Homélie T 28 — Abbaye de Tamié

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Homélie T 28

Par Frère Marco
croix - arcabas
28ème dimanche du temps ordinaire - A

1ère lecture : Le festin messianique (Is 25, 6-9)
Lecture du livre d'Isaïe

Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l'humiliation de son peuple ; c'est lui qui l'a promis.
Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c'est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »

Psaume : 22

R/ Près de toi, Seigneur, sans fin nous vivrons.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : La vraie richesse dans le Christ (Ph 4, 12-14.19-20)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens
Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu'il me faut. Être rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu'il me faut et manquer de tout, j'ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m'aider tous ensemble quand j'étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse, dans le Christ Jésus. Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

Parabole des invités au festin (brève : 1-10) (Mt 22, 1-14)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités : 'Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.' Mais ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : 'Le repas de noce est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.' Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : 'Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?' L'autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : 'Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.'
Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »

© AELF Paris 1980

 Homélie


Nous venons d'entendre la parabole des invités à la noce que Martin Luther définissaient comme « l'évangile de la terreur »...peut-être que certain d'entre nous partage la même opinion.

Cela dit, il est important de ne pas oublier qu'il s'agit d'une Parabole, c'est-à-dire d'un genre littéraire particulier dont le but, à travers des images et un langage particulièrement cru. N'oubliez pas que cela se passe en Orient, dont le but est de « piquer l'esprit des auditeurs », pour les faire réagir, les amener à se poser des questions...

Une lecture plus attentive de cette page évangélique nous fait découvrir qu'il ne s'agit pas d'une parabole mais de deux paraboles que l'évangéliste Mathieu a regroupées dans un seul récit.

La première parabole ...les invités à la noce, concerne davantage le Peuple élu, tandis que la deuxième celle où est question de l'habit de noces concerne l'Église donc nous concerne nous en premier lieu.

C'est donc sur cette deuxième parabole que j'ai décidé de m'arrêter.

Dans cette paraboles deux images : celle du repas de noces et celle du vêtement de noce

L'image du repas du festin de noce cour comme un fil rouge à travers toute la Bible, des prophètes aux écris de la Sagesse, du Cantique des Cantiques aux Évangiles. Ces noces dont il s'agit ne sont autres que celles de Dieu avec l'homme. A travers cette image la Bible nous rappelle que nous sommes tous appelés au bonheur.

L'image du vêtement de noce elle aussi très présente dans la Bible nous parle d'une façon particulière car le jour de notre baptême nous avons été revêtus d'un habit blanc accompagné par ces mots «Maintenant tu as revêtu le Christ, que ce vêtement blanc soit le signe de ta nouvelle dignité » soit le signe de ta vie nouvelle dans le Christ Jésus.

Il est bon de savoir que les souverains orientaux offraient à leurs invités un habit de fête. Oui, ils leur offraient gratuitement un habit de fête pour participer au banquet, d'où la question posé à l'homme qui n'avait pas d'habit : « Mon ami comment es-tu entré ici sans le vêtement de noces ? »

Si l'invitation au banquet de noces ainsi que l'habit pour participer à la fête sont un don absolument gratuit sans aucun mérite de notre part... ce qui nous revient à nous, c'est d'accepter l'invitation à aller à la noce et surtout de revêtir l'habit qui nous a été donné.

Ce revêtir l'habit de fête, voilà notre liberté qui est en jeu, voilà à quoi nous avons à consentir. Nous sommes devant un choix, un choix libre revêtir l'habit de fête ou ne pas le revêtir...

Je pense en particulier à vous qui vous préparez au sacrement de confirmation.

Le jour de votre baptême vos parent\ ont choisis de vous revêtir de l'habit blanc du baptême de la Foi chrétienne. Aujourd'hui c'est à vous de consentir à garder cet habit à vous en revêtir d'une façon libre et conscient ou à vous en dévêtir.

Cet habit, ce vêtement, vous le comprenez bien, c'est un symbole.

Il représente l'Évangile comme le rappelle saint Jérôme : « L'Évangile c'est le vêtement de l'homme nouveau ». Ce vêtement c'est au fond le Christ Jésus, sa vie. Se vêtir du Christ c'est au fond vivre comme lui comme Jésus a vécu, « faire nôtre ses gestes, ses gestes, son regard, être ses mains, avoir en nous ses mêmes sentiments, ses mêmes traits, comme nous le rappelle l'apôtre Paul : « Comme des élus de Dieu et ses bien-aimés, revêtez-vous de tendre compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience, pardonnez-vous mutuellement Col 3,12).

La robe nuptiale c'est « Le visage de Jésus, c'est la douce tendresse, c'est la miséricorde pour tous nos frères et soeurs » (Dom André Louf) non pas une charité quelconque. Parfois des gens paraissent s'aimer entre eux, mais il n'y a point en eux de cette charité, de cette charité vraie qui naît d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi sincère » (Augustin)

Oui, frères et soeurs « nous sommes tous invités à être les convives du Seigneur, à entrer avec la Foi à son banquet, mais nous devons revêtir et conserver en nous l'habit nuptial, la charité, vivre un profond amour pour Dieu et pour notre prochain » (Saint Grégoire le Grand)