Homélie Pâques 2 — Abbaye de Tamié

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Abbaye de Tamié

Homélie Pâques 2

Par Frère Patrice

L’évangile de ce jour est très riche en évènements, et d’ailleurs comment ne le serait-il pas au vu de tout ce qui nous est rapporté. Alors il me faut me résoudre à en éliminer beaucoup et à m’attacher à un seul.

Thomas est invité à mettre sa main dans le côté de Jésus et s’exclame !

Tout d’abord Thomas est invité à toucher et à mettre sa main  dans le côté du Xist. On a tellement l’habitude de lire ce passage, que cela nous semble presque normal. Et bien non, et il faut s’y arrêter. Oui car il est extrêmement rare que Jésus se laisse toucher…alors que très fréquemment il touche ceux qui l’approchent ! La preuve : Marie de Magdala qui est la première à voir Jésus ressuscité et qui veut toucher le Xist, s’entend dire « ne me touche pas » « noli me tangere ».  A noter d’ailleurs qu’il faudrait plutôt traduire « tu ne peux pas me toucher ». Et pourtant elle aurait bien dû avoir la primeur, avec tout ce qu’elle avait fait pour Jésus.

Mais une femme avait touché Jésus, pas directement ; elle avait profité d’un grand bain de foule pour toucher clandestinement le manteau de Jésus, espérant par là être guérie. Et vous vous rappelez l’insistance de Jésus : quelqu’un m’a touché….mais non Seigneur, il y a une telle foule…non quelqu’un m’a touché. Elle aurait  pu demander la permission ; mais non. Ici toucher prend la place d’une parole impossible pour cette femme.

Et ce matin c’est Thomas qui veut toucher ! A quoi bon toucher puisque les disciples lui affirment qu’ils ont vu Jésus et qu’il leur a même parlé. Mais ont-ils vraiment vu Jésus vivant, n’ont-ils pas rêvé ? Alors Thomas va demander à toucher les plaies de Jésus, les plaies qui sont comme ces cicatrices qui laissent des traces dans le corps et qui nous disent que nous n’avons pas rêvé. Thomas demande à toucher, il veut faire dépendre sa foi d’une expérience personnelle. Comme cela peut nous arriver à nous-mêmes qui désirons faire une expérience avant de nous jeter tête première dans une aventure.

Saint-Augustin fait cette très belle réflexion. Il nous dit « Toucher c’est croire c’est s’approcher par la foi ». On ne peut s’approcher pour toucher que si on a la foi. Marie de Magdala, qui s’était entendu dire « ne me touche pas », n’avait pas une démarche de foi ; elle voulait toucher  Jésus tout comme on veut donner un signe corporel à quelqu’un que l’on est heureux de rencontrer. Au contraire, la femme qui avait touché subrepticement le manteau de Jésus avait la foi. Une démarche de foi qui lui donnait de croire avec certitude que Jésus pouvait la guérir de son mal.

Thomas touche pour croire. Et St Augustin nous dit que c’est par la foi que nous touchons Jésus, et qu’il vaut mieux de ne pas  le toucher  de la main, mais le toucher par la foi.

Alors nous pouvons peut-être mieux comprendre cette exclamation qui sort de la bouche de Thomas « mon Seigneur et mon Dieu ». Thomas touche un homme et reconnait un Dieu, il touche la chair et son regard s’élève jusqu’au Verbe, parce que le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Thomas a pris conscience que celui qu’il avait côtoyé avant sa mort et sa résurrection est le Fils de Dieu, que c’est Jésus qui est le Christ. Je crois que nous touchons là l’essentiel de l’évangile. Nous amener progressivement à reconnaître que Jésus, le Christ, est vraiment Dieu. Regardez la finale de l’évangile de St Matthieu 27,54 : le centurion au vu de ce qui se produisait à Jérusalem ne peut s’empêcher de proclamer « vraiment cet homme était fils de Dieu ». C’est d’ailleurs ce que nous dit St Jean dans les dernières lignes de son Evangile « ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que c’est Jésus qui est le Christ le Fils de Dieu ».