Homélie Ascension — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Ascension

 « Hommes de Galilée, que cherchez vous dans le ciel ? ».

Et nous pourrions paraphraser : « Hommes et femmes de ce temps-ci, d’aujourd’hui, que cherchez vous dans l’univers de votre vie ? ».

Cette question est valable aussi pour chacun/une  de nous. C’est ainsi qu’avec vous, je me demande : sommes-nous des gens qui cherchent, des personnes ouvertes à la nouveauté, à l’inconnu, au mystère ? Et, sur cette lancée, je poursuis : où se situe notre quête, notre attente, notre désir ? J’ose poser cette question parce que nous sommes conscients qu’autour de nous il y en a pour qui la foi est synonyme d’une répétition qui n’engage pas leur liberté ; ils exécutent mais ne cherchent plus.  Et puis, encore, il y en a d’autres, qui négligent la recherche de la foi et qui sont comme ces consommateurs qui remplissent leurs espaces vides par ce que le marché, avec tous ses clignotants, fait miroiter devant leurs yeux. Ils s’en tiennent à ça et ne vont guère plus loin.                       Nous, que cherchons-nous ? Voilà ce qui me semble être une bonne question.

Par l’Ascension Jésus entre dans la joie de son Père. Par son exemple et sa Parole, il nous a enseigné, il nous a appris à vivre, il a beaucoup donné, il est allé jusqu’à donner sa vie. Maintenant, en nous faisant confiance, il nous laisse le champ libre ; « Soyez certains – dit-il - je ne vous abandonne pas, et, même,  je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ; mais corporellement,  il est mieux que je m’en aille »; dans un certain sens, il nous dit : « à vous maintenant ! Je reviendrai,  je vous le promets, mais c’est à vous de faire fructifier le talent que je pose dans vos mains. J’ai confiance en vous. Je ne vous promets pas une existence sans problèmes et sans  luttes. D’ailleurs, vous le savez bien, moi aussi j’ai dû passer par là… A vous, par mon Esprit,  d’être les témoins de la nouveauté formidable que je vous ai transmise, que je vous ai fait connaître, d’être les témoins de la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ».

Le mystère de l’Ascension est difficile à exprimer. Et heureusement. Comme tant d’autres réalités humaines nous avons du mal à en parler et à en faire le tour, car elles sont insaisissables et inépuisables : tout cela nous dépasse. La vie, l’amour, l’amitié, l’inspiration, la beauté. Jésus ressuscité est en plein dans cette dimension, mais il n’est pas pour autant moins réel : il a invité ses amis, les apôtres, à toucher ses blessures pour qu’ils puissent constater les traces de sa passion et de son humanité.

C’est, aussi, ce qu’il a dit à Marie Madeleine le jour de sa résurrection, dans le jardin devant le tombeau vide : « Je monte chez mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu ». En faisant ce qu’il fait, en allant vers le Père, Jésus révèle notre propre mystère et nous oriente vers l’espérance. Nous ne sommes pas faits pour rester indéfiniment dans cet état dans lequel nous vivons maintenant. Nous ne sommes pas non plus faits pour conquérir le salut. C’est ainsi que pensent ce qui s’imaginent que, par l’effort humain, la recherche, la technologie, un jour l’homme arrivera à bout de tout, à triompher, même à vaincre la mort et qu’il deviendra lui aussi « comme Dieu ».

Non ! L’espérance chrétienne nous invite à croire que nous serons sauvés par Dieu ; alors que nous étions morts à cause de nos fautes, Dieu, par son Fils, nous a révélé son amour et il nous a conduits à lui. Nous arriverons au salut non pas tous seuls, non pas contre lui, non pas en dehors de lui, mais par lui, selon sa promesse qui se révèlera pleinement quand Jésus reviendra dans sa gloire.

Nous sommes bien les hommes et les femmes qui regardent en haut, mais, ensemble, nous sommes ceux qui demandent de bien reconnaître les signes du Ressuscité qui agit en nous, par nous et autour de nous.

Par cette eucharistie que nous célébrons ensemble, ouvrons-nous à la promesse di Christ qui nous assure d’envoyer le Consolateur et qui reviendra, glorieux, pour nous partager sa joie.