Homélie - 2 novembre — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - 2 novembre

Par Frère Raffaële
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Homélie pour la journée de commémoraison des morts

Mt 12, 18-27
Dieu est le Dieu des vivants, non des morts

            Traiter une réalité extra-terrestre telle que la résurrection comme s'il s'agissait d'une réalité purement terrestre est une erreur grossière. Les Sadducéens comme tous les matérialistes sont tombés dans le piège. Jésus qualifie la résurrection de réalité supérieure à la vie terrestre et il la représente comme une relation vitale et vivifiante avec Dieu. La résurrection n'est pas chose de ce monde, elle ne doit pas être pensée à partir de la vie terrestre. Elle est une nouvelle création, elle est tout entière l'oeuvre de Dieu. "Dieu est le Dieu des vivants". Pour réfuter l'argument fondamentaliste des sadducéens qui ne reconnaissent comme Écriture inspirée que le Pentateuque et l'interprètent d'une façon strictement littérale, Jésus est obligé d'étayer sa position à partir des livres de Moïse. Il le fait d'une manière étonnamment simple et par le fait même grandiose. Il renvoie à la notion mosaïque de Dieu, à la présentation que Dieu fait de lui-même à Moïse dans le Buisson ardent : "Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob" (Ex. 3,6). C'est dire que les hommes que Dieu a appelés sont devenus ses amis, ils lui appartiennent. Ce serait faire de Dieu un dieu des morts et donc prendre à contresens la notion de Dieu tel qu'il se révèle dans l'Ancienne Alliance que de déclarer morts ceux qui appartiennent à celui qui est la vie et la source de la vie. L'alliance que Dieu a conclue avec les Patriarches demeure jusque dans la vie éternelle, car la fidélité de Dieu est pour toujours. La mort ne saurait y mettre un terme.
            Ainsi, notre immortalité provient de l'action salvatrice de quelqu'un qui nous aime et qui a la puissance nécessaire pour la réaliser. "N'êtes-vous pas dans l'erreur, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu ? "dit Jésus aux Sadducéens. Si l'homme ne peut plus être totalement anéanti, c'est parce qu'il est connu et aimé de Dieu. "L'amour est plus fort que la mort, c'est un feu divin" nous dit le Cantique des cantiques (Ct 8, 6). S'il est vrai que tout amour veut l'éternité, l'amour de Dieu va bien plus loin ; non seulement il veut l'éternité, mais il la réalise et il l'est lui-même. La foi en la résurrection est nécessairement impliquée par la foi en Dieu même. Ainsi la grande simplicité de la foi primitive d'Israël n'est pas déformée par la croyance en la résurrection, comme le prétendent les Sadducéens, mais elle est approfondie grâce à un meilleur éclairage. La foi reste simple : foi en Dieu  mais, par cet approfondissement, elle devient plus pure, plus juste et plus riche tout à la fois. Dieu lui-même la communion avec lui, voilà la vie.
            Adhérer à lui, être appelé par lui, c'est cela entrer dans la vie indestructible. Ainsi ceux qui l'aiment et sont aimés de lui ne sauraient mourir pour toujours. "Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants." Aussi pouvons-nous nous écrier avec saint Paul, pleins d'espérance pour nos défunts et pour nous-mêmes : "Mort où est ta victoire ?" Mort, où est ton aiguillon. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ". (1 Co 15, 55 et 57)