Homélie Avent 4 — Abbaye de Tamié

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Abbaye de Tamié

Homélie Avent 4

Par Frère Gaël

« Tu vas enfanter un fils, Jésus. » (Lc 1, 31) Le récit de l’Annonciation que nous venons d’entendre est archi connu. Nous en faisons mémoire trois fois par jour avec l’Angelus. « Tu vas enfanter un fils, Jésus. » Cette annonce peut-elle encore nous surprendre ? Sans elle, nous ne serions pas chrétiens, pas moines, pas ici pour célébrer le 4e dimanche de l’Avent… ni Noël, ni Pâques ! « Tu vas enfanter un fils, Jésus. » Cette annonce devrait nous surprendre, car comme le disait saint Paul dans la 2e lecture, il s’agit de la « révélation d’un mystère gardé depuis toujours dans le silence, mystère maintenant manifesté…, mystère porté à la connaissance de toutes les nations ». Voilà pourquoi nous est rapporté un moment si intime : l’annonce de la maternité d’une jeune fille vierge, Marie, chez elle à Nazareth. En un instant, Dieu donne à David une « maison », un fils dont la royauté n’aura pas de fin, comme l’ont annoncé Nathan (1ère lecture) et beaucoup de prophètes. Mon homélie pourrait s’arrêter là, mais on me dira qu’elle était trop courte ! Alors je vais vous raconter un spectacle d’oiseaux, il y a un mois quand j’étais au scriptorium : il illustre adéquatement cet évangile, et me permettra d’en souligner une double vérité théologique.

Voici ce spectacle : un soir, levant les yeux de ma lecture, j’aperçois par la fenêtre, au loin, un grand nombre d’oiseaux planant lentement dans le ciel… sans doute des milans, il y en a beaucoup par ici. Puis trois d’entre eux se détachent, plus haut, et volent de l’un à l’autre, dans une danse alerte, magnifique ! J’ai pensé à la Sainte Trinité, dont les trois personnes sont en relation harmonieuse, vivante, affectueuse et libre… Ensuite, j’en vois un, monter seul, très haut, puis d’un coup tomber en piquée comme une pierre. A mi-hauteur, il fait un vol plané, puis fond à nouveau vers le sol sombre, et disparaît à mes yeux. La première descente me fait penser à l’annonce soudaine : « Tu vas enfanter un fils, Jésus », la deuxième à Noël, l’incarnation du Fils de Dieu, l’un de la Trinité, venu se mêler à l’obscurité du péché, de la souffrance et de la mort où se trouve notre humanité. De ce spectacle m’est resté un parfum persistant de liberté. Dieu est libre, c’est la 1ère vérité théologique de ce récit. La 2de, nous pouvons la vérifier dans l’attitude de Marie : l’homme est libre. Elle, la « Comblée de grâce », elle, qui « a trouvé grâce auprès de Dieu », n’a-t-elle pas répondu, bien qu’elle soit fiancée à Joseph, qu’elle aime : « je ne connais pas d’homme ! » Etonnante liberté. Et ensuite, malgré la folie de l’annonce divine, elle a donné son consentement : « que tout m’advienne selon ta parole ». Liberté suprême de la foi.

Frères et sœurs, ne regardons pas cette scène de l’Annonciation comme une image figée par tel ou tel peintre, car nous resterons des spectateurs étrangers. Confrontés à nos limites, à un moment difficile de l’histoire, demandons la grâce d’entrer dans le mouvement de liberté de Marie, dans celui du Fils descendu du ciel, dans la danse de la Trinité, libre et bienheureuse. « Tu vas enfanter un fils, Jésus. » Ce n’est pas une tuile qui lui tombe sur la tête, mais la quintessence de l’amour, de la délicatesse de Dieu pour toute l’humanité !