Béla JUST - Bibliographie — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Béla JUST - Bibliographie

Béla Just (1906-1954)

 

Plusieurs de ses oeuvres se déroulent en France, Hajnali kettớ plus particulièrement à l'abbaye de Tamié et une partie de Hajnali kettö, Allegro barbaro se passe en Hongrie. Dans d'autres ouvrages il n'y a aucune indication significative de lieu, sans doute voulue par l'écrivain. D'après les témoignages des éditeurs, certains romans sont autobiographiques comme le protagoniste du Portefaix de Dieu comparable à un exilé hongrois. Les ouvrages de Béla JUST ne peuvent être compris que sur l'arrière plan de sa foi personnelle de sa vision chrétienne du monde. Son style rappelle celui de François Mauriac (il a traduit en hongrois le roman « Ce qui était perdu »), mais par moment il est ironique. Avec violence il fustige l'hypocrisie et la double loi morale pseudo chrétienne. JUST fut associé au Renouveau catholique.

Hajnali kettö


Le roman de Béla JUST (1906-1954) peint le chemin de croix de la vie spirituelle. Les protagonistes sont les moines trappistes qui passent leurs journées après les règles très   strictes. Tamié, leur monastère  vieux de huit cents ans – situé quelque part dans les Alpes françaises près de la frontière italienne – devient dans le roman un asile, un  véritable  "château intérieur".
Cependant, étrangement, les fils d’un amour romantique, à peine naissant, lient l’histoire du roman au monde extérieur. Ces fils sont tissés par un Étranger qui vient d’arriver dans le monastère, entre sa vocation religieuse qui s’éveille et la réalité d’un amour.
L’idée central du roman est exprimé au mieux par Léon Bloy : "Dans le monde il y a seulement une douleur celui que nous ne sommes pas saints."
 

Le forçat Mindszenty accuse

 

Préface du cardinal Saliège archevêque de Toulouse

Le Cardinal Mindszenty appartient désormais à l'histoire. Quel que soit l'avenir qui lui est réservé, il restera une des plus pures gloires de la Hongrie. Avec une claire vue de la marche des événements, avec une fermeté invaincue, il a lutté pour les droits de l'Église et pour la liberté de son pays. Il n'ignorait pas le sort que lui vaudrait son attitude. Il savait qu'elle le mettait sur le chemin de la prison et de pire encore. Il n'a pas hésité.

Bien placé pour connaître les procédés de déshumanisation et prévoyant qu'ils seraient employés contre lui, il a prévenu ses diocésains et le monde que c'était le Cardinal libre et non le Cardinal prisonnier dont il fallait accepter le message. Pour l'Église et pour ma patrie: « Dans le cas où je ferais, malgré tout, un aveu et le confirmerais par ma signature, il ne s'agira que d'une manifestation de faiblesse humaine. La valeur de tout aveu de ce genre, je la déclare nulle par avance. »

De sa haute taille, il s'est dressé. Son verbe a pulvérisé d'avance les aveux escomptés et savamment préparés. Aucun chrétien n'a été dupe des mensonges intéressés. Les juges eux-mêmes ne pouvaient ignorer qu'ils condamnaient un innocent.

Les pages qu'on publie témoignent de la haute culture, de la tendresse d'âme, de la droiture ferme du Cardinal. Oui, non, la ligne droite, pas de détours, pas de courbes. La pensée est nettement et clairement exprimée. Il les dominait, et de combien de haut. Lui debout, lui libre, le chemin était barré à la tyrannie et à l'apostasie. Le matérialisme implique le mépris de l'homme.

Le respect de la personne est suspendu à la foi en Dieu et en l'immortalité de l'âme. Le matérialisme athée, par les négations gratuites de ces réalités, ne produit qu'un surhomme raté, indigent et morbide dans le genre barbare. C'est Dieu qui sauve l'humain. En dehors de lui, les sacrifices sanglants se multiplient de nos jours sur les autels des idoles.

Arrêté le 27 novembre 1944 par les nais, le grand prélat recouvre la liberté au printemps de 1945 grâce à la défaite des Allemands. Il aurait pu se taire sous le régime nazi ; il aurait pu se taire sous le régime soviétique. Il a choisi la bataille par devoir, par fidélité à l'Église et au peuple de Hongrie. « Voe mihi si non evangelizavero. »

Fier d'être d'une famille paysanne et pauvre, doué d'une capacité de travail extraordinaire, le Cardinal était d'une sobriété et d'une frugalité qui rappelaient les ermites du désert. Lorsqu'il allait se reposer dans son village, il aidait sa mère à travailler la terre. En quels termes émouvants il a parlé de la mère, et quelle mère fut la sienne ! Il se révèle tel qu'il est dans la lettre datée du 16 novembre 1948

«... Au poste où je monte la garde par la grâce et la confiance du Saint-Siège et non par celles des partis, les tempêtes ne sont pas rares. L'histoire elle aussi connaît des hauts et des bas. « Deux de mes prédécesseurs sont morts au champ d'honneur, deux autres ont vu leurs biens confisqués. Jean Vitez a été emprisonné ; Martinuzzi, tué par des assassins à la solde des maîtres de l'heure ;  Pazmany, le plus grand, exilé ; un autre a été victime d'une épidémie meurtrière, en soignant les malades. Mais aucun parmi eux ne s'est trouvé plus dépourvu que moi. Mes soixante-dix-huit prédécesseurs réunis auront été accablés de moins de mensonges que moi. Tendancieusement tramés, cent fois détruits, puis clamés de nouveau avec une obstination grandissante. Je tiens ferme pour Dieu, pour l'Église, pour la patrie, parce que j'ai la mission de servir le peuple le plus abandonné de la terre. Mes propres souffrances ne sont rien comparées à celles de mon peuple. Je n'accuse pas mes accusateurs. Si je me vois parfois contraint de faire la lumière sur la situation, c'est que la douleur de ma nation, ses larmes et la déchirante injustice qu'elle subit sont plus fortes que mon silence. « Je ne cesse de prier pour un monde de justice et d'amour, je prie aussi pour ceux qui, selon les paroles de mon Maître, « ne savent pas ce qu'ils font ». Je leur pardonne de tout mon coeur. »

Tel est l'homme, tel est le Cardinal qu'un tribunal de Budapest a condamné par ordre à la prison perpétuelle.

Les pages extraites de ses livres et de ses mes sages soulignent l'accord de la conduite et de la parole. Nul ne les lira sans émotion. « Tout combat a sa récompense: le martyre du Golgotha conduit à la gloire du ciel. J'aime ce chemin... »

Un procès préfabriqué, l'affaire Mindszenty

Préface de François Mauriac de l'Académie Française

« La façon extrêmement correcte et ferme avec laquelle a été mené le procès.. », écrit l'Humanité. Le jugement sommaire, la balle dans la nuque, la fosse creusée d'avance, le corps qui s'écroule, ce n'est décidément pas le pire. Je trouve pire de sauvegarder les formes de l'ancienne justice, de maintenir intact le décor du drame^judiciaire traditionnel et de pousser sur la scène une créature longuement a pré-parée ». Le Petit Larousse définit le préparateur de laboratoire : a Le collaborateur d'un professeur des sciences qui est chargé de préparer les expériences nécessaires à la leçon. » Vous aussi, vous préparez l'expérience : qu'il s'agisse d'une grenouille ou d'un cardinal, tout se déroule selon ce qui a été décidé et confirme à nos yeux l'efficacité d'une méthode mise au point déjà lors des procès de Moscou.

Aveux, témoignages, réquisitoire, plaidoirie, qu'est-ce que tout cela pour qui a confronté ces deux visages qu'on nous assure appartenir au même homme ? Nous ne pouvons que répéter la question que vous posent, depuis quatre mois, tous les peuples libres du monde : Que lui avez-vous fait subir pour qu'il ait changé de figure au point qu'on jugerait qu'il a changé d'âme ? Par quelles voies atteignez-vous à' faire d'un être un autre être ? Jusqu'à vous, les bourreaux avaient pouvoir sur les corps mais non sur l'âme. " Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, disait le Christ, mais qui

 

ne peuvent tuer l'âme. » Vous, vous ne tuez pas le corps, du moins pas tout de suite. On ne saurait dire non plus que vous tuez l'âme. Vous frappez à la jointure de l'âme et .de l'esprit. Il semble que vous ayez dérobé son secret à cet insecte qui, ne se nourrissant que de proies vivantes, les paralyse en leur laissant l'apparence de la vie.

Mais à qui donc espérez-vous donner le change ? L'horreur redouble à votre égard, chaque fois que vous vous efforcez, Brid'oisons sinistres, de respecter la Forme. Nous autres, Occidentaux, nous croyons avec Pascal les témoins qui se font égorger, non les victimes qui paraissent renier leur propre martyre. A travers la déclaration finale de celle-là, vous n'avez pu empêcher que fuse une vague lueur : " Depuis quarante jours, je suis devant la police... On m'interroge... Je réponds... » Le monde entier sait de quoi il s'agit, même nos communistes ne sont plus dupes. Serait-ce pour les communisants que vous avez monté ce spectacle judiciaire ? Croyez-vous donc qu'ils ignorent que le seul crime inexpiable à vos yeux est le crime d'opposition au régime, celui précisément que ces hommes prudents sont résolus â ne jamais commettre ? S'il ne s'agissait que d'eux, vous auriez pu faire l'économie d'une parodie de justice qui met le comble à notre dégoût.

Au procès Kravchenko, Me Izard a cité un texte capital de M. Vychinsky : « La justice soviétique est un organe effectif de la politique soviétique... Elle poursuit les mêmes buts que la politique soviétique... Le juge soviétique ne doit pas toujours suivre la logique juridique : entre la loi et la discipline du parti, il doit sans hésiter choisir la seconde, car la loi n'est qu'une forme de la discipline du parti. » Ces paroles, plus que le rideau de fer, marquent la frontière des deux mondes. Elles annoncent leur proche destin aux vieux peuples catholiques pris entre les pattes du fauve. Il leur laisse encore une apparence de liberté. Il sait bien qu'il n'aura qu'à allonger la griffe — maintenant surtout que le Pasteur a été frappé et que les brebis tremblantes regardent la porte qui vient de se refermer à jamais sur cette ombre douloureuse, sur cet assassiné vivant.

Allegro barbaro

Traduit en néerlandais, 1950 par Broeder Manu - en allemand Düsseldorf 1951)

“Béla Just, qui séjourne en exil volontaire en France depuis quelques années, est né à Budapest en 1906. Après son baccalauréat, il reste une année en France comme simple ouvrier. Il obtient l’année suivante le grade de docteur en Philosophie et Lettres à Budapest. En 1946, après les années de guerre où il est resté en Hongrie, il est envoyé en mission culturelle en France par son gouvernement. Il se voit cependant obligé de démissionner de sa fonction officielle en 1948 et demande l’asile, en tant que réfugié politique, au gouvernement français. Cet écrivain hongrois, qui jouit déjà d’une grande renommée dans différents pays européens, nous livre ici, à partir de faits historiques et de son expérience personnelle, son témoignage sur l’invasion et la « libération » de Budapest par l’Armée Rouge et sur la lente intégration de son pays dans le système bolchévique. Il décrit de manière souvent incomparable et réaliste le sort de son propre peuple et celui de chaque peuple ployant sous le joug communiste.

Les illuminés

( Original en hongrois, 1943 ;  ; r. Paris 1950, németül : Erleuchtete Toren, Traduit en allemand, Nürnberg 1950, olaszul : Gli illuminati, Torino 1954 ; hollandais Dwazen, Bilthoven-Antwerpen 1951).
L'histoire prend comme base les difficultés de dom Bernard, abbé de Meylan [dom Alexis Presse abbé de Tamié (Svoie)], désirant réformer sa communauté. Ne pouvant obtenir l'accord de ses supérieurs, il achète les bâtiments d'une abbaye en ruines [Boquen (Bretagne)] et s'y installe dans des conditions de grande précarité. Il est rejoint par des jeunes qui l'aident à remettre en état le domaine, tout en adoptant un style de vie monastique proche de celui des premiers Pères de Cîteaux au 11ème siècle. L'auteur avoue qu'il a pris comme idée de base les démêlées de dom Alexis Presse, alors abbé de Tamié, l'achat par lui de l'ancienne abbaye de Boquen en Bretagne et les premières années de la nouvelle communauté. Sur ce canevas l'auteur a fait oeuvre d'imagination.

La potence et la croix

Sous la f orme d'un récit romancé l'auteur livre un témoignage bouleversant : la plupart des événements qui y sont relatés ont été réellement vécus par un prêtre hongrois actuellement réfugié en Belgique.

Aumônier des condamnés à mort, il assiste, au cours de la succession des régimes poli-tiques en Hongrie, des hommes et des femmes que la justice humaine a résolu, pour cause d'intolérance, de supprimer. Le prêtre ne tarde pas à ressentir cruellement l'équivoque de sa condition : médiateur de Dieu, il pourrait « ignorer » à quelle catégorie de mortels il apporte la Parole et les Sacrements; personnage auxiliaire de l'exécution des hautes oeuvres séculières, il se sent l'aide du bourreau.

Peu à peu, l'odieux de sa situation, l'hypocrisie de son rôle le pousseront à la révolte et son geste aura pour effet de le conduire à son tour en prison.

Bela Just nous livre le drame d'un prêtre aux prises avec l'obéissance et l'amour des êtres dont il est le dernier compagnon.

Le portefaix de Dieu

 Le portefaix de Dieu - Roman de l'apostolat ouvrier, Texte français de Louis Gabriel, Mame, 19- - En allemand, Bonn 1953

Zoltan DEKROA, prêtre hongrois, s'est réfugié en France, fuyant l'invasion communiste. Après avoir refusé une place de chapelain, il se met à travailler, estimant qu'il n'a pas le droit, en tant que prêtre, de mener une vie facile alors que ses compatriotes souffrent et sont persécutés ; c'est ainsi qu'il devient manoeuvre dans une gare de marchandises de Paris. Il connaît alors toute la misère de cette profession mal payée, sans aucun espoir que cette situation s'améliore ; sans ami et sans soutien dans cette grande ville étrangère, il se lie avec un ouvrier communiste qui de-vient son meilleur camarade et lui apprend à connaître le prolétariat. Une jeune femme poitrinaire dont il s'occupait meurt en lui confiant son fils; une nouvelle vie commence alors pour lui, il va connaître le fardeau et la douceur qu'apporte l'éducation d'un enfant. Quel déchirement quand il lui faudra s'en séparer pour le confier à une vraie famille... Portefaix de Dieu, il a alors mûri et est devenu le « prêtre des humbles » dont il partage le sort misérable. C'est ainsi qu'à force d'amour s'établit la possibilité d'échange entre les hommes. Alors, libre de tous liens, le père DEKROA sollicite et obtient son admission à la Mission ouvrière. Un roman bouleversant où l'on sent que l'auteur, s'il n'est pas prêtre, a connu, lui aussi, la misère du monde ouvrier. Bela JUST, réfugié hongrois, dépeint avec une réalité bouleversante les incertitudes et les doutes, les épreuves matérielles et morales qui ont orienté son héros vers l'apostolat social. Il renouvelle ainsi complètement un sujet déjà très exploité. Son ouvrage construit avec une grande maîtrise est en même temps un excellent roman et un document plein d'intérêt.

Masken

Jaquette du livre Masken - Traduit de l'allemand par Fr. Amédée.

Né à Budapest en 1906, Béla Just appartient à ces écrivains hongrois qui, après la prise du pouvoir par les communistes, renoncèrent à vivre dans leur pays et à occuper un poste officiel, à cause de leur foi et de leurs convictions personnelles. Depuis 1946 et jusqu'à sa mort, survenue prématurément en 1954, il choisit lui-même de s'exiler en France. Les livres de Béla Just sont très étroitement liés à son destin, à son chemin de vie et à ses expériences personnelles. Ils sont témoins d'un esprit entêté qui s'interroge inlassablement sur son existence, sur celle de ses contemporains et de ses coreligionnaires. Comme homme, Just est honnête, sincère et sans compromis dans ses opinions, sévère et impitoyable envers lui-même. Son oeuvre littéraire est empreinte de sensibilité mais dépourvue de toute sentimentalité. Ses dons d'observateur critique et ses exposés qui sont parfois d'une ironie cinglante, portent la marque de son authentique témoignage chrétien. En même temps fidèle et réaliste dans sa description de la misère sociale et morale, Béla Just lève le voile sur ces abîmes de l'humanité sans s'attaquer inutilement au problème du mal et du péché. Derrière les ombres et les souffrances de la vie se profilent le sens du sacrifice, la rédemption et la foi en Dieu. Avec son génie et son talent de narrateur, Béla Just a enrichi, quant à son essence, le roman religieux contemporain.