Rencontre avec Christian Regat — Abbaye de Tamié

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Abbaye de Tamié

Rencontre avec Christian Regat

Rencontre avec l'auteur de la nouvelle histoire de Tamié, juillet 2023,

Christian, cette histoire de Tamié qui sort aujourd’hui est-elle une « nouvelle histoire » ?

Une nouvelle histoire ? Oui et non.

De fait, elle fait suite à l’histoire parue en 1982 sous la plume de Bruno-Jean Martin, un livre qui avait connu un franc succès, au point d’en épuiser rapidement le tirage.

Mais on ne pouvait se contenter de le reproduire en rajoutant tel ou tel épisode survenu depuis. Il fallait donc tout revoir de fond en comble en retournant aux sources. Ce qui a permis de découvrir beaucoup de choses nouvelles et c’est donc un peu une nouvelle histoire qui est proposée au lecteur.

En 1982, le format du livre et la documentation disponible avaient limité à 55 pages l’histoire de Tamié après la Révolution française. Cette période en occupe à peu près le double dans ce nouvel ouvrage.

Ce qui permet de bien mieux comprendre quelques épisodes : l’occupation par d’autres congrégations, puis la revente de Tamié aux moines au XIXe siècle, la tentative d’implantation en Piémont, le projet avorté d’installation à Hautecombe, le faux départ en Amérique, la participation des moines aux guerres du XXe siècle, etc.

De ce fait, le portrait qui apparaît est sensiblement différent mais ce n’est qu’un aspect de la nouveauté, car il y en a bien d’autres : aujourd’hui, l’histoire de la réforme du monastère au XVIIe siècle est mieux connue qu’en 1982 par exemple.

Par ailleurs, bien des faits se sont déroulés ici depuis ces quarante ans et il fallait en parler.

Alors, les archives ont donc été fouillées à nouveaux frais…

Oui. En commençant bien sûr par celles de Tamié dans lesquelles f. Jean-Bénilde a fait un travail absolument considérable, vrai travail de bénédictin pourrait-on dire, pour copier, classer et conserver des documents collectés aussi bien à Chambéry, aux archives départementales, qu’à Turin, aux archives d’État explorées par M. Philippe Broillet. Celui-ci avait découvert à Turin des documents inconnus ou que l’on croyait perdus, dont il assura la retranscription minutieuse.

D’autres fonds ont été consultés : les archives départementales de la Haute-Savoie, les Archives nationales à Paris, celles du Service historique de la Défense à Vincennes, et jusqu’à celles de la Société lyonnaise d’histoire de la police ! D’autres encore... Sur cette base, je me suis efforcé de construire un récit solide et argumenté.

Ce travail de recherche a pu bénéficier aussi d’un apport exceptionnel, tout à fait inattendu : la découverte du plus ancien document authentique concernant Tamié, une bulle pontificale de 1171, retrouvée en 2013 par M. Pierre Dubourgeat.

Il y a aussi beaucoup de photos…

Oui, bien sûr.

Environ 500 !

Tamié est une source d’inspiration inépuisable pour un photographe. Il y a les paysages, les bâtiments… et ce qu’ils contiennent.

Sans compter le nouveau visage que présente aujourd’hui le monastère. Dans les trente dernières années, les bâtiments ont fait peau neuve et cela continue : la rénovation des façades est en cours et c’est une belle réussite.

Pour les photos, Fr. Didier a été mon complice. Au fil des années, il a constitué une vaste collection de photos numérisées, dont l’intérêt documentaire va de pair avec une rare beauté. C’était l’occasion d’en donner au moins un aperçu tout en faisant bénéficier le livre d’une iconographie exceptionnelle. Les nouvelles techniques d’impression facilitent beaucoup les choses dans ce domaine.

Une majorité de photos porte aussi la signature de Christian Regat

Bien des lieux ou des objets dont il est question dans le texte devaient être montrés.

De nombreux séjours de travail au monastère, des voyages d’identification plus ou moins lointains, des investigations dans les musées et dans les collections particulières m’ont permis de montrer l’abbaye sous des aspects inédits et d’en révéler parfois des détails méconnus, mais aussi de faire découvrir, y compris aux moines eux-mêmes, des objets aujourd’hui dispersés, qui n’avaient jamais fait l’objet d’une publication.

Est-ce qu’on comprend mieux le déroulement de l’histoire de Tamié ?

Écrire l’histoire implique forcément une part d’interprétation des événements.

Pour se limiter à la période médiévale, on peut toujours se demander qui a vraiment voulu la fondation de ce monastère, pourquoi en ce lieu, etc. On voit alors s’entrecroiser diverses composantes : la dynamique portée par l’expansion cistercienne, la réforme grégorienne, l’évolution de la féodalité, le formidable renouveau du XIIe siècle etc. jusqu’aux liens familiaux puisque Pierre Ier de Tarentaise, le premier évêque cistercien, était parent de la famille de Villette, étroitement liée aux Chevron qui ont donné les terres nécessaires. Toutes et chacune de ces composantes ont joué et le monastère est apparu.

Mais c’est surtout le regard sur la longue durée des siècles qui invite à s’émerveiller. 900 ans d’histoire, ce n’est pas banal. Or, cette histoire se poursuit et relire le passé est toujours le préalable nécessaire pour bien accueillir l’avenir.

Merci Christian pour ce travail de Romain !

Pour se procurer l'ouvrage, cliquer ici.