Homélie Pâques - Nuit — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Pâques - Nuit

Par dom Ginepro

Notre histoire, quelle surprenante histoire ! Comment ne pas être étonnés au même temps par sa fragilité et par sa singularité ? Elle se place, discrètement, dans la grande histoire humaine qui se déploie devant nous et avec nous, tel un rouleau de parchemin qui se déroule en même temps que nos existences. Notre quotidien, parfois réjouissant et parfois beaucoup moins, en fait partie. Devant nous, il y a les hommes, les femmes, qui, comme nous, font, souvent, la sourde oreille devant les évènements d’actualité qui se matérialisent et qui s’imposent, avec son évidence inéluctable, insolente. De belles choses, aussi, mais parfois des malheurs qui nous touchent de près :

- Des scandales autour de nous, parfois chez des personnes que nous estimions au dessus de tout soupçon, dans notre famille, dans notre Eglise, même. Ce que nous avons beaucoup de mal à accepter et parfois ça nous bouleverse.
- Des guerres absurdes, sans fin, pas très loin de chez nous, qui  durent depuis vingt, quarante ans et plus et qui sont à l’origine d’autres évènements douloureux.
- Des déclarations fracassantes de la part de certaines personnalités politiques de qui on s’attendrait plus  d’équilibre et un minimum de retenue, vue la place qu’ils occupent.
- Des catastrophes naturelles, des inondations et des incendies qui, normalement, sembleraient très improbables à une époque où on dispose de tant de moyens et de technologies très poussées. Qui aurait pu imaginer que, de nos jours, Notre Dame de Paris pouvait être ravagée à tel point ? Et pourtant, il suffit de très peu de choses : il suffit d’une panne informatique quelconque dans le système d’alarme. Il suffit de peu pour ébranler nos certitudes. Un petit rien suffit!

L’Histoire s’étale et s’impose devant nous. Elle nous surprend et nous étonne.

Et, dans cette histoire, la nôtre, Jésus ressuscite ; littéralement, il se met debout comme un vivant, lui qui, pourtant, avait été mis au tombeau ; lui, sur qui la mort, notre ultime ennemie avait, une fois de plus, réellement triomphé. Nous revivons, ensemble, cet évènement extraordinaire de sa résurrection. Pour ce Vivant, les aromates apportés par les femmes ne servent plus à rien. Non seulement il se met debout (ou, mieux, il est mis debout par Dieu son Père), mais, par cela même, il met debout chacun de nous.

Pouvons-nous croire à cette Bonne Nouvelle qui est confiée aux trois femmes et qui nous est, par elles, annoncée ? Car, c’est bien cette bonne nouvelle qui nous fait vivre aujourd’hui, qui nous fait espérer, dans nos histoires personnelles, n’est-ce pas ? Ne l’oublions jamais : « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine »

Réfléchissons : l’issue de nos impasses (et chacun de nous en a sa part), n’est pas liée à l’espoir qui nous est annoncé, parfois : « un jour l’homme se sauvera lui-même » ; ou, encore, à l’évasion sur la Lune ou sur Mars. Il n’est pas important non plus de repousser encore un peu la date de notre mort ; c’est bien ce que nous entendons, parfois, répéter. Non. Le salut est dans les mains de Dieu. C’est Jésus ressuscité qui nous donne le dynamisme pour retrouver notre dignité, pour donner du sens à notre vie, pour construire, ensemble, une maison commune.

C’est ainsi que nous est donnée la joie et l’espérance de Pâques. Une joie réelle, bien qu’en partie encore cachée dans les mystères de la foi, de la liturgie, de l’eucharistie, dans le sacrement du frère : Pâques nous est donnée en cette nuit comme une foi présente en quelques signes et comme une espérance d’une réalité présente et à venir.

Jésus ressuscité vit et se fait proche de nous, ses disciples, comme il a été proche de Marie Madeleine et des deux autres femmes. Il est avec nous, en nous. Sa présence est dans l’Esprit, dans sa Grâce, dans ses sacrements, dans sa Parole. Il est, en même temps, invitation à l’attente et à l’engagement.

Si nous sommes habités par ces certitudes, simples, vraies, intérieures, des certitudes capables de nous dynamiser, nous pouvons dire d’avoir rencontré, nous aussi, Jésus sur la route de notre vie.

On peut se poser, tous, une dernière question : Recevons-nous, nous aussi, l’invitation de rencontrer, Jésus Ressuscité ?