Homélies - Noël — Abbaye de Tamié

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Abbaye de Tamié

Homélies - Noël

Par dom Victor

  4 cierges   enfant jésus
Homélie pour la solennité de Noël

 

Messe de la Nuit

1ère lecture : Le prince de la paix (Is 9, 1-6)

Lecture du livre d'Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi.  Tu as prodigué l'allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés. Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l'insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Ainsi le pouvoir s'étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l'amour invincible du Seigneur de l'univers.

Psaume : Ps 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13ac

R/ Aujourd'hui, un Sauveur nous est né : c'est le Christ, le Seigneur !

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

2ème lecture : La grâce de Dieu s'est manifestée (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s'est manifestée pour le salut de tous les hommes.
C'est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d'ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s'est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Évangile : Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie. Aujourd'hui nous est né un Sauveur : c'est le Messie, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre — ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. — Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine. Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d'une grande crainte, mais l'ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. »

© AELF

Homélie 

Nuit de Noël 

        Dieu se tait et les hommes s’habituent à ce silence; certains en concluent même que Dieu n’existe pas. Si Dieu existait, disent-ils, il empêcherait les catastrophes naturelles, il ne permettrait pas que des chrétiens soient massacrés durant la messe dans une cathédrale de Bagdad. Oui, Dieu semble se taire et la fête de Noël pourrait même s’appeler la fête du silence de Dieu. Aujourd’hui Dieu se fait petit enfant, in-fans en latin veut dire : qui ne parle pas.

        Et pourtant quel langage que ce silence de Dieu pour qui sait l’entendre ! Pendant plus de mille ans, des prophètes nous ont transmis le langage mystérieux de Dieu qui sans cesse et sous différentes formes nous redit son grand dessein d’amour pour l’humanité. La liturgie du temps de l’Avent nous a fait entendre le prophète Isaïe, annonciateur lointain d’un Salut apporté par Dieu : consolez, consolez mon peuple…voici que la jeune femme enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, Dieu-avec-nous… Et Dieu nous parle par cet enfant qui ne peut parler. Oui, dit encore Isaïe, un enfant nous est né, un fils nous a été donné, on proclame son nom : Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. Devant ce bébé d’une jeune femme pauvre quel paradoxe que cette annonce : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, le Messie, le Seigneur Dieu ! Voilà comment se révèle à nous, dans un grand silence, l’amour infini de Dieu pour nous.

        Benoît XVI vient de nous offrir un document très riche sur cette Parole de Dieu toujours mystérieuse mais toujours agissante. Ce document, Verbum Domini, débute ainsi : La Parole de Dieu demeure pour toujours…nous sommes placés face au Mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Or, cette Parole est entrée dans le temps, dans notre histoire ; aujourd’hui cette Parole s’est fait chair, Christ est né.

        Toute Parole humaine s’accompagne de silence et n’est bien entendue que dans le silence. Dans sa naissance comme dans sa mort, c’est le silence de Jésus qui nous parle davantage ; ce silence est le langage de l’amour, quand les mots ne suffisent plus et que la personne se donne elle-même, totalement. Et Benoît XVI d’affirmer : Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance. (n.2)

        Dans ce silence de Jésus petit enfant, Dieu nous dit et nous donne sa faiblesse car si l’amour est plus fort que la mort, l’amour est toujours faible et vulnérable devant celui qu’il aime. Jamais aucune autre religion ne nous a parlé ainsi de la faiblesse de Dieu parce qu’aucune religion n’a pu nous révéler que Dieu est Amour, Trinité d’Amour. Dans ce silence de Noël, Dieu s’engage tout entier dans l’alliance qu’il a conclue avec nos Pères. Il devient lui-même en son corps de chair alliance éternelle ; et il récapitule ainsi toute la création pour se l’unir de façon si merveilleuse qu’on a peine à le croire. Cet enfant, né d’une femme, Marie, est porteur de toute la divinité, cet enfant est Dieu.

        Dans ce mystère de Noël Dieu se livre totalement entre nos mains, faible et impuissant au point qu’Hérode cherche à le tuer. Un jour il sera mis à mort sur une croix ! S’il se livre ainsi, c’est pour nous manifester tout l’amour qu’il a pour nous, pour donner un visage humain à cet amour. A Noël la Parole reçue et transmise par les prophètes devient une personne humaine pour nous permettre d’avoir avec Dieu une rencontre personnelle. Son visage est la parfaite icône du Père : qui me voit, voit le Père !

        Cette Parole et ce Visage sont la vraie lumière qui éclaire tout homme. Au cœur de la nuit la gloire du Seigneur a enveloppé les bergers de sa lumière, elle nous enveloppe nous aussi dans cette liturgie ; mais seuls les yeux de la foi peuvent percevoir cette lumière mystérieuse qui donne sens à nos vies, à notre vie de chaque jour. Comme le dit si bien Benoît XVI : La Parole de Dieu nous pousse à changer notre idée du réalisme : la personne réaliste est celle qui reconnaît dans le Verbe de Dieu le fondement de tout. Nous en avons particulièrement besoin à notre époque, où de nombreuses choses sur lesquelles nous nous appuyons pour construire notre vie, sur lesquelles nous sommes tentés de mettre notre espérance, se révèlent éphémères. L’avoir, le plaisir et le pouvoir se manifestent tôt ou tard incapables de réaliser les aspirations les plus profondes du cœur de l’homme. (n.10)

        Cet enfant couché dans une mangeoire est la Parole unique et définitive donnée à l’humanité. Citant s. Jean de la Croix, le pape ajoute : dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu nous a tout dit à la fois et d’un coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire… Car ce qu’il disait par parties aux prophètes, il l’a dit tout entier dans son fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils.

        Accueillons cette Parole silencieuse, croyons à cet amour sauveur et que notre vie en soit transformée.

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Messe de l'Aurore

1ère lecture : "Voici ton Sauveur qui vient" (Is 62, 11-12)

Lecture du livre d'Isaïe

Voici la parole que le Seigneur fait retentir jusqu'aux extrémités de la terre ; Dites à la fille de Sion : Voici ton Sauveur qui vient, le fruit de sa victoire l'accompagne et ses trophées le précèdent. On vous appellera : « Peuple-saint », « Rachetés-par-le-Seigneur », et toi, on t'appellera : « La-Désirée », « La-Ville-qui-n'est-plus-délaissée ».

Psaume : Ps 96, 1.6, 11-12

R/ La lumière aujourd'hui a resplendi sur nous : un Sauveur nous est né !

Le Seigneur est roi ! Exulte la terre !
Joie pour les îles sans nombre !
Les cieux ont proclamé sa justice,
et tous les peuples ont vu sa gloire.

Une lumière est semée pour le juste,
et pour le cœur simple, une joie.
Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes ;
rendez grâce en rappelant son nom très saint.

2ème lecture : Dieu a manifesté sa tendresse pour les hommes (Tt 3, 4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les homme ; il nous a sauvés. Il l'a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d'actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l'espérance l'héritage de la vie éternelle.

Évangile : Les bergers à la crèche (Lc 2, 15-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. Alléluia. (Lc 2, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu'à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d'y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers.  Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.  Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.


Messe du Jour

1ère lecture : La Bonne Nouvelle (Is 52, 7-10)

Lecture du livre d'Isaïe

Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut, celui qui vient dire à la cité sainte : « Il est roi, ton Dieu ! » Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple, il rachète Jérusalem ! Le Seigneur a montré la force divine de son bras aux yeux de toutes les nations. Et, d'un bout à l'autre de la terre, elles verront le salut de notre Dieu.

Psaume : Ps 97, 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6

R/ La terre entière a vu le Sauveur que Dieu nous donne !

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !

2ème lecture : Le Fils, révélation définitive de Dieu (He 1, 1-6)

Commencement de la lettre aux Hébreux

Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils, qui porte toutes choses par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux ; et il est placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.  En effet, Dieu n'a jamais dit à un ange : Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré. Ou bien encore : Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils.  Au contraire, au moment d'introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui.

Évangile : Le Verbe s'est fait chair (Jn 1, 1-18)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd'hui la lumière a brillé sur la terre. Peuples de l'univers, entrez dans la clarté de Dieu ; venez tous adorer le Seigneur. Alléluia.

Commencement de l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée. Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « Voici celui dont j'ai dit : Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. » Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce : après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître.

© AELF

nativité de antoine gélineau

Homélie pour le jour de Noël

        Cette nuit, nous avons contemplé Dieu qui se fait petit enfant, Dieu qui se fait l’un de nous. Ce matin je voudrais souligner comment nous pouvons rejoindre cet enfant né de Marie, vrai homme et vrai Dieu. Car célébrer Noël, ce n’est pas célébrer un simple anniversaire comme nous le ferions pour la naissance du Bouddha ou de quelque autre grand homme. Eux, ils ont vécu et ne sont plus. Pour Jésus il en est autrement ; ressuscité, il demeure le Vivant qui ne meurt plus et qui nous parle. Lui qui à sa naissance a été déposé dans une mangeoire devient nourriture pour nous les humains à la table eucharistique. Mais comment entendre aujourd’hui sa Parole, comment le rencontrer dans les sacrements, comment le rejoindre dans son Corps que constitue notre humanité et en particulier les pauvres, les malades, les prisonniers, les étrangers ?

        Comment cela se fera-t-il ? demandait Marie avec simplicité au jour de l’Annonciation. Elle reçut cette réponse : l’Esprit Saint te couvrira de son ombre. Aujourd’hui, comme pour Marie la présence du Christ dans son Corps qu’est  l’Église se fait par l’opération de l’Esprit saint. C’est dans l’Esprit Saint que Jésus ressuscité des morts s’est manifesté vivant à ses apôtres. C’est dans l’Esprit Saint qu’il se rend présent dans sa Parole, dans les célébrations liturgiques, dans notre assemblée. Là où est l’Esprit Saint, là est l’Église, là est le Corps du Christ. D’où l’importance dans la liturgie et dans les sacrements de la prière pour invoquer la présence agissante de l’Esprit : c’est ce qu’on appelle la prière d’épiclèse.

        Cette nuit je disais que la fête de Noël est la fête  du Silence de Dieu, je voudrais ce matin l’appeler la fête de la Présence de Dieu dans notre humanité. Si le fait historique de la naissance de Jésus à Bethléem est un évènement daté et passé, le mystère de Dieu prenant visage humain demeure toujours actuel, il demeure éternel. Pour toujours Dieu garde visage humain en son Fils, Jésus. Dieu s’est fait homme pour que nous puissions le rencontrer avec toute notre humanité et dans notre humanité. Ce visage humain du Corps du Christ c’est l’Église. Sous le mot Église nous pensons spontanément au Pape, et aux évêques. Le Concile Vatican II a pourtant renversé cette image et nous invite à penser l’Église comme l’assemblée des croyants solidaire de l’humanité entière. L’Église c’est cette assemblée que nous formons, autour de la Parole de Dieu. Là où deux ou trois se réunissent pour prier, là est l’Église. L’Église, ce sont ces femmes et ces hommes qui témoignent de l’amour et du pardon de Dieu. En vivant de la foi, nous devenons membres de ce Corps du Christ qu’est l’Église. Ainsi la vraie crèche de Noël, celle que nous sommes appelés à édifier jour après jour, c’est celle de nos relations humaines vécues dans la vérité et dans l’amour. Pour annoncer ce mystère inouï de Dieu qui s’est fait homme, nous devons d’abord le vivre, l’incarner, devenir pour les autres un visage de la tendresse et de la miséricorde de Dieu, l’expression de son amour universel pour tous, pour ceux qui nous sont proches comme pour ceux qui nous sont lointains.

        En nous donnant la foi, Dieu nous a confié une mission, celle de faire connaître son amour. Comme Abraham, comme Marie, il nous arrive de dire dans la prière : comment cela se fera-t-il ? Et la réponse sera celle qu’ont entendue tous les prophètes constatant douloureusement leur faiblesse ou leur échec : Je serai avec toi…Je mettrai en vous les paroles que vous aurez à dire. Je vous donnerai mon Esprit… Comme pour Jésus, l’Esprit de Dieu reçu au baptême et à la confirmation repose sur nous : c’est un Esprit de paix, de force, de vérité, de justice et d’amour. En lui nous devenons porteurs de cette paix de Noël qui vient de Dieu et que nous partageons entre nous à chaque eucharistie.

        Homme, reconnais ta grandeur, reconnais ta dignité, disait le pape saint Léon ! Oui, frères et sœurs, soyons conscients de la grandeur du don de Dieu dont nous sommes porteurs. Comme les bergers de Bethléem, comme ces étrangers venus d’Orient, portons à d’autres cette joie, ce Salut de Dieu. Ce mystère est grand mais il n’est autre que celui que nous célébrons dans chaque Eucharistie en communiant au Corps et au Sang du Christ : prenez et mangez, ceci est mon Corps ; prenez et buvez, ceci est mon Sang ! Et nous devenons le Corps du Christ. Il est bon de contempler la crèche mais n’oublions pas la réalité vers laquelle cette crèche nous oriente. La réalité est sur cet autel où le Corps de Dieu nous est livré, nous est donné en nourriture, où il se fait pour nous Présence réelle. La réalité est aussi dans la présence de Dieu cachée au cœur de tout homme. Il nous faut la reconnaître et la révéler à ceux qui l’ignorent. Oui, Dieu Emmanuel, Dieu avec nous est aussi Dieu en chacun de nous aujourd’hui et pour toujours. Vivons de cette Présence.