Homélie de Noël du P. Abbé — Abbaye de Tamié

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Homélie de Noël du P. Abbé

HOMELIE DE NOËL 2020 (JOUR)

 

Un frère charitable (que je remercie) m’a passé un court éditorial de Christian Delorme qui parlait de « l’Arche de Noël ».

Vous avez bien entendu, non pas l’arche de Noé, cette fois-ci, mais l’arche de Noël. Ce n’est pas seulement un jeu de mots, précise-t-il ; dans la crèche, dans cette mangeoire rustique de l’abri qui n’est pas vraiment une maison, il voit un beau symbole d’alliance. Et il ajoute : une arche qui flotte au-dessus de nos vicissitudes humaines très variées et bien réelles.

Autour d’elle se retrouvent un couple de pauvres à qui un abri plus digne a été refusé, et puis des bergers, pauvres parmi les pauvres de leur temps, avec leurs animaux, qui sont là, ces derniers, pour adoucir, on dirait, ce tableau qui est plus idyllique dans sa représentation artistique qu’il ne l’était dans la réalité.

Dans cette mangeoire toute simple un petit enfant est déposé, veillé attentivement par ses parents. Dans cette arche improvisée il y a le salut du monde, le suprême cadeau de Dieu fait aux hommes. Ou, pour le dire autrement, c’est Dieu lui-même qui se fait cadeau pour les hommes. Pas de palais, ni de tapis, ni de fanfare ou des soldats en armes pour Joshua, c’est-à-dire, pour « le Dieu qui sauve ».

Cette nouvelle arche, plus que jamais signe d’alliance, en rappelle aussi une autre, qui contenait, elle, la Torah, autre symbole d’alliance entre Dieu et son peuple dans l’Histoire du Salut. Car on peut trouver des rappels constants, tout au long de cette Histoire bénie.

En contemplant la crèche, nous n’oublions pas l’autre message qu’il nous faut déchiffrer en cette période, cette menace dont tout le monde parle et dont nous nous méfions ; qui nous fait peur.

Et voilà que nous nous demandons comment vivre ce Noël « pas normal », et comment le vivre pleinement. Soyons en sûrs, l’occasion nous est donnée ; elle est là, à notre portée : il ne faut pas chercher très loin, il suffit d’aller vers ceux qui vivent, autour de nous, des situations de détresse, d’émargination, peut-être sans aller trop loin de chez nous.

Voilà le message que cet enfant (infans : ce qui veut proprement dire : « qui ne peut pas parler »). Il ne parle pas, en effet, mais il exprime silencieusement un message clair. Ce même enfant, devenu homme, saint Jean l’appelle : le Verbe, la Parole. C’est lui qui révèlera Dieu aux hommes et aux femmes de son temps et de son pays et, en passant par eux, il nous le révèle à nous, aussi, hommes et femmes du XXI siècle.

Dieu, en Jésus, a montré de la compassion pour nous ; il a partagé notre vie et il est allé jusqu’à mourir, comme nous et pour nous.

Toujours lui, il se fera pain à partager et cela il le fera encore ce matin pour nous, si nous voulons de lui. Car nous pouvons le refuser. Un évêque a dit que le refus de la foi, qu’on appelle aussi « la mort de Dieu » est une autre pandémie qui fait mourir les gens, en leur enlevant l’espérance. Mais celle-là, on la voit moins.

 C’est à retenir.

Joyeux Noël à chacun de vous !