Homélie Noël — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Noël

Par dom Ginepro

Icône de Fr. Antoine Gélineau

Messe de minuit

1ère lecture : « Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.  Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin.  Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.  Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
  Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »  Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

 

Psaume : Ps 95 (96)

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !
De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !
Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.
Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.
Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.

 

2ème lecture : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé,  la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.  Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété,  attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.  Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

 

Evangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)

Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre  – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.  Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.  Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.  Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
  Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.  Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.  Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.  L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.  Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :  Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.  Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »  Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :  « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Homélie

petit enfant dont nous voulons fêter la naissance, serait-il capable de nous mobiliser, de nous intéresser au point de nous rassembler nombreux, ici, en cette nuit... Mon questionnement, étonné, vient aussi du fait que nous sommes, tous, tellement jaloux de notre temps! On le sait bien : nous répétons tout le temps de ne pas avoir le temps pour telle ou telle autre chose... Pourquoi sommes-nous ici alors ?

Je réfléchis et je crois pouvoir répondre que nous sommes là parce que cet enfant est pour nous une promesse. Ne croyez-vous pas que, en se faisant homme en Jésus, Dieu nous a fait en quelque manière... cadeau de son temps à lui ? Et beaucoup plus, il nous a - donné - son Fils comme notre frère. C'est aussi pour cela que chacun de vous, dans un certain sens, en venant à cette célébration, a voulu donner une partie de son temps pour accueillir, pour fêter Dieu qui se fait homme... Jésus.

Notre présence ici dit que nous voulons, nous pouvons trouver la confiance qui nous est nécessaire pour vivre, au delà de toutes nos déceptions. Voilà pourquoi chacun de nous, avec les nuances qui nous sont propres, a voulu ainsi se ressembler avec d'autres chrétiens pour célébrer cette naissance. Ce n'est donc pas pour une sorte de fuite du réel, pour « oublier le reste », que nous sommes là ; nous ne sommes pas venus pour ouvrir une quelconque petite parenthèse, comme quand, parfois nous allons au cinéma. Non : nous, chrétiens, nous sommes heureux que Dieu ait choisi d'être l'Emmanuel et que ce « Dieu avec nous » nous invite à partager sa vie.

Je peux concevoir facilement qu'en cette nuit chacun de nous porte avec soi son quotidien qui peut être lourd ; les soucis de nos vies ne sont pas effacés pour autant. Mais nous revenons à cette rencontre festive un peu comme on allait autrefois à la fontaine du village : pour le plaisir d'aller vers sa fraicheur, de se retrouver ensemble autour d'elle et de pouvoir y puiser cette eau qui, seule, peut nous faire vivre. Sans doute, chacun de nous est ici, aussi, pour des raisons plus personnelles et secrètes. Ce qui est certain, c'est que nous désirons proclamer ensemble, avec d'autres, le coeur de notre foi pour rentrer chez nous avec une espérance renouvelée!

Même si le monde suit inexorablement son cours, avec son lot d'évènements tragiques (les combats sans merci, les camions-béliers...)? Oui, oui, je le crois : l'Evangile que nous venons d'entendre nous confirme que le Messie, notre Libérateur, est venu pour nous proposer autre chose. Il est venu pour changer radicalement le sens de l'histoire et lui donner un autre aboutissement, une issue qui nous est inconcevable ; il nous propose son salut. Osons-nous l'écouter, l'espérer ? Osons-nous croire à cet inconnu de Dieu ?

La démarche de Dieu qui se fait homme, sa démarche de libération s'étend sur plusieurs étapes : le Verbe de Dieu est venu d'abord dans la faiblesse d'un enfant (et c'est cela que nous rappelons spécialement en cette nuit), il a choisi de s'identifier dans notre réalité humaine, de la vivre pleinement, jusqu'aux extrêmes conséquences. Il est donc passé par la mort, il a été ressuscité par Dieu et il a promis de revenir une dernière fois pour instaurer une plénitude que nous attendons tous et qui nous a été annoncée par lui ; et nous ne serons pas déçus. C'est lui qui le dit. Voilà le noyau de la Promesse dont je faisais allusion. Nous redisons cette foi au cours de nos eucharisties et nous la chanterons ensemble d'ici peu.

Dieu, en son Fils, vient aujourd'hui vers nous, il s'offre totalement à nous ; c'est son cadeaux de Noël pour nous ; voilà le sens de nos petits cadeaux ; il vient comme l'hôte qu'on désirait tellement mais, au même temps, comme quelqu'un d'imprévu. Remarquons-le, il ne vient pas comme on pouvait l'imaginer. Il vient comme un pauvre, fils de pauvres et, par son extrême faiblesse, il nous dit : « sachez-le, c'est dans ceux qui sont comme moi que vous pouvez me retrouver ; c'est en les accueillant que vous m'accueillez. Sommes-nous prêts à accueillir son message, à vivre sa bonne nouvelle ? Si nous le sommes, sa promesse se réalisera pour nous.

 

 

 

 

 

Joyeux Noël à vous tous, amis qui êtes venus célébrer ce jour de la Nativité du Seigneur avec nous, à Tamié.

Le Seigneur Dieu ne veut pas nous laisser seuls, abandonnés à nous-mêmes. Il est venu nous visiter, il est venu nous consoler. Il nous a envoyé, pour cela, son Fils, son unique.

Le pape François a cité, hier, cette prière du moine copte Matta el Meskin :

Le monde est couvert des plaies de blessures douloureuses parce que sa grande maladie est : qui est le plus grand ? Mais aujourd'hui, nous avons trouvé en toi, Seigneur Jésus, enfant de la crèche, notre unique médicament, Fils de Dieu.

Ni nous ni le monde entier, nous ne trouverons ni salut ni paix, si nous ne retournons/revenons pas te rencontrer de nouveau dans la mangeoire de Bethléem. Amen. »

Le Seigneur, aujourd'hui, nous rappelle qu'il nous reconnait comme fils à part entière. Soyons à la hauteur de cette dignité.

Messe du jour

1ère lecture : « Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52, 7-10)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! »  Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion.  Éclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem, car le Seigneur console son peuple, il rachète Jérusalem !  Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu.

 

Psaume : Ps 97 (98)

R/ La terre tout entière a vu le salut que Dieu nous donne.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !
Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !

 

2ème lecture : « Dieu nous a parlé par son Fils » (He 1, 1-6)
Lecture de la lettre aux Hébreux

À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ;  mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes.  Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux ;  et il est devenu bien supérieur aux anges, dans la mesure même où il a reçu en héritage un nom si différent du leur.  En effet, Dieu déclara-t-il jamais à un ange : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ? Ou bien encore : Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils ?  À l’inverse, au moment d’introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que se prosternent devant lui tous les anges de Dieu.

 

« Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous »
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui la lumière a brillé sur la terre. Peuples de l’univers, entrez dans la clarté de Dieu ; venez tous adorer le Seigneur ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.  Il était au commencement auprès de Dieu.  C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.  En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;  la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean.  Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.  Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.  Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.  Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom.  Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.  Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
  Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. »  Tous, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ;  car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.

© AELF - Paris 2013

Homélie