Homélie St Benoit — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie St Benoit

Dom Ginepro

Nous sommes tous bien d’accord : nous sommes constamment en mouvement, en chemin. Or, il nous est dit : « … Sur votre route proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche, il est là ». C’est notre mission itinérante : proclamer le Royaume, qui est là, malgré tout…

Et c’est bien ce que nous voulons faire ensemble, en communauté ; c’est notre vraie raison d’être. Nous sommes venus ici, tout d’abord, pour répondre à un appel personnel, et dans la mesure où nous répondons à cette voix-là - le mieux que nous pouvons - chacun de nous et notre communauté trouve sa raison d’être ; c’est pour cela que nous avons même le devoir de fêter la communauté. Il faut s’entendre : c’est une question de reconnaissance vis-à-vis du Seigneur.

Nous venons de lire que Jésus nous demande de proclamer le Royaume des Cieux ; non pas de construire le Royaume (un frère me le faisait remarquer) mais de le proclamer.

Du coup, je me demande :

Guérissons-nous les malades ?
Ressuscitons-nous les morts ?
Purifions-nous des lépreux ?
Expulsons-nous des démons ?

C’est cela que nous demande le Seigneur !

Est-ce, peut-être, de la présomption de ma part, mais, avec la grâce de Dieu, je crois… que oui ; que oui ! Car nous le savons bien : il n’y a pas que la mort « physique », que les lèpres « visibles » ou les démons qui s’échappent « en hurlant ». Non. Dans la mesure où il y a un vrai engagement de notre part, et que nous restons en tenue de service, tout en restant dans l’humble modestie du quotidien, nous proclamons, nous annonçons que le Royaume des Cieux est là. Il y en a bien, autour de nous, qui ressuscitent, qui guérissent, qui sont purifiés ! Et nous d’abord.

Je suis d’accord avec vous : il ne faut pas se monter la tête ni s’absoudre trop vite, c’est vrai. Mais il faut aussi avoir le courage, oui, je dis bien le courage de discerner la grâce de Dieu qui agit en nous par le fait même que nous formons une communauté et que nous avons la possibilité de donner à notre tour ce que nous avons reçu.

C’est bien dans cette page (que nous venons de lire) que j’ai retrouvé une perle, une des plus belles paroles – à mon avis - de l’Evangile selon St. Matthieu, un vrai cadeau pour chacun de nous. Je cite à nouveau : « … vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». Il me semble que ce n’est qu’en St. Matthieu que nous retrouvons cette invitation du Seigneur.

***

Et je m’adresse plus particulièrement à nos hôtes : sans entrer trop dans les détails, nous, frères de Tamiémù, réfléchissons, en ce moment (et depuis quelques mois), à ce que nous faisons ici, à ce qu’il nous faut modifier, corriger dans notre mode de vie. A propos de l’accueil, l’un d’entre nous a eu cette belle réflexion qui conjugue et actualise l’invitation de Jésus.

Ce frère disait : « du fait que j’ai été reçu, accueilli moi-même en venant ici, il me semble juste de le faire maintenant, moi, vis-à-vis des autres ». C’est vrai. Dans ma tête, cela fait écho au : « … vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne trouvez-vous pas ?

Entendons-nous : quand je dis de donner gratuitement, il ne s’agit pas d’avoir les mains trouées, de gaspiller les biens de l’abbaye ni de jeter nos perles aux pourceaux. Bien sûr que non. Mais avouons-le, qu’avons-nous, frères et sœurs, que nous n’avons reçu des autres ? Quel droit aurions-nous d’entasser et de retenir… ?

En cette fête de communauté, nous qui la formons n’arrêtons pas de rendre grâce pour ce que les autres nous ont transmis et que nous continuons à recevoir chaque jour et, par conséquent, n’arrêtons pas de donner à notre tour.

Voilà, je crois, la meilleure manière de fêter la communauté que nous formons. Bonne fête à chacun.