Homélie Pâques - Jour — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Pâques - Jour

¨Par le Père Pascal Desthieux

Frères et sœurs, Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

C’est ainsi que nos frères orientaux se saluent aujourd’hui.

Cela me fait penser à une très belle histoire, véridique :
Nous sommes en pleine époque soviétique. Les campagnes étaient sillonnées par les agents communistes qui propageaient leur idéologie, réunissaient les villageois, organisaient des conférences forcées et des débats contradictoires pour apprendre aux gens que Dieu n’existait pas, que seule la lutte des classes comptait. On raconte qu’un propagandiste particulièrement chevronné et infatigable qui, après deux heures de discours pour expliquer combien le peuple aurait raison de reléguer le christianisme aux obscurités du Moyen Age, avait terminé sa harangue par cette question : « vous avez bien compris ? », à quoi ils répondirent « oui ».
Et le vieux pope du village qui avait pour mission de présenter sa version des faits – dans le but d'être ridiculisé – monta sur l'estrade improvisée et ne dit qu’une seule phrase : « Christ est ressuscité » et l’ensemble des villageois répondit : « Il est vraiment ressuscité ! » Les propagandistes ont pu repartir.

Émotion partagée devant l’incendie de Notre-Dame de Paris

Cette foi, accrochée au cœur et à l’âme, malgré tout, n’est-ce pas ce que nous avons vécu au début de cette Semaine sainte avec l’incendie de Notre-Dame de Paris ? Alors que l’on se dit de moins en moins croyants, il y a eu une émotion, une ferveur qui a saisi tout un pays, et même bien au-delà, un attachement viscéral à ce lieu central de l’histoire, du patrimoine et aussi de la foi.
C’était tellement touchant de voir tous ces jeunes et moins jeunes qui se sont mis spontanément en prière devant la cathédrale en feu, et ont entonné des chants, dans la confiance.

La cathédrale éventrée, c’est un peu comme le tombeau vide.
La croix restée intacte, un signe comme les linges posés à plat.
La cathédrale en feu, c’est aussi comme un symbole de notre Église qui vit un temps de purification, douloureux mais ô combien salutaire.

On peut rester triste devant le tombeau vide et la cathédrale désaffectée,
on peut s’apitoyer sur l’épreuve que vit l’Église, et même s’éloigner et la quitter.
Ou bien, nous pouvons repartir dans l’espérance, parce que le Christ est vivant, qu’il continue de faire vivre son Église de sa vie divine, et que l’essentiel n’est pas dans les murs mais dans la communauté chrétienne qui continue de célébrer et de chanter.

La résurrection, c’est pour aujourd’hui !

Aujourd'hui, dans cette belle église abbatiale de Tamié, nous nous sommes rassemblés pour fêter solennellement la résurrection. Évidemment, si le Christ n’était pas ressuscité, nous ne serions pas là. Ici, il y aurait un grand champ, mais pas de monastère.

Aujourd’hui, vous êtes venus jusqu’ici parce que c’est important, aujourd'hui, que vous puissiez fêter Pâques, et fêter avec nous. Évidemment, si le Christ n’était pas ressuscité, il n’y aurait pas de messe, ni ici ni ailleurs, et le dimanche ne serait même pas un jour férié.

Aujourd’hui. C’est ainsi que commence la prière d’ouverture de cette messe de Pâques : « Aujourd´hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils sur la mort, et nous fêtons sa résurrection. »

« Aujourd’hui » : ce premier mot indique que nous ne fêtons pas seulement un événement du passé : c'est aujourd’hui que cela se passe.

C'est aujourd’hui que Dieu notre Père nous ouvre la vie éternelle par la victoire de son fils sur la mort !
Le Christ n’est pas ressuscité seulement pour lui : par sa victoire sur la mort, il nous ouvre la vie éternelle !
C'est ce qui faisait dire à saint Paul, d’entrée de jeu, dans la lecture que nous avons entendue : « Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ ».

Les deux dates essentielles du chrétien

Le cardinal Danneels, ancien archevêque de Malines-Bruxelles, qui est passé de la mort à la vie le mois passé, disait que pour chaque chrétien, il y a deux dates essentielles, deux dates fondamentales. Lesquelles ?
La première, commune à tous, est celle de la résurrection du Christ que nous célébrons aujourd’hui, car depuis ce jour-là, la mort est vaincue.
La seconde est celle de notre baptême, car depuis ce jour-là, nous participons à la résurrection qui est comme appliquée à nous, activée, avant de ressusciter effectivement et de « paraître avec lui en pleine gloire », comme disait saint Paul.

La résurrection fait de nous des hommes nouveaux

Aujourd´hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils sur la mort. La prière d’ouverture se poursuit ainsi : Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. 

C’est ce que nous pouvons nous souhaiter aujourd'hui : qu’en fêtant la résurrection du Christ, l’Esprit Saint fasse de nous des hommes nouveaux, des femmes nouvelles, que nous laissions derrière nous le « vieil homme », tout ce qui nous entrave, et que le Seigneur ressuscite ce qui est mort, cassé, meurtri, découragé en nous.

Pour être des hommes nouveaux, saint Paul nous invite à « rechercher les réalités d’en haut ». C’est l’invitation du prêtre à chaque messe : « Élevons notre cœur – Nous le tournons vers le Seigneur ».

La fête de ce jour nous redit que nous sommes des hommes et des femmes qui n’allons pas vers le néant, mais qui ressusciterons « avec le Christ dans la lumière de la vie ». Soyons, des témoins joyeux de cette Bonne Nouvelle !

Frères et sœurs, Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !