Homélie - Pâques 3
Homélie pour le 3ème dimanche de Pâques
1ère lecture : Pierre annonce le Christ ressuscité (Ac 2, 14.22b-33) Je regardais le Seigneur sans relâche, s'il est à mon côté, je ne tombe pas. Oui, mon cœur est dans l'allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l'espérance : tu ne peux pas m'abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption. Tu m'as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d'allégresse par ta présence. Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu'il est mort, qu'il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd'hui chez nous. Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants. Il a vu d'avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n'a pas été abandonné à la mort, et sa chair n'a pas connu la corruption. Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l'Esprit Saint qui était promis, et il l'a répandu sur nous : c'est cela que vous voyez et que vous entendez. »
Psaume : Ps 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11 R/ Tu m'as montré, Seigneur, le chemin de la vie Garde-moi, mon Dieu : j'ai fait de toi mon refuge. Je bénis le Seigneur qui me conseille :
2ème lecture : Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens (1P 1, 17-21) Frères, vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d'après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu. Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n'est pas l'or et l'argent, car ils seront détruits ; c'est le sang précieux du Christ, l'Agneau sans défaut et sans tache. Dieu l'avait choisi dès avant la création du monde, et il l'a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers. C'est par lui que vous croyez en Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.
Évangile : Apparition aux disciples d'Emmaüs (Lc 24, 13-35) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ©AELF Homélie
Dans l’évangile que nous venons d’entendre il est question d’une route : « deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs. Jésus lui-même s’approcha et il faisait route avec eux... » Les disciples de Jésus avant de s’appeler chrétiens étaient désignés comme les adeptes de la Voie, de la Voie qui est Jésus lui-même... « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père sans passer par moi. » La route, thème cher à l’évangéliste saint Luc est le lieu privilégié de la rencontre, de la rencontre avec l’autre, avec le tout Autre, lieu privilégié aussi de la conversion et de l’expérience spirituelle, pensons à tant et tant de pèlerins sur la route de Compostelle, de Jérusalem, de Rome...
Cette rencontre a lieu le long de la route qui de Jérusalem allait à Emmaüs. La localité d’Emmaüs n’a pas été identifiée avec certitude. «Il y a différentes hypothèses et ceci n’est pas dépourvu de signification parce que cela nous fait penser qu’Emmaüs représente en réalité chaque lieu : le chemin qui y conduit est le chemin de chaque chrétien, bien plus encore, de chaque homme » (Benoît XVI). Il est intéressant de remarquer que Luc nous donne le nom d’un des disciples : Cléophas, mais pas celui du l’autre. Ceci non plus n’est pas dépourvu de signification. Ce disciple sans nom c’est peut-être : moi, nous...
Sur cette route les deux disciples sont dans une grande tristesse, dans un profond désarroi... « Nous espérions... » L’expérience des deux disciples nous fait penser à notre propre expérience, aux difficultés que nous rencontrons sur le chemin de la foi, comme le souligne l’expression « nous espérions » qui sort des lèvres des deux disciples quand ils sont rejoints par le mystérieux voyageur... «Nous espérions... » Ce verbe au passé dit tout : "nous avons cru, nous avons suivi, nous avons espéré..., mais maintenant tout est fini." Ce drame des disciples d'Emmaüs apparaît comme un miroir de la situation de beaucoup de chrétiens de notre époque. il semble que l'espérance de la foi ait échouée... Les deux disciples croyaient que Jésus avait échoué. A leurs yeux, Jésus avait été vaincu par la mort. L’espérance, comme la foi, s’était éteinte dans leur coeur, elle ne brûlait plus. Ce drame des disciples d’Emmaüs apparaît comme un miroir de la situation de beaucoup de chrétiens de notre époque. Il semble que l’espérance de la foi ait échouée. Cette même foi entre en crise à cause d’expériences négatives qui nous font nous sentir abandonnés du Seigneur. Mais ce chemin pour Emmaüs, sur lequel nous marchons, peut devenir une purification et une maturation de notre croire en Dieu. L’évangile, des disciples d’Emmaüs est une Bonne nouvelle, source de consolation. Le Seigneur se fait toujours notre compagnon de voyage «pour rallumer dans nos coeurs la flamme de la foi et de l’espérance, et rompre le pain de la vie éternelle...» (Benoît XVI) A nous de croire, de poser un acte de foi, de confiance dans la nuit, à nous de nous enraciner dans la promesse de Jésus : « Je suis avec vous pour toujours... » Pensons à Mère Theresa qui pendant 50 ans vécut dans une nuit de la foi totale et pourtant elle resplendissait de lumière. Je pense à la très belle et émouvante prière du bienheureux Newman, qui peut nous aider à tenir dans la nuit... « Guide-moi, douce Lumière dans l’obscurité qui m’entoure. Frères et soeurs, aujourd’hui encore Jésus ressuscité nous rejoint sur nos routes ... « Même aujourd’hui nous pouvons dialoguer avec Jésus, en écoutant sa Parole. Même aujourd’hui, Il rompt le pain pour nous et se donne Lui-même comme notre Pain. Et ainsi la rencontre avec Jésus Ressuscité, qui est possible même aujourd’hui, nous donne une foi plus profonde et authentique, trempée, pour ainsi dire, par le feu de l’événement pascal ; une foi robuste puisqu’elle ne se nourrit pas d’idées humaines, mais de la Parole de Dieu et de sa présence réelle dans l’Eucharistie. » (Benoît XVI) |