La Transfiguration — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

La Transfiguration

Par Frère Raffaële
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Homélie pour la fête de
la transfiguration du Seigneur

(Luc 9,28-36)
 

Jésus transfiguré. Son visage, d'abord si familier, bientôt tragiquement défiguré, nous apparaît aujourd'hui avec un éclat inattendu. Visage de Jésus, devenu icône d'une extraordinaire révélation.

C'est bien leur maître et leur ami, mais c'est aussi un tout Autre que les disciples découvrent et contemplent, effrayés. Une fois de plus, Pierre est pris au dépourvu et ne sait que dire. Les évangélistes semblent le disqualifier : « Il ne savait pas ce qu'il disait. » Mais qu'aurions-nous bredouillé à sa place ?

Le récit de la Transfiguration n'a rien d'un reportage, nous disent les exégètes ; tout nous porte à croire qu'il s'agit, non d'un compte-rendu scrupuleux, mais d'un texte recomposé après la Résurrection de Jésus. Pourtant, il n'est pas nécessaire de juger qu'il s'agisse uniquement d'une mise en scène théologique, sans fondement historique.

En nous rappelant le souvenir de la Transfiguration, les évangélistes nous disent leur foi et en même temps annoncent l'éblouissement de Pâques pour les communautés chrétiennes qui, tout en vivant de l'Évangile, vivent avec le Ressuscité, mais sans cet éblouissement ; parfois même dans l'obscurité ou la persécution.

Tant de lumière et de feu, nous disent les évangélistes, n'ont pas détruit l'humanité du Fils de l'homme au profit de quelques signes dans les nuages ou de quelques manifestations cosmiques - éclair et tonnerre - du Dieu de majesté.

Non, dans cette gloire pascale entrevue au sommet de la montagne, Jésus reste un homme ; c'est même cette humanité qui, par la présence de l'Esprit dans son coeur, est magnifiée comme de l'intérieur.

Homme, et homme pour toujours, en entrant dans la gloire Jésus transfiguré ne se dérobe pas au temps. L'histoire est là tout entière : la mémoire d'Israël avec Moïse et Élie, mais aussi l'avenir, notre destin ultime transparaissant soudain dans la lumière de Pâques.

La vie en plénitude nous est offerte par delà notre mort terrestre, et par notre mort acceptée dans la foi nous pouvons parvenir à cette lumière sans déclin : éclatante beauté qui rayonne sur le monde. Aimons cette beauté et célébrons-la en remettant notre vie entre ses mains.