Homélie - Annonciation — Abbaye de Tamié

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Homélie - Annonciation

Par Frère Raffaele
vierge visage - arcabas

Homélie pour la fête de
l'Annonciation du Seigneur à la Vierge Marie


- Frères et soeurs, est-il permis de poser cette question : que faisait-elle, Marie, lorsqu'elle reçut l'annonce de l'ange ? L'évangile n'en dit rien. Les grands peintres du Moyen Age et de la Renaissance ont aimé représenter Marie tenant le livre des Écritures ouvert dans sa main. Serait-ce trop beau pour être vrai ? Peut-être, tout simplement, était-elle en train de faire le ménage, ou de préparer le repas ; ou bien, de coudre sa robe de noces : le jour de son mariage avec Joseph approchait. Et pourtant, je crois que les peintres ont eu une intuition très juste et très profonde. Pourquoi ? Parce que, avant d'être mère, Marie est vierge. La virginité à cause de Dieu est - ou devrait être - pleine disponibilité à Dieu, pure écoute et accueil sans réserve de sa Parole. Marie a d'abord accueilli la Parole de Dieu dans son coeur, avant d'être appelée à concevoir la Parole, le Verbe, dans sa chair. S. Augustin a exprimé cela dans une de ces admirables phrases latines dont il avait le secret : Christum prius mente quam ventre concipiens (Serm. 215, 4), « concevant le Christ dans son âme avant de le concevoir dans son sein ».

Aucune créature n'a jamais été, comme Marie, ce pur accueil et cette pure obéissance à l'égard de la Parole de Dieu. C'est pourquoi, lorsque l'ange Gabriel lui annonce le message bouleversant que Dieu lui adresse, Marie peut se faire toute disponibilité : « Que tout se passe pour moi selon ta Parole. » Ainsi, la virginité devient féconde, Marie la vierge devient enceinte de la Parole, du Verbe, et elle peut l'enfanter comme son propre fils et comme le Fils unique du Père.

Mais la vraie grandeur de Marie n'est pas, d'abord, dans sa maternité charnelle. La grandeur de Marie est dans cette adhésion de toute sa liberté, de tout son être, à la Parole de Dieu ; elle est dans ce « oui » que Marie répond au message de l'ange. Alors, et alors seulement, la Parole de Dieu peut s'incarner dans son sein et porter ce fruit merveilleux, Jésus, le Verbe incarné.

Un jour, une femme dira à Jésus : « Heureuse, celle qui t'a porté et allaité ! » Et Jésus de répondre : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ! » (Lc 11, 27-28). Oui, frères et soeurs : c'est là la vraie grandeur de Marie, c'est en cela qu'elle est notre guide et notre modèle. Marie nous enseigne cette écoute, cet accueil aimant, cette obéissance à l'égard de la Parole de Dieu. Car la Parole doit s'incarner et porter du fruit aussi dans notre vie à nous, les disciples du Christ.

Marie, et elle seule, a été la Mère de Dieu dans sa chair : c'est là son rôle unique dans l'histoire du salut. Mais nous sommes tous appelés à accueillir et à enfanter le Verbe dans notre coeur pour le porter au monde. Rappelons-nous cette parole de Jésus : « Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma soeur, ma mère. » (Mc 3, 35) Puisse la Vierge Marie nous obtenir cette grâce. Amen !