Chronique de Février — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Chronique de Février

Chronique de Tamié - Février 2006


Mercredi 1 : Constitution 27 statut - La simplicité - La beauté et la simplicité ne vont pas toujours exactement avec une économie de moyens. L’écologie est un respect de la création et du travail des hommes, il y a une démarche morale. La simplicité ne concerne pas seulement le matériel. Il y a une simplicité du regard, du langage. La vraie simplicité pour le moine est d’avoir comme but unique l’amour de Dieu et des Frères.

Jeudi 2 : Les ouvriers ont terminé de décrépir la cave sous le cloître du chapitre, ils l’ont nettoyé au jet sous-pression et attendent qu’elle sèche avant de crépir. Le tout sera terminé le 24.

Vendredi 3 : Constitution 28 - Le jeûne - Il fait partie de l’ascèse dans la voie cistercienne : des moyens à adapter pour une purification intérieure, pour incarner la spiritualité, pour une plus grande liberté. La valeur de l'ascèse est niée ou confondue avec des pratiques qui mortifient le corps à cause de la sexualité. Or l'ascèse fondée sur une anthropologie biblique, envisage l'homme dans son unité : à la fois esprit, âme et corps. L'âme ne peut se sanctifier sans le corps.

Dimanche 5 : Fr. Didier pour le chapitre du matin part du livre de Fr. Roger de Taizé : Pressens-tu le bonheur ? « Ma grand-mère maternelle a découvert intuitivement comme une clé de la vocation œcuménique et elle m’a ouvert une voie de concrétisation. Après la première guerre mondiale elle était habitée du désir que personne n’ait à revivre ce qu’elle avait vécu : des chrétiens s’étaient combattus par les armes en Europe, qu’eux au moins se réconcilient pour tenter d’empêcher une nouvelle guerre. Elle était de vieille souche évangélique mais accomplissait en elle-même une réconciliation, elle se mit à aller à l’église catholique, sans pour autant manifester de rupture avec les siens. Marqué par le témoignage de sa vie, et encore assez jeune, j’ai trouvé à sa suite ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque. »
Père Abbé commence par nous donner des nouvelles de Meymac, au diocèse de Tulle : la cérémonie d’érection en prieuré autonome avec lecture de l’acte officiel, changement de stabilité par les moniales. Le monastère est un ancien château avec une grande propriété, les soeurs ont su établir des cultures, particulièrement de myrtilles et fabriquent des confitures. L’économie est saine et elles ont pu financer la plus grande partie des travaux de transformation.

Mercredi 8 : Cst 29 - La séparation du monde - Au Chapitre général de 2005, la Cst a été réétudiée et est devenue « La solitude monastique ». Le nouveau texte reconnaît la particularité de notre clôture avec un espace important pour l’accueil. Le monastère est un lieu de solitude et de communion. Ne pas rechercher par d’autres moyens des sujets de distraction.

Vendredi 10 : P. Didier - Frère Roger de Taizé (suite) : Seule la rencontre avec Dieu tonifie, présence qui est amour. Manifester la bonté de Dieu autour de nous. Comprendre l’autre, non le condamner.

Samedi 11 : Le soir René Rey, Fils de la Charité qui vécut 6 mois de stage parmi nous, nous parle de son ministère de curé d’Argenteuil. Pendant l’automne, il y eut des manifestations de violence de la part des jeunes de certaines banlieues ; peu dans son secteur, il y a un tissu associatif assez serré avec 75 ou 80 adultes, les Salésiens y animent aussi un centre pour les jeunes. Il y a 25 à 30 000 habitants en situation difficile. L’espérance manque dans les communautés, il y a un risque de cloisonnement entre les groupes différents. L’Église fête les 40 ans de la création des nouveaux diocèses de la région parisienne, occasion de révision de vie : ce qui a été fait, quelles sont les questions des communautés, comment y répondre.

Dimanche 12 : Le matin, Père abbé reprend un article de Vies consacrées 2006-1. Comment la vie consacrée est-elle vue de l’extérieur ? (Michelina Tenace) C'est Dieu qui appelle ; en cela consiste l'égale dignité des réponses : toutes les réponses sont faites à Dieu. La qualité de la réponse, et non pas le contenu formel de la réponse, voilà ce qui révèle la différence entre les personnes, sachant que toutes sont appelées à la sainteté. (...) Je suis libre, non pas quand je dis ou fais telle chose, mais quand je suis en état de répondre «oui, oui» ou bien «non, non », et quand je peux agir de manière conforme à ce oui ou bien à ce non. La théologie nous dit bien que le point culminant de la liberté réside dans le oui à l'amour qui est l'unique réalité de la vie humaine où, de manière libre, on renonce à la liberté. Grande antinomie de l'amour : l'amour est libre (je ne suis pas obligé d'aimer), mais aussi l'amour n'est pas libre (je ne peux pas ne pas aimer). (...) Ce qui anime la communion dans la vie consacrée, c'est l'acceptation de l'autre tel qu'il est, la foi en sa vocation, l'exercice d'une miséricorde sans condition pour tous. La communion passe par l'effort d'une reconstruction douloureuse de l'unité, cette unité qui a été détruite par le péché et elle suppose que chacun librement adhère à l'autre. La communion n'est ni un bien psychologique ni une valeur sociologique. C'est le fruit de la foi, de la conversion, du pardon, du sacrifice dans l'amour. La communion est donc l'expression la plus forte de la divinisation et de l'accomplissement d'une vocation.
Fr. Alain est chez les Assomptionnistes de St-Sigismond pour une rencontre fraternelle entre les membres des différentes communautés religieuses, à l’occasion de la journée de la vie consacrée, le 2 février, temps de prière, de partage.
Le soir, Père Abbé nous retrace ce que fut la réunion informelle de supérieurs à Igny autour de notre Abbé général. Faire confiance en la Providence, mais ne pas s’endormir. Il vaut mieux risquer un changement que de ne rien faire. La prudence n’est pas lenteur. L’important est la croissance des personnes.

Mardi 14 : P. Abbé est à Belmont avec les supérieures de communautés contemplatives du diocèse : bénédictine et carmélite, autour de l’archevêque.

Samedi 18 : Le groupe des Slovaques de l’été dernier organise chez eux une conférence sur leur expérience à Tamié.

Dimanche 19 : Fr. Gaël gagne Paris pour présenter ce qu’il a déjà rédigé de son mémoire à l’Institut de Liturgie. Retour mercredi.

Lundi 20 : L’après-midi arrivé de Fr. Jacob, moine orthodoxe du Liban, pour quelques jours. Fr. Boutros l’avait fortement encouragé, s’il passait dans les Alpes, de faire un crochet par Tamié. Il sera parmi nous jusqu’au 1er mars.
Fr. Nathanaël va chercher un camion frigorifique, grande capacité pour y ajouter nos fromages et monter à Paris jeudi en vue du Salon de l’Agriculture. Fr. Patrice ira trois jours le remplacer.

Mardi 21 : Cst 29 - La solitude monastique (suite) - Pour chercher la face de Dieu, nous prenons un moyen, la clôture monastique. Nous en sommes mutuellement responsables, elle est à vivre de l’intérieur, tout en permettant un accueil selon le charisme de notre Ordre ; se rendre étranger aux manières du monde, tout en étant du monde : traiter de façon monastique les problèmes du monde.

Mercredi 22 : Retour de Fr. Gaël le soir - Deux reporter de France-Inter sont dans nos murs pour une émission d’une heure le dimanche à 23 h : Histoires possibles et impossibles, sur des thèmes très variés, ils en préparent une sur la vie et le travail des moines.

Jeudi 23 : A 16 heures, rencontre avec Bayard Service et P. Abbé, Fr. Didier, Fr. Philippe, Fr. Patrice et Fr. Jean-Bénilde, sur le site internet nouvelle mouture : revoir le projet de la page d’accueil, définir le contenu, prévoir un calendrier.
Les reporters de FI présentent leur travail : le producteur est concentré sur les questions à poser, le preneur de son doit retransmettre à l’auditeur l’esprit d’un lieu ; au montage, il faut définir un fil conducteur en fonction de l’idée de départ, des éléments réunis, combiner les interviews, la musique, les commentaires ; il faut s’adapter au style de la station, de l’émission. La radio laisse une grande part d’imagination à l’auditeur, ce que ne permet beaucoup moins la télévision. « Il est plus difficile de réaliser une émission de radio que de télévision. »
Vendredi 24 : Cst 29 - La solitude monastique (suite) - Participer à la prière solitaire de Jésus. Le Chapitre général désire que la législation soit la même pour les moines et les moniales.

Samedi 25 : Ouverture du Salon de l’Agriculture et des industries agro-alimentaires, sans volaille, à cause des risques de « grippe aviaire ». Fr. Nathanaël, aidé par Vincent et Claude, y fait goûter et vend une tonne de petits tamiés. La morosité de la participation se ressent sur la vente.
Le soir Fr. Gaël fait le point sur son Mémoire sur L’Eucharistie à Tamié, de 1960 à 1981. Il présente la célébration avant la réforme, analyse la première concélébration, précise la mise en œuvre les années suivantes et propose ce qui reste à faire ; des documents d’archives, des plans d’aménagement successifs de l’église formeront les annexes. Il pense pouvoir le présenter en juin.

Dimanche 26 : Père Abbé au chapitre du matin résume une conférence donnée par l’Abbé général au dernier chapitre général. Pour beaucoup nous vivons une période difficile. « Ce moment peut être une occasion merveilleuse qui nous est offerte pour nous rénover et pour vivre en plénitude. Alors nous pourrons rendre témoignage au Dieu de Jésus Christ. [... Nous avons] à comprendre la kénose de Dieu : son dépouillement et son abaissement qui se terminent en exaltation glorieuse ; humiliation suprême qui manifeste un amour qui se donne, sans rien demander en échange. (...) Notre témoignage de Dieu consiste précisément dans la réponse que nous donnons à la question du Seigneur: Pour vous, qui suis-je ? Et pour que notre témoignage soit convainquant et motivant, il doit s’appuyer sur notre propre vie. La recherche de Dieu est le sens et le but ultimes de notre existence. Toute notre vie est un chemin vers la rencontre amoureuse de Dieu.

Lundi 27 : P. Jacob nous remercie de notre accueil, il part mercredi matin. Il nous présente son monastère St-Georges au Liban : ils sont 6, la communauté a été fondée il y a une cinquantaine d’années, par un moine syrien. Alors qu’il n’y avait plus de moines au Liban, actuellement, il y a une quinzaine de monastères de moines et de moniales orthodoxes. Après le lever est à 3h20, chacun dans sa cellule effectue ce qu’il a déterminé avec son père spirituel : prières, psaumes, métanies, lecture, prière de Jésus, jusqu’à l’office à l’église en commun à 5h. Du jeudi au dimanche, les fidèles peuvent venir au monastère, surtout pour rencontrer un père spirituel et il y a beaucoup de demandes de la part de jeunes ; des veillées de prières sont organisées plusieurs fois par an, à partir de 21 h, pendant 4 ou 5h et il y a affluence, dans certains monastères où les moines sont nombreux, ce peut être toutes les semaines. Leur carême commence lundi 6 mars et Pâques sera le 23 avril cette année. Au Liban, les moines ne sont pas sous le contrôle du gouvernement comme dans les autres pays et ils peuvent écrire des livres, en traduire et les éditer et prêcher librement.
La santé de P. Benoît se détériore. Il ne peut plus se lever seul et garde la chambre.

Mardi gras 28 : Cst 29 - La solitude monastique (suite) - L’abbé est garant des relations que les Frères entretiennent avec les personnes du dehors. Un discernement communautaire et personnel s’impose aussi pour l’utilisation des moyens de communication. Il convient d’avoir des convictions et d’être aidé par les choix de la communauté.
Le texte de l’interview de P. Anthelme est parue dans le numéro de Vie chrétienne, n° 516, de mars 2006 : Dieu compte sur moi pour sa joie.