Homélie les saints Pierre et Paul
- Comme tout être humain, Pierre est un mélange fort complexe d’ombre et de lumière. A la question de Jésus : « Pour vous, qui suis-je ? », il répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Saint Matthieu précise que c’est par une révélation du Père que Pierre a pu reconnaître le Christ dans cet homme, Jésus de Nazareth. Encore a-t-il fallu que Pierre soit ouvert et accueillant, à l’écoute du Père, pour être capable prononcer ces mots. C’est le côté lumière de l’apôtre.
Et puis, juste après, quand Jésus annonce sa passion et sa mort, Pierre se cabre. Cela ne correspond pas à l’idée très temporelle qu’il se fait du Messie. A ses yeux, c’est Jésus, le Maître, qui se trompe. Du coup, il lui fait « de vifs reproches ». Jésus, alors, le remet vertement à sa place : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Voilà que, cette fois, Pierre se ferme, n’écoute plus le Père. C’est le côté ombre de l’apôtre.
Pierre restera toujours le même. Nous connaissons bien ses déclarations de fidélité inconditionnelle, suivies, quelques heures après, par son triple reniement. Après la Pentecôte, il aura encore la même attitude. Paul nous rapporte, dans sa lettre aux Galates (2, 11-14), que Pierre, à Antioche, n’hésitait pas à manger avec les païens convertis à Jésus, ce qu’un bon juif ne pouvait admettre. Or, voici que « des gens de l’entourage de Jacques » arrivent. Pierre prend peur : ils vont le contester. Alors il se dérobe et se retire. Paul se fâche tout rouge et accuse Pierre d’être un dissimulateur et d’entraîner d’autres disciples, et Barnabé lui-même, dans sa dissimulation. Toujours ce mélange d’ombre et de lumière dans l’apôtre !
A travers Pierre, nous voyons comment Dieu agit. Jésus a choisi Pierre pour qu’il soit le responsable et le serviteur de l’unité des disciples. Il lui a fait une confiance encore plus grande après son reniement. Et Jésus ne change pas sa manière de faire. Il continue de choisir et d’envoyer des disciples pour qu’ils soient des pasteurs au service de l’unité de la communauté, des pasteurs qui prolongent l’action de l’unique Pasteur. Mais ces hommes gardent leur côté lumière et leur côté ombre. Paul dira que Dieu confie son trésor à des vases d’argile (2 Co 4, 7) « pour que votre foi repose, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2, 5) Malgré les limites et même les défaillances des pasteurs, l’Esprit Saint continue d’animer l’Église et de faire grandir le Royaume. Qu’il affermisse notre foi et notre espérance, amen !