Homélie - Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie - Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers

Par Frère Patrice

Évangile

En saint Luc : 23, 35-43)

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Homélie

Quel contraste entre ce qui devrait être une grande fête : celle du Christ-Roi et cet évangile où le Roi est pendu au gibet et entouré de deux brigands !

Quel contraste aussi entre cet enfant qui naît dans une crèche, adoré par des bergers et des mages et qui finira sur un gibet !

Je crois que cette fête nous amène à nous poser la question : quel est le regard de foi que je pose sur les hommes et sur les évènements ?

Les bergers et les mages ont discerné le Verbe de Dieu dans un enfant encore incapable de parler, qu’on allaite, qui est emmailloté dans des langes et couché dans une crèche. Et non seulement ils l’on discerné, mais ils vont lui apporter des cadeaux de qualité, ceux que l’on offre à un roi. Saint Bernard s’écrie d’ailleurs à leur sujet « Voyez combien leur foi était clairvoyante, considérez attentivement quels yeux de lynx elle devait avoir » ! Les bergers et les mages ont discerné le Verbe de Dieu dans un enfant encore incapable de parler : c’est la foi qui prend naissance en eux, sans que l’on sache comment, mais qui les pousse à la mettre en action.

L’évangile de ce jour peut, à sa façon, nous aider à ne pas nous payer de mots et à laisser notre foi parler : voulons-nous vraiment suivre Jésus ? Et ce serait peu de choses de croire que Jésus est Roi de l’univers et centre de l’histoire sans le faire devenir Seigneur de notre vie : tout ceci est vain si nous ne l’accueillons pas personnellement et si nous n’accueillons pas non plus sa manière de régner. Et les personnages que l’Évangile de ce jour nous présente nous y aident.

Autour de la Croix il y a ceux qui rient, qui ricanent ou se moquent, et le peuple qui restait là à regarder. Nous ne sommes pas parmi les premiers sauf, de temps en temps, lorsque nous ricanons ou nous moquons de l’Eglise, sans vouloir reconnaître en elle Le Corps du Xist. Et qui plus est : le corps du Christ qui souffre de tout ce qui se passe dans le monde et dans l’Église ! Un peu comme Judas qui trahit Jésus pour 30 pièces d’argent.

Ne sommes-nous pas tout simplement ce peuple qui hésite ? De quel côté va-t-il pencher en particulier quand il s’agit de témoigner, d’affirmer sa foi ? Va-t-il se mettre du côté de celui qui a dit « pour nous c’est juste après ce que nous avons-fait, nous avons ce que nous méritons, mais lui il n’a rien fait de mal » ? Ou au contraire va-t-il suivre la logique du monde comme le suggère un des deux compagnons de la croix, en descendant de sa croix, en battant ses ennemis, en se sauvant lui-même, ainsi que ses deux compagnons , mais surtout pas les autres (l‘égoïsme est présent, même sur la Croix !) en oubliant que cette tentation est une attaque contre l’amour même dont Jésus veut témoigner jusqu’au bout.

Par contre arrêtons-nous celui que nous appelons le Bon Larron. Il a la « lumière de la Foi » pour reprendre le titre de la première encyclique de notre Pape François. Il ne s’est pas fermé sur lui-même, mais avec ses erreurs, ses péchés et ses ennuis, il s’est adressé à Jésus. Cette lumière de la foi éclaire pour lui la situation du crucifié par la vérité « lui n’a rien fait de mal, contrairement aux apparences ». Quelle puissance d’illumination que la Foi ! Elle réussit à redonner aux choses, aux évènements, aux personnes, leur véritable sens. La foi a la puissance de l’amour de Dieu, une puissance créatrice. Dieu se souvient de nous, dès que nous lui en donnons la possibilité ; il n’a pas la mémoire du péché et il croit qu’il est toujours possible de recommencer, de se relever. Seigneur, souviens-toi de nous quand tu seras dans ton Royaume !