Homélie TO 4 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie TO 4

Par Frère Gaël

Frères et sœurs, nous sommes à Nazareth, dans la bourgade où Jésus a vécu jusqu’à 30 ans, connu comme « fils de Joseph », travaillant comme charpentier… Mais voilà, il est parti, laissant tout il y a quelques semaines. Des rumeurs ont circulé : il serait allé près de Jean le Baptiste, se faire baptiser, se serait retiré au désert 40 jours, puis, il y a peu, il était à Capharnaüm, la ville au bord du lac, et là, il a fait beaucoup de miracles… Et voilà qu’il revient à Nazareth ! La nouvelle s’est répandue aussitôt, et ceux qui ne venaient plus à la synagogue arrivent, apportant, qui son fils grabataire, qui sa fille aveugle… Les anciens, qui se réservaient habituellement la lecture et le commentaire, font signe à Jésus de venir devant, et de lire. Le passage d’Isaïe qu’il proclame est vraiment de circonstance : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, aux aveugles qu’ils retrouveront la vue… » Et il ajoute : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture ».

Jésus est rayonnant, et beaucoup se réjouissent à la pensée qu’il va faire devant eux quelques miracles. Les chefs de la synagogue sont moins enthousiastes, çà se voit, car un jour de sabbat, on vient pour écouter la Parole de Dieu, non pour autre chose ! Jésus regarde avec attention les personnes présentes. Il les connaît bien. Tout à coup, il prend un ton sévère, auquel personne ne s’attendait. Il cite deux exemples tirés des Ecritures avec les prophètes Elie et Elisée : Dieu fait du bien aux étrangers, et non à son peuple, car « aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays ».

Jésus a-t-il perdu la tête ? Pourquoi ne fait-il pas de miracle devant sa famille, ses amis, ses voisins ? Ne manque-t-il pas à la charité la plus élémentaire ? à l’amour du prochain ? Saint Paul nous le disait dans la 2e lecture : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu… toute la foi à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » Jésus est face à eux, selon ce que nous entendions dans la 1ère lecture, comme « une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays. » Jésus a conscience de sa mission. Il ne doit pas s’en détourner sous l’influence de ses proches. Il est venu pour « une œuvre merveilleuse, le mystère de sa Pâque »… pour nous, « qui étions esclaves de la mort et du péché »… Il est venu nous appeler à « partager sa gloire » (cf. Préface dim. ord. I). Jésus exerce en fait la plus grande charité envers ses concitoyens, car « l’amour trouve sa joie dans ce qui est vrai… il espère tout, il endure tout. » Jésus les invite à entrer dans « une année favorable », un temps de conversion… La conversion d’un homme n’est-elle pas un miracle plus grand que la création du monde ?

Frères et sœurs, me jetterez-vous des boules de neige à la sortie de la messe si je vous dis cela : cet Evangile nous invite à la conversion, par une persévérante méditation des Ecritures, en demandant la lumière du Saint-Esprit. Ne nous arrêtons pas en route ! Ne nous laissons pas détourner par ce qui brille, attire ou nous révulse… Revenons au Seigneur qui parle au secret du cœur, et nous redit à chacun : « Je t’aime… Marche en ma présence… Ecoute mon Fils, en qui j’ai mis tout mon amour. »