Sainte Famille — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Sainte Famille

Homélie par Frère Antoine
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Terre cuite de Fr/ Antoine Gélineau - © Abbaye de Tamié

Fête de la Sainte famille de Bethléem

1ère lecture : « Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie » (1 S 1, 20-22.24-28)
Lecture du premier livre de Samuel

Elcana s’unit à Anne sa femme et le Seigneur se souvint d’elle. Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle, « Je l’ai demandé au Seigneur. »
Elcana, son mari, monta au sanctuaire avec toute sa famille pour offrir au Seigneur le sacrifice annuel et s’acquitter du vœu pour la naissance de l’enfant.
Mais Anne n’y monta pas. Elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours. »
Lorsque Samuel fut sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; l’enfant était encore tout jeune.
Anne avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. On offrit le taureau en sacrifice, et on amena l’enfant au prêtre Éli.
Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi pour prier le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose.
Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie. »
Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur.

Psaume : Ps 83 (84)

R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur !

De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers.
Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ;
mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant !

Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore !
Heureux les hommes dont tu es la force :
des chemins s’ouvrent dans leur cœur !

Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ;
écoute, Dieu de Jacob.
Dieu, vois notre bouclier,
regarde le visage de ton messie.

2ème lecture : « Nous sommes appelés enfants de Dieu - et nous le sommes » (1 Jn 3, 1-2.21-24)
Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu.
Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.

Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé.
Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit.

« Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi »(Lc 2, 41-52)
Alléluia. Alléluia.
Seigneur, ouvre notre cœur pour nous rendre attentifs aux paroles de ton Fils. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.

C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis.
Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

© AELF - Paris 2013 

Homélie

Une idée : Ne pas confondre « la sainte famille » avec « le » modèle sociologique d’une famille idéale. Les deux synodes successifs sur la famille ont montré l’impossibilité de proposer un modèle de famille idéal. Le mot lui-même « famille » a mis du temps pour s’imposer aux autres termes usités en ancien français : « parenté », « lignée », « maison »… Avant le XVI° s le mot « famille » désigne les personnes vivants sous le même toit et souvent les seuls domestiques (famulus= serviteur). Ce n’est que récemment que le mot évoque à la fois la parenté et la même résidence, la même adresse. Plus récemment encore la loi française reconnaît plusieurs façons nouvelles de vivre ensemble plus ou moins longtemps. Sans parler des façons de vivre « en famille »sur d’autres continents.

Une image : celle de la « Sainte famille » proposée par l’Eglise : la triade : Jésus, Marie et Joseph. Noter qu’on trouve des peintures célèbres avec Elizabeth et St Jean Baptiste et sans Joseph (tableau de Raphael intitulé « Sainte famille de François Ier » au Louvre) ou la Sainte Famille, sans Joseph, mais avec sainte Anne , symbole des trois générations de Léonard de Vinci, également au Louvre. La sainteté de cette Famille n’est pas un exemple sociologique ni un exemple proposé par l’Église (une fiancée enceinte avant le mariage, un mariage « blanc », un seul enfant !). Ce qui fait la sainteté de cette famille c’est, dans la foi, la relation personnelle de chacune des personnes avec le Ciel, avec le divin exprimée par le rôle des anges qui interviennent séparément pour Marie, Joseph et Jésus. Ces interventions divines inspirent un très grand respect de chacun pour le mystère qui habite l’autre. L’évangile de ce jour en est un exemple. La sainteté s’accommode des limites humaines ! Elle se concrétise par l’acceptation de ne pas tout comprendre, par une confiance et une obéissance réciproque entre les personnes. La Sainte Famille illustre ainsi une façon nouvelle de nous aimer les uns les autres.

Un sentiment : celui d’un inachèvement. Nous oublions souvent que la création est en devenir, saint Paul la compare à un accouchement. Le modèle familial encore inexistant est en avant de nous comme l’est ce que la liturgie appelle « le salut du monde », c’est-à-dire la création achevée, la volonté du Créateur réussie. Nous sommes créés pour être heureux. Pas encore sur terre mais c’est notre vocation. Ce que Jésus nous demande c’est d’apprendre à vivre en frères donc de reconnaître que nous avons un Père commun qui nous invite à partager,, dès maintenant, sa vie divine avec le Fils et dans l’Esprit. C’est ce que Jésus est venu nous révéler en venant sur terre vivre divinement notre condition humaine et en nous donnant son Esprit pour que nous devenions capables nous aussi de vivre cette fraternité impossible sans son secours. La mondialisation nous rapproche les uns des autres mais ne fait pas de nous des frères et des sœurs. Nous sommes nés, il nous faut renaître, comme Nicodème, en faisant confiance à ce que nous dit Jésus : « Qui est ma mère, mon frère, ma sœur ? Autrement dit : « ma famille » ? « c’est vous qui écoutez ma parole et qui la mettez en pratique ».

Une anecdote pour terminer. Un couple fête ses 50 ans de mariage. Une des petites filles dit à ses grands parents : « Je ne trouverai jamais quelqu’un qui veuille vivre 50 ans avec moi ». Réponse du grand père : « Ça ne se trouve pas, ça se fabrique, au jour le jour ! ».

Voulons-nous participer à la fabrication de la nouvelle et sainte famille proposée par Jésus ?