Dédicace de St-Jean de Latran — Abbaye de Tamié

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Dédicace de St-Jean de Latran

Fr. Raffaele
croix - arcabas
Dédicace de la basilique de Saint-Jean de Latran à Rome

1ère lecture : La source de vie qui jaillit du Temple de Dieu (Ez 47, 1-2.8-9.12)
Lecture du livre d’Ézékiel
Au cours d’une vision reçue du Seigneur, l'homme qui me guidait me fit revenir à l'entrée du Temple, et voici : sous le seuil du Temple, de l'eau jaillissait en direction de l'orient, puisque la façade du Temple était du côté de l'orient. L'eau descendait du côté droit de la façade du Temple, et passait au sud de l'autel. L'homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l'extérieur, jusqu'à la porte qui regarde vers l'orient, et là encore l'eau coulait du côté droit. Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l'orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux. En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu'elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d'arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »

Psaume : 45

R/ Voici la demeure de Dieu parmi les hommes.

Dieu est pour nous refuge et force,
secours dans la détresse, toujours offert.
Nous serons sans crainte si la terre est secouée,
si les montagnes s'effondrent au creux de la mer.

Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
Dieu s'y tient : elle est inébranlable ;
quand renaît le matin, Dieu la secourt.

Il est avec nous, le Seigneur de l'univers ;
citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
Venez et voyez les actes du Seigneur,
Il détruit la guerre jusqu'au bout du monde
.

2ème lecture : Vous êtes le temple que Dieu construit (1 Co 3, 9b-11.16-17)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, vous êtes la maison que Dieu construit. Comme un bon architecte, avec la grâce que Dieu m'a donnée, j'ai posé les fondations. D'autres poursuivent la construction ; mais que chacun prenne garde à la façon dont il construit. Les fondations, personne ne peut en poser d'autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c'est Jésus Christ.
N'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous.

Le corps du Christ, nouveau temple de Dieu (Jn 2, 13-22)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. L'heure vient, et c'est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. Alléluia. (Jn 4, 23-24)

Évangile de Jésus christ selon saint Jean
Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment. Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.
Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

 

© AELF - Paris 1980

Introduction

Frères et soeurs, ce dimanche est un peu spécial car chaque année le 9 novembre la liturgie fait mémoire de la dédicace de la basilique du Latran à Rome, l'église cathédrale du pape, successeur de l'Apôtre Pierre. Ainsi nous proclamons et célébrons le lien vital et vivifiant qui unit notre communauté particulière à l'Église universelle, rassemblée autour de Pierre. Cette Église est sainte car elle est animée par l'Esprit Saint qui la sanctifie par les sacrements, mais elle est formée des pécheurs que nous sommes  tous, hommes et femmes, faibles, plus ou moins blessés, toujours en chemin de conversion.
Au seuil de cette messe, nous reconnaissons notre péché et demandons au Seigneur de convertir notre coeur pour que le visage de son Église devienne beau et resplendissant, sans tache ni ride, comme il sied à l'Épouse du Christ, qui l'a aimée et s'est livré pour elle.

Homélie

- Frères et soeurs, quel est le sens de la fête que nous célébrons aujourd'hui, l'anniversaire de la dédicace de la basilique du Latran ?

Toute église, qu'elle soit monastique ou paroissiale ou cathédrale, célèbre l'anniversaire de sa propre dédicace, c'est-à-dire du jour où elle fut consacrée au culte de Dieu. Pourtant, l'église de notre communauté à chacun, et même l'église de notre diocèse, ne se suffit pas à elle-même. Car, si elle se refermait sur elle-même, elle aurait tôt fait de devenir une secte, une petite chapelle, un monde clos, avec son idéologie religieuse, et parfois même politique, avec son jargon et ses intolérances ; bref, une branche coupée de l'arbre, destinée tôt ou tard à se dessécher.

Or, notre Église est catholique, c'est-à-dire universelle. Les diverses églises locales, avec toute la richesse de leurs langues, de leurs traditions, de leurs rites particuliers, ne demeurent pleinement des églises que si elles demeurent ouvertes les unes aux autres, dans l'unité d'une seule église, dont le signe visible est la communion des évêques entre eux, autour de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.

Mgr. Oscar Romero, archevêque d'El Salvador, en Amérique Centrale, assassiné pendant qu'il célébrait la Messe parce qu'il avait osé prendre la défense des pauvres contre les puissants, écrivait ceci dans son journal, lors d'un passage à Rome où il avait rencontré le Pape : « Je reviens à Rome avec l'émotion de toujours. Rome signifie pour moi revenir au berceau, au foyer, à la source, au coeur, au cerveau de notre Église. J'ai demandé au Seigneur qu'il me garde en cette foi et en cette adhésion à Rome, que le Christ a choisie pour être le siège du pasteur universel, le Pape... Là, sur le tombeau de S. Pierre, j'ai récité le Credo des Apôtres en demandant au Seigneur la fidélité et la lumière pour croire et prêcher la même foi. »

Voilà le sens de la fête que nous célébrons aujourd'hui. Et les trois lectures que nous avons entendues nous donnent de précieuses lumières sur le mystère de l'Église. Elles sont, toutes les trois, scandées par un mot qui revient en chacune comme un leitmotiv : le mot « temple ». Dans la première, tirée de l'Ancien Testament, le prophète Ézéchiel, qui a été le témoin de la ruine du Temple de Jérusalem, a la vision du Temple futur, d'où jaillit l'eau vive et vivifiante, figure du baptême à venir. L'évangile, lui, nous montre l'accomplissement de cette prophétie dans et par le Christ : « Le Temple dont il parlait, c'était son corps. » Le corps du Christ ressuscité est le centre du culte nouveau en esprit et en vérité, le lieu de la présence divine, le temple spirituel d'où ruisselle l'Esprit-Saint, source d'eau vive jaillissant en vie éternelle. Or, comment le Christ ressuscité nous transmet-il la vie divine de l'Esprit ? Avant tout par les sacrements, autrement dit par la médiation de l'Église ; voilà pourquoi nous aimons nos églises et nous célébrons la fête de leur dédicace. Car c'est dans ces maisons de Dieu que nous recevons le baptême et la confirmation, qui font de nous les enfants et les témoins de la grâce ; c'est là que nous recevons, sinon matériellement, au moins par le désir, le Corps et le Sang du Christ, cette nourriture aussi nécessaire à notre vie spirituelle que le pain quotidien est nécessaire à la vie de nos corps ; c'est là que nous recevons le pardon du Seigneur, qui refait de nous ses amis, toujours infidèles et toujours réconciliés ; c'est là que bon nombre d'entre nous ont consacré leur amour par le sacrement du mariage, ou par le sacrement de l'ordre, ou par la profession religieuse ; c'est là enfin que notre corps recevra la dernière bénédiction, lorsqu'il nous faudra partir pour le grand voyage de l'éternité.

Mais, bien sûr, nos églises de pierre n'ont de sens que par la communauté chrétienne qui s'y rassemble. Sans quoi, elles ne seraient plus qu'une coque vide ou, tout au plus, un monument de notre patrimoine artistique. C'est la communauté des croyants qui est le lieu où le Christ habite en vérité. S. Paul nous l'a déclaré dans la deuxième lecture : c'est vous qui êtes le temple de Dieu et l'Esprit de Dieu habite en vous.

Ainsi, les trois lectures de cette Messe, le prophète Ézéchiel, l'apôtre Paul et l'évangile, nous font contempler le mystère de l'Église en toute sa beauté, tel qu'il se déploie dans l'histoire de notre salut. Elles nous conduisent de l'ombre et de la figure - le Temple de Jérusalem - à la réalité, au Temple véritable : le corps du Christ ressuscité, dont nous sommes les membres, puisque nous aussi, grâce à notre baptême, nous sommes devenus le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en nous.