Homélie pour la Chandeleur — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie pour la Chandeleur

Par Père abbé
brassée de cierges

Homélie pour la fête
de la Présentation du Seigneur

           

Je suis frappé par la discrétion de cette fête : pas d’autres témoins que deux vieillards habités par l’Esprit. Que s’est-il passé exactement ? A la fin du récit il est dit Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. Mais ce tout ce que prescrivait la Loi a perdu son importance. Jésus est déjà l’unique sacrifice offert au Père. En ce jour de sa présentation par Marie et Joseph il est déjà l’agneau du sacrifice qui porte le péché du monde. Marie et Joseph, vrais adorateurs en esprit et vérité, offrent cet enfant bien-aimé reçu de Dieu et s’offrent avec lui. Remplis de l’Esprit, Anne et Syméon disent le sens nouveau de ce geste auquel le rappel de l’Exode donne une dimension pascale.

          Jean-Paul II a fait de ce jour la fête de la vie religieuse. J’aime y voir la fête du don. Évidemment le don premier, le don suprême est celui du Père qui nous donne son Fils. Ce don inouï éclaire d’une lumière toute nouvelle notre histoire et la création tout entière qui entre ainsi dans cette filiation éternelle et fait de nous des fils pour le Père. Ce don accepté par Marie à l’Annonciation, reconnu et proclamé dans son Magnificat lors de la Visitation, ce don de Dieu aujourd’hui est offert à Dieu dans son Temple non par le prêtre mais par ce couple et cet homme et cette femme, remplis d’Esprit Saint.   

          Marie entre donc aujourd’hui et nous avec elle dans la dynamique du don en offrant son enfant au Père qui le lui a donné. En signe d’acceptation, Syméon le prend dans ses bras. Il loue Dieu et annonce à Marie qu’elle aura beaucoup à souffrir à cause de cet enfant. L’enfant lui est rendu et ils retournent en Galilée où l’enfant grandissait et se fortifiait.

          Douze ans plus tard dans ce Temple, Marie et Joseph retrouvent Jésus après trois jours de recherche  angoissée. Jésus leur déclare qu’il devait être aux affaires de son Père. Paroles mystérieuses que Marie conserve en son cœur. Ce jour-là encore Jésus lui est rendu mais elle découvre qu’il ne lui appartient plus ; s. Luc croit utile de préciser toutefois que Jésus leur était soumis.

          Enfin viendra le jour terrible où, non au Temple mais toujours à Jérusalem, la ville de David, Jésus lui sera arraché définitivement et lui sera rendu mort. Avant de mourir Jésus donne à sa mère comme fils le disciple et à travers lui tous les disciples qui croiront à sa parole. Le don de Dieu demeure mais s’élargit à tous ceux qui sont appelés à devenir fils du Père. Et Marie accepte et dit oui, c’est toute l’humanité que désormais elle offre au Père comme elle le comprendra quand l’Esprit sera répandu sur elle et les apôtres réunis en un seul corps pour former le temple nouveau, celui que Jésus a rebâti en trois jours après sa mort. Marie est devenue mère de l’Église. Le don alors est total, de la part de Dieu comme de la part de Marie et de l’Église.

          Ainsi en est-il de notre vocation religieuse, du don reçu de Dieu et du don que nous lui faisons de nous-mêmes. Ce don n’est pas exempt de souffrances, mais Dieu demeure fidèle, il nous accompagne jusqu’au don total si nous maintenons le oui de notre annonciation jusqu’à la croix.  

          Par l’eucharistie entrons avec joie  dans ce don de Dieu et de nous-mêmes. Le pain et le vin, fruit du travail des hommes, ont remplacé l’agneau ou les colombes du sacrifice et par nous la foule des hommes et des femmes sont associés au sacrifice pascal du Fils premier-né.