homélie

Nous venons d’entendre des textes d’une richesse inépuisable.

En cette nuit de Pâques, ce sont deux femmes qui sont témoins de l’évènement de la Résurrection, l’évènement fondateur de notre foi. Elles ne voient pas d’abord le Ressuscité en personne mais un ange qui vient de rouler la pierre du tombeau dans lequel était enfermé, enterré Jésus. Mathieu nous dit qu’un ange  a roulé la pierre; non pas pour permettre à Jésus d’en sortir, mais pour permettre aux disciples d’entrer dans le tombeau pour voir - de leurs yeux - que Celui qu’ils cherchent n’est plus ici! Un peu comme pour dire : « Venez voir! Son tombeau est vide! ».

Nous constatons que l’évènement a un double effet : les gardes, eux, sont transis de peur « au point de devenir comme morts ». Nous le savons, la peur n’est pas bonne conseillère : elle nous paralyse dans nos élans et nous fait perdre tous nos moyens. En effet, pour eux c’est tout simplement la panique !

Mais qu’en est-il de l’attitude des femmes ?

Dans l’Evangile de Marc, on peut observer que les femmes au tombeau sont saisies de frayeur, elles tremblent et elles prennent la fuite. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’Evangile de Matthieu nous révèle une autre attitude, une attitude faite de confiance et de joie : les femmes sont là, toutes réceptives au message et à l’action de cet ange qui leur dit : « Vous, soyez sans crainte ! Venez voir l’endroit où Jésus reposait… et allez vite dire à ses disciples : Il est ressuscité d’entre les morts ».

Dans l’Evangile que nous venons d’entendre, les femmes ne perdent pas pied… mais bien au contraire, elles courent porter la nouvelle aux disciples. Et que se passe-t-il en chemin ? Jésus vient à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue ! ». Et les deux femmes qui n’avaient cessé de suivre Jésus de loin, savent maintenant poser ces trois gestes simples : s’approcher de Lui avec confiance, lui saisir les pieds, se prosterner devant Lui.

Il n’y a rien d’autre à dire : tout est dans la manière d’être : leurs gestes expriment l’essentiel. Elles ont tout compris !

C’est Jésus qui prend la parole en premier et leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée… ». Ce mot employé par Jésus me semble capital. Jésus ne parle plus de « disciples » (comme l’ange), mais de « frères » ! N’est-ce pas là la délicatesse infinie de Dieu et de son Amour inconditionnel qui s’expriment ? Par la mort et la Résurrection de Jésus, son Fils unique, nous voici tous devenus à présent frères et sœurs. Cette Bonne Nouvelle ne peut pas nous laisser indifférents. Christ est ressuscité, Il est Vivant et Il nous remet sans cesse debout !

Au cœur de cette Nuit pascale, il nous dit à toutes et à tous : « Je vous salue » ! Il réchauffe nos cœurs par sa présence et veut raviver la flamme de notre Amour, de notre Espérance et de notre Foi.

La foi en la Résurrection nous met en mouvement afin que nous ne restions pas tournés vers le passé et que nous ne perdions pas notre temps dans des discussions stériles ; elle nous fait sortir de nos peurs. La foi au Christ Ressuscité nous permet de rejeter la tutelle des gardiens de la mort qui sont parfois cachés dans nos profondeurs et nous empêche de vivre et de témoigner de la Joie de croire qui nous anime. 

La foi au Christ  ressuscité nous fait aller de l’avant ! Elle nous ouvre à la Vie en plénitude.

C’est bien ce que proclame Paul dans la première lecture : «  Nous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. C’est-à-dire : c’est dans sa mort (par notre baptême), que nous avons été mis au tombeau avec lui ; et, maintenant, par sa résurrection, nous sommes invités à mener une vie nouvelle, nous aussi ».

En ce grand jour de la Victoire de l’Amour, soyons nous aussi sans crainte et osons proclamer notre foi en ce Dieu qui veut la vie.

Osons vivre chaque jour des passages de la mort à la vie, en posant des gestes simples et fraternels.

Que la Joie du Christ Ressuscité rayonne sur nos visages afin que nous devenions contagieux de Celui qui nous rejoint là où nous en sommes.

Christ est Vivant ! Christ est ressuscité !

Osons risquer avec confiance cette belle aventure d’une vie nouvelle, une vie renouvelée par la Résurrection du Christ qui veut faire de nous des êtres libres.

 

 

Jour de Pâques

Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)   Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. »
Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts.

© AELF - Paris 1980

Homélie

On pourrait imaginer que les hommes sont plus courageux que les femmes et pourtant c’est une femme, Marie-Madeleine, qui se met en route la première pour chercher Jésus, alors qu’il fait encore nuit, nous dit Saint Jean (Jn 20,1) ! Avez-vous remarqué que nous assistons à de véritables sprints en ce dimanche de Pâques ! Tout le monde court ! On court… non pas pour remporter des victoires ou des médailles… On court pour faire le saut de la foi : « Il vit et il crut », nous dit l’Evangile.

Cet autre disciple qui court avec Pierre, c’est Jean, le disciple de Jésus. Il court et il voit. Mais que voit-il ? Il voit - c’est-à-dire qu’il comprend - que le corps de Jésus n’a pas été enlevé mais que Jésus est bien ressuscité. Le verbe « voir » ici est associé au verbe « comprendre ». C’est comme quand nous disons : « ah oui, je vois bien maintenant… ». L’évangile note en effet que, jusque là, les disciples n’avaient pas vu, c’est-à-dire : « pas compris », que d’après l'Écriture il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »

 

Ne nous trompons pas : croire en la résurrection n’est pas une chose évidente ! La victoire de la VIE sur toutes les puissances de la mort est un évènement tellement extraordinaire, qu’il nous faut du temps pour croire et sur ce point, nous sommes lents… Nous ressemblons terriblement aux disciples de Jésus qui étaient eux aussi, lents à croire. Et pourtant c’est bien cela que nous célébrons aujourd’hui en cette grande fête de Pâques : la victoire de la Vie sur la mort.

Dans le Nouveau Testament, le verbe « ressusciter » traduit deux verbes grecs qui veulent dire « se lever, se mettre debout » ou « se réveiller, sortir de son sommeil ». Oui, il est temps de sortir de notre sommeil et de vivre dans le concret de nos existences ce passage du doute vers la foi, des ténèbres vers la Lumière, des puissances de mort vers les puissances de la Vie.

Souvenez-vous, dimanche dernier : « Eli ! Eli ! Lema… » s’écriait Jésus sur le bois de la Croix au moment de sa Passion. Et trois jours après sa mort, Dieu ressuscite Jésus pour dire au monde entier que ce n’est pas la violence, le mépris, la mort qui ont le dernier mot… mais bien l’AMOUR de Dieu qui ressuscite son Fils Jésus.

Courir pour faire le saut de la foi… Voilà un sport original et exigent ! Il faut de l’entraînement. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas si facile que cela de s’abandonner entièrement dans les bras de Dieu qui vient à notre rencontre chaque jour pour nous dire : « je t’aime comme tu es. Viens, suis-moi. Je ferai route avec toi et je ne t’abandonnerai pas ».

 La résurrection du Christ, préfigure bien, notre propre résurrection. Mais n’attendons pas d’être mort pour vivre de la vie même de Dieu. Croire à la résurrection du Christ, ce n’est pas seulement croire en la promesse d’une vie éternelle après la mort ! C’est croire qu’il y a, au cœur même de notre vie, un principe de renaissance qui peut retourner les choses. Chaque jour, dans les petites choses ordinaires du quotidien, nous pouvons vivre de ce grand Mystère Pascal. Toute notre existence peut devenir avec le Christ un passage de la mort à la vie. C’est cela devenir disciple du Christ et témoigner de son Amour. Il ne suffit pas de proclamer « Christ est Vivant, Christ est ressuscité. Alléluia ». Cette acclamation n’a de sens que si elle s’incarne dans notre chair et dans notre sang, dans nos gestes et nos actes, dans nos paroles et nos engagements, dans nos choix et nos décisions jour après jour. Chanter « Christ est Vivant, Alléluia », c’est engager notre histoire personnelle à la suite du Christ Ressuscité et témoigner, sans peur, de notre foi, au cœur de ce monde tel qu’il est.

Courir vers et tendre à : voilà deux verbes d’action !

Courir… pour voir et croire. Tendre… vers les réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre, décevantes...

Garder les pieds sur terre, oui, pour marcher chaque jour à la suite du Christ Ressuscité.

Voilà, en langage simple,  des orientations pascales extraordinaires.

Alors, à chacun de nous de nous mettre sur la ligne de départ pour remporter une seule course : celle  de l’Amour à travers tout.

 

Joyeuse Pâques !