Profession temporaire — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Profession temporaire

Exhortation par dom Victor
Écoute mon fils !
Profession temporaire

Profession de Fr. Baptiste - Tamié 1er janvier 2011

Le futur profès vient devant l’abbé assis et s'agenouille.

L'Abbé l'interroge : Que demandes-tu ?

Il répond : La miséricorde de Dieu et celle de l'Ordre.

Le maître des novices lit le chapitre 72 de la Règle de saint Benoît

Le bon feu qui doit brûler le coeur des moines
Dans le coeur, il peut y avoir un feu mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit loin de lui pour toujours. Il peut y avoir aussi un bon feu qui sépare du mal et conduit à Dieu et à la vie avec lui pour toujours. Ce feu-là, les moines le feront donc passer dans leurs actes avec un très grand amour.
Voici comment : chacun voudra être le premier pour montrer du respect à son frère.
Ils supporteront avec une très grande patience les faiblesses des autres, celles du corps et celles du caractère.
Ils s'obéiront mutuellement de tout leur coeur.
Personne ne cherchera son intérêt à lui, mais plutôt celui des autres.
Ils auront entre eux un amour sans égoïsme, comme les frères d'une même famille.
Ils respecteront Dieu avec amour.
Ils auront pour leur abbé un amour humble et sincère.
Ils ne préféreront absolument rien au Christ.
Qu'il nous conduise tous ensemble à la vie avec lui pour toujours !

Exhortation par le Père Abbé

Ce chapitre 72 est le dernier de la Règle. Tu l’as choisi, Frère Baptiste, comme pour nous dire que tu as eu le temps, au cours de tes deux années de noviciat, de méditer tout le contenu de cette Règle. Ces quelques versets de conclusion correspondent bien au programme que traçait Benoît dès les premiers mots du Prologue. Il y montrait clairement que la vie monastique, pour lui comme pour la tradition qu’il représente, est une vie évangélique, une vie à l’écoute de la Parole de Dieu. C’est d’ailleurs dans le Prologue que tu avais choisi le texte pour ton entrée au noviciat.

            Les premiers mots du Prologue Écoute, ô mon fils…ont comme un goût d’Annonciation. Ils sont une invitation à écouter Dieu dans son cœur, à se convertir à l’Évangile en marchant sur un chemin d’obéissance. Ce chapitre 72 sur le bon zèle, termine la Règle par une invitation pressante à l’amour, à un amour très fervent, ferventissimo amore. Cet amour a plusieurs visages : amour du Christ, amour des frères, amour de prévenance, amour de réponse obéissante, amour de patience, amour d’amitié… Nous pouvons ainsi résumer l’itinéraire que nous tracent les 72 chapitres en ces mots : de l’écoute à l’amour.

            Tu es arrivé à Tamié, Frère Baptiste, le 3 juillet, après avoir parcouru le chemin de Compostelle et tu avais tenu à mettre sous le patronage de saint Thomas, le jumeau, ton entrée en communauté. Or, ce jour-là Jésus te disait dans l’Évangile : Je suis le chemin. Bien vite tu t’es rendu compte que notre vie était un long chemin, tout intérieur celui-là, qui conduit à Dieu. Saint Benoît nous dit que c’est par ce chemin d’obéissance que nous pouvons retourner au Père dont nous nous sommes éloignés par la lâcheté de nos désobéissances.

            C’est en mettant nos pas dans les pas du Christ que nous effectuons ce retour au Père. Si nous reprenons le programme tracé par saint Benoît dans le chapitre que venons d’entendre nous pouvons affirmer que Se prévenir d’égards les uns les autres, rivaliser d’obéissance les uns envers les autres, ne pas rechercher ce qu’on estime utile pour soi mais ce qui l’est pour autrui, Jésus l’a vécu avec ses disciples, lui qui s’est fait le serviteur de tous et leur a lavé les pieds en signe du plus profond amour.

            La fin du Prologue nous orientait vers le mystère pascal, mystère de mort et de résurrection : persévérant dans le monastère jusqu’à la mort nous participons par la patience aux souffrances du Christ pour être admis à partager son règne. Au terme de la Règle, cette espérance est devenue comme une conviction communautaire : ils ne préféreront absolument rien au Christ qui daigne nous conduire tous ensemble à la vie éternelle. Je lis en ces mots une réponse à l’invitation du Prologue lue le jour de ta prise d’habit : guidés par l’Évangile, allons donc par les voies qu’il nous trace pour être admis à voir celui qui nous a appelés dans son royaume.

            Nos Frères de Tibhirine ont mis leurs pas dans ceux du Christ. Ils nous montrent le chemin du plus grand amour et ils nous invitent à les suivre. Les écrits de Christophe te parlent et te guident sur ce chemin de l’amour et du don.

            Tu as éprouvé combien ce chemin parfois peut paraître difficile, voire impossible, mais jamais je ne t’ai senti découragé. Tu as persévéré et ce matin tu t’engages à poursuivre ta marche car tu as entrevu quelque chose de la lumière vers laquelle ce chemin nous conduit. Après plus de deux ans vécus au milieu de nous et après mûre réflexion, tu juges que notre communauté, avec ses qualités, ses faiblesses, ses imperfections, te permet de vivre cet idéal évangélique. Ce matin tu nous dis, en mettant ta confiance non en toi-même mais dans la grâce du Seigneur et le soutien de notre amour fraternel : tout cela j’y crois, tout cela je l’aime, tout cela je le veux !

            C’est pourquoi, avec le rituel, je vais maintenant te poser quelques questions ; elles vont te permettre d’exprimer devant tous la résolution que tu prends librement et que je vais recevoir au nom de l’Église. 

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Les moines se lèvent et l'Abbé assis interroge le futur profès :
Frère bien aimé, tu as été consacré à Dieu par l'eau et l'Esprit au jour de ton baptême, veux-tu, par la profession religieuse, lui être étroitement uni ?
- Oui, je le veux.

Pour suivre parfaitement le Christ, veux-tu promettre obéissance, stabilité dans la communauté et conversion des moeurs ?
- Oui, je le veux.

Veux-tu, dans la voie étroite et exigeante indiquée par la Règle, tendre de toutes tes forces à cet amour de Dieu et du prochain, qui, lorsqu'il est parfait, bannit la crainte, et qui est répandu dans nos coeurs par l'Esprit-Saint ?
- Oui,
avec la grâce de Dieu et le secours de tes prières.

Alors l'Abbé lui dit :
Ce que Dieu a commencé en toi, qu'il le mène à son accomplissement.

R/ Amen.

Ensuite, le futur profès s'agenouille, met ses mains dans celles de l'abbé et dit:

Mon Père, je te promets obéissance selon la Règle de Saint Benoît et le Droit de l'Ordre.

L'Abbé répond : Que Dieu te donne la persévérance.

R/ Amen.

Alors l'Abbé embrasse le nouveau profès.

L'Abbé se lève et dit : Prions. Le nouveau profès s'agenouille.

On prie un moment en silence, et l'Abbé poursuit :
Seigneur, notre Dieu, tu nous vois rassemblés par ton amour pour te rendre grâce de notre vocation et appeler l'Esprit sur notre frère... qui s'engage aujourd'hui, selon ton dessein, à partager notre vie monastique. Donne-lui de te chercher vraiment dans la fidélité et dans la joie; enracine-le dans l'amour de ses frères et soutiens-le aux jours de difficulté ou d'épreuve. Nous te le demandons par Jésus-Christ notre Seigneur.

R/ Amen.

Après cela, on s'assoit et le nouveau profès s'agenouille aux pieds de l'Abbé.
En silence, aidé du Maître des novices, l'Abbé revêt le nouveau profès de l'habit de l'Ordre.