Homélie Pâques 4C — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Pâques 4C

¨Par Frère Patrice

Un évangile on ne peut plus court, mais qui dit tout : de Jésus, de sa relation avec son Père et aussi et (surtout !) de sa relation avec nous !

Jésus le Bon Pasteur ou Le Berger !

Qu'est-ce qui me touche ou me parle le plus dans ce court passage de l'Evangile de St Jean ?

C'est probablement la relation ! La relation que nous sommes appelés à avoir avec Jésus, ou peut-être plutôt la relation qu'il souhaite avoir avec nous...à l'image de la relation que Jésus a avec Dieu son Père.

Peut-être n'avez-vous jamais eu l'occasion de voir un berger ou un vacher travailler avec son troupeau. C'est bien dommage en un certain sens !

Le berger parle à ses brebis : c'est stupéfiant de voir combien elles reconnaissent sa voix, combien elles sont stimulées par son sifflet ou par ses appels, ses cris stridents. Parfois le berger se met en colère contre l'une ou l'autre récalcitrante à son appel...et elle comprend très bien au son de sa voix qu'il faut reprendre le droit chemin. Il en va de même pour nous tous : Dieu nous parle, Dieu nous appelle, Dieu nous met en garde. Mais savons-nous l'entendre ou voulons-nous l'entendre, savons-nous reconnaitre sa voix ou faisons-nous la sourde oreille ? Acceptons-nous d'entrer dans la relation que Dieu nous propose ?

Et pourtant le berger est aussi celui qui se préoccupe, qui prend le temps de connaitre, qui répond aux besoins spécifiques d'une personne à la fois : Marie-Madelaine, Zachée, la Cananéenne, le Bon Larron, le paralytique, la samaritaine, le Lépreux, Nicodème, l'aveugle de Jéricho. Chacun de ceux-là a su écouter la parole que Jésus leur adressait. Mais au delà de cette voix, ils ont su reconnaitre que quelqu'un voulait les arracher à un chemin de mort et les mener sur un chemin de vie éternelle. Il en va de même pour chacun de nous qui avons peur de nous laisser appeler et mener par Dieu qui veut nous sortir de nos ornières dont nous ne mesurons pas l'amplitude.

En fait, reconnaissons-le humblement au fond de nos coeurs : ne cherchons-nous pas, tous autant que nous sommes, quelqu'un qui veille sur nous, qui nous comprend, qui nous respecte ? Mais en revanche, sommes-nous prêts à accepter son intrusion dans nos vies ? Parfois nous sommes de vrais bêtes sauvages qui ne veulent pas se laisser apprivoiser !

D'ailleurs, notez-le. Les disciples ne sont pas préservés du monde. Il s ne forment pas une communauté-refuge, un « nid » bien chaud, un enclos où les brebis s'abriteraient de loups. Jésus ne demande pas à son Père d'ôter ses disciples du monde, mais de les garder du mauvais. « Ayez confiance, j'ai vaincu le monde ».

Pour terminer je voudrais vous dire combien tout ce que j'ai pu vous dire se résume dans un psaume magnifique : le psaume 138 (ou 139 selon les psautiers). En quelques versets, le psalmiste dit à Dieu :

Seigneur c'est toi qui m'as formé dans le sein de ma mère et je te loue de ce que je suis une créature merveilleuse. Tu m'as formé, tel que je suis : alors pourquoi me désoler de mes travers, de mes manques ; tu me prends comme je suis tout comme le berger prend ses brebis comme elles sont

Tu sais quand je m'assieds ou me lève, quand je marche ou me couche ; car tu m'enserres par derrière ou par devant. Oui Dieu ne nous quitte jamais : il est toujours à nos côté.

Le Père Teilhard de Chardin a eu cette expression merveilleuse qui résume tout ce que je viens de vous dire « J'éprouve presque physiquement que Dieu me prend, m'enserre de plus près, comme si le chemin disparaissant en avant, et les hommes à côté s'évanouissant, DIEU SEUL était devant et autour, s'épaississant à mesure qu'on avance, si j'ose dire ».

Alors Seigneur, conduis-moi sur le chemin d'éternité !