Homélie Avent 2 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Avent 2

Par Frère Patrice

 

 

Première lecture

« Préparez le chemin du Seigneur » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. » Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent.

Psaume (84 (85)

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.

Deuxième lecture

« Ce que nous attendons, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle » (2 P 3, 8-14)

Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre apôtre

Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. Ainsi, puisque tout cela est en voie de dissolution, vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu, ce jour où les cieux enflammés seront dissous, où les éléments embrasés seront en fusion. Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. –

Évangile

« Rendez droits les sentiers du Seigneur » (Mc 1, 1-8)

Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

©AELF - Paris 2013

Homélie

Hé bien c’est formidable ! Nous commençons une nouvelle année liturgique, et pour cette occasion le lectionnaire nous propose le commencement de l’évangile de Saint Marc « commencement de l’Evangile de Jésus Christ, le Fils de Dieu ».

Tout est dit dans ces quelques mots, dix mots !, tout le mystère de Jésus de Nazareth ; que Saint Marc ne fera que développer dans son Evangile. Tout est dit, en dix petits mots, et, vous l’aurez remarqué : pas de verbe, comme pour ne pas perdre de temps, pour aller à l’essentiel. A un jeune adulte qui me demandait ce qu’il fallait faire pour vivre en chrétien, j’ai répondu : lire l’évangile et le mettre en pratique

« Commencement » : une ère nouvelle est inaugurée avec l’apparition de Jésus, tout comme le premier livre de la Bible, le livre de la genèse, débute par ce mot « au commencement ». Oui, il y a une grâce des commencements (dans la vie religieuse, dans la vie de couple, dans le travail). La nouveauté du commencement crée une attente, une ouverture ; elle  élargit nos horizons et nous rend aptes à recevoir. Combien de gens attendent cette ère nouvelle qui leur apportera la libération. En disant cela je ne peux m’empêcher de penser à tous ces enfants, ces hommes et ces femmes prisonniers en Lybie et destinés à être vendus comme esclaves ; tous ces prisonniers dans les maisons de détention, tous ces prisonniers de guerre…

Commencement de l’Evangile. On pourrait le traduire plus littéralement : « commencement de la Bonne Nouvelle ».  Rien que d’entendre ces mots on a envie de se réjouir : fini le temps des larmes et du sang, fini le temps de la solitude et du malheur : place à un autre temps, celui de La Bonne Nouvelle !

Mais c’est l’Evangile de Jésus-Christ. La Bonne Nouvelle, c’est une nouvelle présence. Et pas n’importe laquelle : le commencement d’une nouvelle histoire pour les hommes, celle de Dieu avec nous, au milieu de nous. Plus jamais, désormais, l’homme ne devra se sentir seul.  Plus jamais, désormais, l’homme ne devra se croire abandonné de son Dieu ! C’est ce que nous disait le livre d’Isaïe que nous avons entendu tout à l’heure « consolez, consolez mon  peuple » ». Les témoins du Christ, ce sont vraiment ceux qui forcent la solitude des autres et leur apportent cette consolation dont ils ont besoin pour poursuivre leur route. A l’image de Jésus qui toujours a été à la rencontre de ceux qui sont enfermés dans leur maladie, leur situation matrimoniale ou sociale. N’oublions pas ces paroles terribles du jugement dernier : j’étais malade, nu, affamé, isolé…et vous ne m’avez pas visité !

Elle est là cette conversion à laquelle Jean-Baptiste nous appelle. Lui qui porte un nom plein de signification « Dieu fait grâce ». Dieu fait grâce, il ne condamne pas, mais il nous demande de nous convertir, de préparer sa venue, ce qui donne tout son sens  ce temps de l’Avent. Et ce Dieu qui fait grâce est aussi celui qui nous Sauve…en nous laissant aussi le temps d’élargir notre cœur pour mieux l’accueillir.

Et d’où Jean-Baptiste nous invite-t-il à la conversion ? Du Désert. On peut se demander pourquoi Jean-Baptiste était dans le désert ? Pour être écouté, ne vaudrait-il pas mieux se poster aux carrefours des grandes villes ? Peut-être….Mais ce matin Jean-Baptiste nous invite à nous dépayser, à prendre du recul, à nous retirer, à faire le vide en nous. Il est parfois besoin dans nos existences d’observer des temps de retraite et d’ascèse. Car accueillir la personne du sauveur et l’évènement de son salut nécessite, aujourd’hui comme hier, que nous préparions notre cœur. Le livre d’Osée nous y invite « Je vais te séduire, te conduire au désert et parler à ton cœur » (Osée 2 :16).