Homélie - 3ème dimanche de Pâques — Abbaye de Tamié

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Homélie - 3ème dimanche de Pâques

Par Frère Jean
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Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques

Jn 21, 1-19



Introduction

En ce temps de Pâques le Christ ressuscité et vivant vient ranimer notre espérance. Il vient nous renouveler dans notre mission de témoins de son Amour pour tous les hommes. C'est ce que va nous rappeler l'eau baptismale que nous allons recevoir au début de cette Eucharistie.

Homélie

        Après sa Résurrection, au matin de Pâques, Jésus s'est manifesté à Marie-Madeleine et à une autre Marie et leur a dit : « Ne craignez pas ! Allez annoncer à mes frères qu'ils doivent partir pour la Galilée et là ils me verront ». Cependant, comme nous l'avons entendu les deux dimanches précédents, avant leur départ pour la Galilée, Jésus ressuscité s'est manifesté plusieurs fois à ses Apôtres à Jérusalem.

        L'évangile que nous venons d'écouter confirme la présence des Apôtres en Galilée, pour le moins en ce qui concerne Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, Jacques et Jean et deux autres disciples. Bien qu'étant originaires de plusieurs villages de Galilée, ils sont rassemblés chez Simon-Pierre à Capharnaüm. Il faut faire vivre cette communauté et tout naturellement Pierre a repris son travail de pêcheur, tous viennent avec lui. Ils passent toute une nuit sans rien prendre.

        Au lever du jour ils sont interpelés par quelqu'un qui se trouve sur la plage, (à 100 m ils ne le reconnaissent pas) : « Auriez-vous un peu de poisson ? » Ils lui répondent : « Non » - « Jetez le filet à droite de la barque, vous trouverez ». Ils le jettent et cette fois-ci ils n'arrivent pas à le ramener tellement il y a de poissons. Cela pourrait être un heureux hasard, mais pour Jean, le fils de Zébédée, pêcheurs de père en fils et qui plus est « le disciple que Jésus aimait », pour lui le signe est éblouissant et il dit à Pierre : « C'est le Seigneur ». Déjà au matin de Pâques, dans le tombeau, Pierre n'avait vu que le linceul plié, Jean en entrant, lui « avait vu et cru ». Pierre, même s'il met plus de temps pour comprendre "c'est le Seigneur", avec son impulsivité habituelle, il se jette à l'eau pour arriver plus vite sur la plage.

        Devant celui qui les a interpelés, il y a un petit feu avec du poisson dessus et à côté du pain et il crie à ceux qui sont dans la barque : « Apportez ce poisson que vous venez de prendre ». Ceux-ci tirent le filet jusqu'à la plage et l'homme ajoute : « Venez déjeuner ». Aucun des disciples n'osait lui demander : « Qui es-tu ? ». Ils savaient que c'était le Seigneur. Jésus s'approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que les poissons.

        Après qu'ils eurent déjeuné, Jésus va révéler une autre dimension de sa présence par la manifestation de son Amour créateur. Cet Amour qui va jusqu'au bout, jusqu'au Pardon qui recrée !

        Souvenons-nous après l'arrestation de Jésus. Simon-Pierre avait suivi de loin jusque dans la cour de la maison du grand Prêtre. Il avait déclaré à Jésus, en effet, que jamais il ne le quitterait. Et voilà qu'interpellé par une servante, puis par un garde, puis une troisième fois par un autre homme, chaque fois Simon-Pierre affirme et jure même, ne pas connaître ce Jésus et cela dans le dos même de Jésus, puisque la troisième fois : « Jésus se retournant posa son regard sur Pierre et Pierre se rappela la Parole que le Seigneur lui avait dite : 'Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois'. Pierre sortit et pleura amèrement », comme nous l'avons entendu dans l'évangile du Dimanche des Rameaux (Lc 22).

        Que fait alors Jésus après sa Résurrection ? Jésus commence par l'appeler "Simon, fils de Jean" (Jn 1, 42) comme au jour de leur première rencontre : « Simon, fils de Jean m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Simon-Pierre lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux ». Une deuxième fois Jésus lui dit : « Simon, fils de Jean m'aimes-tu ? » - « Oui, Seigneur, je t'aime tu le sais ». Jésus lui dit : « Sois le Pasteur de mes brebis » Jésus lui dit pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre fut peiné, parce que pour la troisième fois Jésus lui demandait : « Est-ce que tu m'aimes?» et il répondit : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « sois le berger de mes brebis ». Puis il dit encore : « Suis-moi ». Celui qui rapporte ce dialogue parle d'abord de Simon-Pierre, ce n'est qu'après la troisième question de Jésus qu'il l'appelle "Pierre", comme pour signifier que Pierre est ainsi recréé par le pardon de Jésus. Un pardon qui lui manifeste la confiance de Jésus, qui lui redonne non seulement sa place de pierre de fondation de son Église, mais aussi sa mission de « Pasteur de ses brebis ».

        La première lecture de ce jour nous a rappelé comment Pierre et les autres apôtres ont repris le chemin de Jérusalem. Le "Suis-Moi" de Jésus les a conduits à témoigner de la Résurrection du Christ devant le grand Conseil et le grand Prêtre : « Nous sommes les témoins de tout cela, avec l'Esprit Saint que Dieu donne à ceux qui lui obéissent ». Mais le "Suis-moi" de Jésus à Pierre concerne aussi chaque baptisé. Ce témoignage de l'Amour qui va jusqu'au bout, jusqu'au pardon qui recrée, tel que Jésus l'a manifesté à Pierre par son pardon, tout baptisé, à son tour, doit en être le témoin. On parle des racines chrétiennes de l'Europe, mais le plus important est que tous baptisés de ce continent, et nous parmi eux, nous avons à témoigner véritablement d'un tel amour pour tous ceux qui vivent dans ce continent.

        Comme le plus important n'est pas que les mots « Liberté - Égalité - Fraternité » ornent le fronton de nos mairies, mais que ces mots soient vécus par tous ceux qui vont mettre un bulletin de vote dans les urnes.

Comment sommes-nous témoins de cet Amour créateur et recréateur du Christ pour tous les hommes ?