Homélie - Épiphanie — Abbaye de Tamié

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Homélie - Épiphanie

Par Frère Jean
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Homélie pour l'Épiphanie du Seigneur

Is 60, 1-6 - Ep 3, 2-6 - Mt 2, 1-12

Que l’Étoile de la Foi vous guide sur le chemin de l’Espérance et que sa lumière se communique à ceux qui vous entourent !

Homélie

            En écoutant cet évangile des Mages venus d’orient on aurait la tentation d’en rester à une belle histoire qui fait rêver. Une histoire d’une autre époque qui ne nous concernerait pas.

Combien de nos contemporains sont tentés de justifier leur scepticisme ou leur rejet de l’Évangile au nom de leur savoir ou de leur science (souvent très relatifs) ! Que penserait-on de quelqu’un qui dirait devant les Fables de Lafontaine : « C’est un doux rêveur ce Lafontaine, a-t-on déjà entendu des animaux parler ? » Ou bien devant le Petit Prince de Saint-Exupéry, qui n’y verrait qu’une histoire infantile ?

De même il nous faut entrer dans la manière d’écrire de St Matthieu et de son époque pour saisir et découvrir tout le contenu et la richesse du message qu’il veut nous transmettre dans cet évangile de Jésus-Christ.

            De plus les deux premières lectures que l’Église a choisies de nous faire écouter aujourd’hui veulent nous aider à comprendre le message de cet évangile.

            Le Prophète Isaïe nous rapporte cette Parole d’Espérance que Dieu lui avait confiée pour son Peuple. Matthieu va s’appuyer sur cette prophétie pour décrire la réalisation des Promesses de Dieu en Jésus Christ :

            « Elle est venue ta Lumière et la Gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Les Nations (tous les peuples) marcheront vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton aurore… Tous les gens de Saba viendront apporter l’or et l’encens et proclameront les louanges du Seigneur ».

            Dans la deuxième lecture St Paul révèle (dévoile), toute la porté du même enseignement, mais dans un langage plus directe :

            « Les païens (c’est-à-dire tous ces hommes extérieurs au peuple de la Première Alliance), tous les hommes sont associés au même héritage, au même Corps du Christ, au partage de la même Promesse dans le Christ par l’annonce de l’Évangile ».

            Ainsi dans les deux premiers chapitres de son Évangile Matthieu condense l’enseignement de la vie de Jésus et le sens de sa mission. C’est ainsi qu’il développera tout au long de l’Évangile : « Ce Jésus de Nazareth est bien le Messie annoncé par la Loi et les prophètes ». Il est « d’abord » venu sauver les enfants de son peuple Israël. Cette priorité il la rappelle plusieurs fois. Mais le message du Christ est destiné à tous les hommes à qui le Peuple de Dieu doit le transmettre. Cependant les responsables du Peuple élu ne l’ont pas reconnu. St Jean dira : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11).

Ainsi cette Bonne Nouvelle de cet Amour dont Dieu aime tout homme, cette Parole, ce Verbe de Dieu qui a pris chair en Jésus Christ, le Grand Prêtre et le Sanhédrin, responsables du Peuple de Dieu ne le reconnaissent pas comme étant le Messie attendu, et pourtant ils vont bien accomplir leur mission en le « livrant » aux païens en la personne de Pilate.

            Il nous faut bien noter que l’évangile que nous avons entendu nous a parlé de Mages et non pas de Rois-mages, ce n’est qu’à partir du cinquième siècle qu’ils seront « habillés » de ce titre. Les hommes qui arrivent à Jérusalem cherchant à voir le roi des juifs qui vient de naître, ce sont des mages, des astrologues un peu magiciens tels que l’on en trouvait à Babylone et plus encore à l’est de Babylone et donc essentiellement des « païens » avec toute la défiance et le mépris qui accompagnaient ce nom, que l’Écriture désigne également par « les Nations ».

Or tout au long de l’Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu, ces « nations », ces païens méprisés seront représentés par le centurion romain dont la Foi émerveille Jésus, la cananéenne des petits chiens sous la table, ce lépreux samaritain qui est le seul des dix lépreux guéris à revenir pour rendre grâce au Seigneur, le centurion du Golgotha qui s’écrie à la mort de Jésus : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu ! ». De plus, tout au long de son Évangile, Matthieu va souligner la nécessité d’avoir un cœur de pauvre pour pouvoir reconnaître les dons de Dieu : « Je te loue Père, dit Jésus, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25). Ainsi ce sont les « petits » comme Marie et Joseph, les bergers, et les méprisés comme les publicains, les pécheurs et les Mages étrangers, dont on ne tient pas compte de ce qu’ils disent, qui vont reconnaître en ce Jésus un Signe de Dieu. Tandis que le puissant Hérode, les « installés » de Jérusalem ou de l’hôtellerie de Bethléem ne se dérangent pas. Les scribes savent et indiquent où doit naître le Messie, ils transmettent la Parole des Prophètes, mais ils ne l’accueillent pas pour eux, et eux non plus ne se dérangent pas. Mais tous ceux qui reconnaissent en Jésus l’Envoyé de Dieu, qu’ils soient juifs ou païens, ne peuvent pas « repartir par le même chemin ».

Ce récit de la visite des Mages nous interpelle sur notre manière de rechercher le Sauveur.
- Le cherchons-nous, comme Hérode, pour nous servir de lui, ou pour l’éliminer s’il nous dérange ?
- Le cherchons-nous comme les scribes, les pharisiens ou autres « bien-pensants » de Jérusalem, installés dans leur « savoir » ou leur pratique tranquille ? Mais sans véritable disponibilité aux appels imprévus de Dieu ;
- Ou bien comme les Mages, qui se laissent conduire par l’Espérance loin de leurs pays, loin de leurs sentiers battus ?

Comme eux acceptons-nous de nous dépouiller de toutes formes de sécurités que procure le monde?
-  l’or, symbole de la richesse ;
- l’encens symbole des honneurs que donne le pouvoir ;
- la myrrhe, symbole de la drogue (mêlée au vin elle était donnée pour atténuer les souffrances des condamnés).

- Aujourd’hui encore des êtres humains sont à la recherche d’un Sauveur. Ceux qui rencontrent le Christ là où l’étoile de la Foi les a conduits, sont remplis de joie et ils ne peuvent revenir par le même chemin, leur vie a changé comme ce jeune Rachid qui est baptisé aujourd’hui et qui nous invitait à communier à sa joie, ces jours derniers. Il nous disait comment la Foi de sa grand-mère a été la lumière de l’Étoile qui l’a guidé jusqu’au Christ.

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Sermons de saint Bernard pour l'Épiphanie

Dom Jean Mabillon qui est mort il y a 3 siècles a publié les oeuvres complètes de saint Bernard. C'est la traduction par Charpentier qui est publiée par les moines bénédictins de Port-Valais en Suisse. Il y est signalé la préface de Mabillon.