Baptême du Seigneur — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Baptême du Seigneur

Par Frère Patrice

Évangile (Lc 3, 15-16.21-22)

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

 

Homélie

Ce matin c’est Jean Baptiste qui nous trace un chemin. Jean-Baptiste, une voix qui crie dans le désert, voix d’un message de salut et non de malheur. Comme beaucoup, il invite à un changement de comportement à un peuple en détresse et  qui est fatigué par toutes les réglementations  (et l’actualité nous en donne un exemple !). Changer…changer ; oui. Mais pas n’importe quel changement : un changement du cœur sous l’action de l’Esprit Saint…seul changement qui peut nous conduire à un monde nouveau et donc à Jésus Christ. Vous le savez Jean Baptiste a été représenté à Colmar en Alsace par le peintre Grünewald avec un bras démesurément tendu pour montrer le Sauveur et s’effacer devant lui.

 Car Jésus lui-même nous en indique la voie : humble, il n’hésite pas à prendre un bain de foule avec les pêcheurs qui viennent trouver Jean-Baptiste pour changer de vie. Jésus descend dans l’eau du Jourdain, plonge dans les bas fonds d e l’humanité, dans les eaux usées du cœur pour y apporter la vie de Dieu. Jésus, l’envoyé du Père, rejoint ainsi le monde des pêcheurs pour lui montrer que Dieu ne l’abandonne pas. Il entre dans les eaux du Jourdain pur de tout péché, il en ressort porteur de tout le péché du monde. Jésus n’arrive pas en surplombant notre humanité ou en la méprisant. Non, il la prend comme elle est ; c’est-à-dire en attente d’un nouveau monde meilleur. Il y a dans cette démarche, je crois, comme il doit y en avoir dans toute démarche du baptême.

Mais au fait, cette démarche: il faut nous souvenir, nous tous qui sommes ici, que nous l’avons faite un jour ou nos parents l’ont faite pour nous. Alors, au lieu de dire « j’ai été baptisé », comme si on voulait apporter la preuve avec des tas de photos, avons-nous le courage et l’audace de dire « je suis baptisé ». Oui, j’ai été baptisé, je ne suis pas un saint, un héros, mais j’ai été et je demeure bouleversé par l’appel de Dieu à le suivre. Avons-nous le courage de prendre au sérieux notre baptême, de l’assumer et d’en faire notre joie ?

Mais ma question  n’est pas valable  en soi! Souvenons-nous de cette voix merveilleuse venue du ciel dont nous parle notre évangile et qui nous dit, oui nous dit à chacun de nous « tu es mon fils bien aimé ; en toi je trouve ma joie ». Combien de fois nous aimerions qu’on nous le répète…ou même qu’on nous l’ait dit, ne serait-ce qu’une seule fois dans notre vie? Et pourtant Dieu ne cesse de nous le répéter.

Alors une autre question nous vient à l’esprit. St Luc nous dit que Jésus, après avoir été baptisé, priait ; et que c’est dans cette prière que Jésus vit le ciel s’ouvrir et une voix lui parler. Vous voyez tout de suite où je veux en venir. Notre statut de baptisé doit nous inciter à prier. Je ne le peux pas, je ne sais pas le faire, je n’y pense pas. Là n’est pas le vrai problème. Le baptême nous fait entrer dans une relation personnelle avec Dieu, et non pas adhérer simplement à des valeurs ou à des idées ! Le Psaume 2 a d’ailleurs ce très beau passage « le seigneur m’a dit, tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ».N’oublions pas que tout comme  cela s’est passé pour Jésus, nous avons été baptisés dans l’Esprit Saint et le Feu. Le Saint Esprit, le grand oublié avant le Concile de Vatican2. C’est pourtant lui qui est au fond de tous nos cœurs et qui attend que nous l’appelions, que nous l’invitions à nous prendre par la main pour prier et suivre le Christ.