Dédicace de St-Jean de Latran
Dédicace de la basilique de Saint-Jean de Latran à Rome
1ère lecture : La source de vie qui jaillit du Temple de Dieu (Ez 47, 1-2.8-9.12) Psaume : 45 R/ Voici la demeure de Dieu parmi les hommes. Dieu est pour nous refuge et force, 2ème lecture : Vous êtes le temple que Dieu construit (1 Co 3, 9b-11.16-17) Le corps du Christ, nouveau temple de Dieu (Jn 2, 13-22) Évangile de Jésus christ selon saint Jean
© AELF - Paris 1980 Introduction Frères et soeurs, ce dimanche est un peu spécial car chaque année le 9 novembre la liturgie fait mémoire de la dédicace de la basilique du Latran à Rome, l'église cathédrale du pape, successeur de l'Apôtre Pierre. Ainsi nous proclamons et célébrons le lien vital et vivifiant qui unit notre communauté particulière à l'Église universelle, rassemblée autour de Pierre. Cette Église est sainte car elle est animée par l'Esprit Saint qui la sanctifie par les sacrements, mais elle est formée des pécheurs que nous sommes tous, hommes et femmes, faibles, plus ou moins blessés, toujours en chemin de conversion. Homélie
- Frères et soeurs, quel est le sens de la fête que nous célébrons aujourd'hui, l'anniversaire de la dédicace de la basilique du Latran ? Toute église, qu'elle soit monastique ou paroissiale ou cathédrale, célèbre l'anniversaire de sa propre dédicace, c'est-à-dire du jour où elle fut consacrée au culte de Dieu. Pourtant, l'église de notre communauté à chacun, et même l'église de notre diocèse, ne se suffit pas à elle-même. Car, si elle se refermait sur elle-même, elle aurait tôt fait de devenir une secte, une petite chapelle, un monde clos, avec son idéologie religieuse, et parfois même politique, avec son jargon et ses intolérances ; bref, une branche coupée de l'arbre, destinée tôt ou tard à se dessécher. Or, notre Église est catholique, c'est-à-dire universelle. Les diverses églises locales, avec toute la richesse de leurs langues, de leurs traditions, de leurs rites particuliers, ne demeurent pleinement des églises que si elles demeurent ouvertes les unes aux autres, dans l'unité d'une seule église, dont le signe visible est la communion des évêques entre eux, autour de l'évêque de Rome, successeur de Pierre. Mgr. Oscar Romero, archevêque d'El Salvador, en Amérique Centrale, assassiné pendant qu'il célébrait la Messe parce qu'il avait osé prendre la défense des pauvres contre les puissants, écrivait ceci dans son journal, lors d'un passage à Rome où il avait rencontré le Pape : « Je reviens à Rome avec l'émotion de toujours. Rome signifie pour moi revenir au berceau, au foyer, à la source, au coeur, au cerveau de notre Église. J'ai demandé au Seigneur qu'il me garde en cette foi et en cette adhésion à Rome, que le Christ a choisie pour être le siège du pasteur universel, le Pape... Là, sur le tombeau de S. Pierre, j'ai récité le Credo des Apôtres en demandant au Seigneur la fidélité et la lumière pour croire et prêcher la même foi. » Voilà le sens de la fête que nous célébrons aujourd'hui. Et les trois lectures que nous avons entendues nous donnent de précieuses lumières sur le mystère de l'Église. Elles sont, toutes les trois, scandées par un mot qui revient en chacune comme un leitmotiv : le mot « temple ». Dans la première, tirée de l'Ancien Testament, le prophète Ézéchiel, qui a été le témoin de la ruine du Temple de Jérusalem, a la vision du Temple futur, d'où jaillit l'eau vive et vivifiante, figure du baptême à venir. L'évangile, lui, nous montre l'accomplissement de cette prophétie dans et par le Christ : « Le Temple dont il parlait, c'était son corps. » Le corps du Christ ressuscité est le centre du culte nouveau en esprit et en vérité, le lieu de la présence divine, le temple spirituel d'où ruisselle l'Esprit-Saint, source d'eau vive jaillissant en vie éternelle. Or, comment le Christ ressuscité nous transmet-il la vie divine de l'Esprit ? Avant tout par les sacrements, autrement dit par la médiation de l'Église ; voilà pourquoi nous aimons nos églises et nous célébrons la fête de leur dédicace. Car c'est dans ces maisons de Dieu que nous recevons le baptême et la confirmation, qui font de nous les enfants et les témoins de la grâce ; c'est là que nous recevons, sinon matériellement, au moins par le désir, le Corps et le Sang du Christ, cette nourriture aussi nécessaire à notre vie spirituelle que le pain quotidien est nécessaire à la vie de nos corps ; c'est là que nous recevons le pardon du Seigneur, qui refait de nous ses amis, toujours infidèles et toujours réconciliés ; c'est là que bon nombre d'entre nous ont consacré leur amour par le sacrement du mariage, ou par le sacrement de l'ordre, ou par la profession religieuse ; c'est là enfin que notre corps recevra la dernière bénédiction, lorsqu'il nous faudra partir pour le grand voyage de l'éternité. Mais, bien sûr, nos églises de pierre n'ont de sens que par la communauté chrétienne qui s'y rassemble. Sans quoi, elles ne seraient plus qu'une coque vide ou, tout au plus, un monument de notre patrimoine artistique. C'est la communauté des croyants qui est le lieu où le Christ habite en vérité. S. Paul nous l'a déclaré dans la deuxième lecture : c'est vous qui êtes le temple de Dieu et l'Esprit de Dieu habite en vous. Ainsi, les trois lectures de cette Messe, le prophète Ézéchiel, l'apôtre Paul et l'évangile, nous font contempler le mystère de l'Église en toute sa beauté, tel qu'il se déploie dans l'histoire de notre salut. Elles nous conduisent de l'ombre et de la figure - le Temple de Jérusalem - à la réalité, au Temple véritable : le corps du Christ ressuscité, dont nous sommes les membres, puisque nous aussi, grâce à notre baptême, nous sommes devenus le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en nous.
|